Elles ont 40 ans ou plus et n’y croyaient plus. Le bonheur est pourtant arrivé, alors qu’elles ne l’attendaient pas. Témoignages.
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L’espoir de vivre un conte de fée s’est étiolé avec les années. Azza, longtemps, a cru qu’elle finirait ses jours seule. « Je me suis mariée une première fois à l’âge de 20 ans, avec un homme qui m’a fait vivre l’enfer, raconte-t-elle du haut de ses 47 ans. Il était possessif et jaloux, violent et alcoolique. Je l’ai quitté, même si nous avions eu une fille. J’ai rencontré mon deuxième mari quelques années plus tard ; l’homme idéal a priori. On s’est très vite marié et on a eu un enfant, puis j’ai découvert qu’il me trompait… J’étais anéantie, je ne faisais plus confiance aux hommes du tout. J’ai tiré un trait dessus, bien déterminée à mener une vie de mère célibataire. Je suis une bonne vivante et j’ai plein d’amis, heureusement. » Dalila, elle, n’a jamais cru qu’elle pourrait vivre une véritable histoire d’amour. Elle est mariée à l’âge de 18 ans à un homme que ses parents ont choisi. Cinq enfants sont nés de cette union, jamais aucun sentiment toutefois. « Je pensais que toute ma vie allait passer comme ça, avec lui. Je ne l’aimais pas, même si tout se passait plutôt bien : je ne voyais pas de raison de changer les choses. Et puis ma famille, très traditionnelle, aurait très mal accepté un divorce. J’étais comme conditionnée : l’amour passionnel n’existait que dans les films. Notre relation a fini par se dégrader, il s’est mis à boire… On s’est séparé. »
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La passion avant tout
Karima, aussi, connaît bien ce sentiment. Mariée pendant 20 ans, elle doutait pouvoir jamais retrouver l’amour. Elle a pourtant fait une rencontre sur Internet, quelques mois à peine après son divorce. Un amour fou qui est arrivé très vite, malgré une différence d’âge importante : « Il est mon cadet de 10 ans, précise-t-elle. Je vais dire la vérité : ça me gênait au début, j’en avais honte. Je m’en moque désormais, car je l’aime comme je n’ai jamais aimé. Lui m’aime aussi. Qu’importe si les gens nous jugent. J’ai des papillons dans le ventre chaque fois que je lui parle. Il me fait rire, me donne confiance en moi ; c’est l’homme parfait. Notre relation est restée longtemps secrète, pour plein de raisons. J’avais peur du regard des gens. Je craignais surtout la réaction de mes enfants. Je leur ai annoncé quand il a fait sa demande en mariage. Ils l’ont très mal pris, au point de couper les ponts avec moi. J’en souffre énormément aujourd’hui. » L’annonce aux enfants, une épreuve compliquée pour Azza également. Mais la quadragénaire était prête à prendre tous les risques pour vivre pleinement son amour : « Je l’ai rencontré en Tunisie, alors que j’y passais mes vacances. Je pensais que notre relation ne durerait pas, mais il a fait tomber toutes mes barrières. On est resté en contact, jusqu’à parler mariage au bout de quelques mois. Mes enfants n’étaient pas enchantés, ils ont accepté toutefois. On a juste célébré le mariage religieux et j’ai fait des allers-retours entre la France et la Tunisie pour le voir. On a voulu se marier civilement, afin qu’il me rejoigne. Une décision que mes enfants n’ont pas du tout accepté, mais le mariage a bien eu lieu : c’était ma vie après tout. La cérémonie s’est déroulée en leur absence. Ils sont toujours en désaccord, mais on a su parler et faire la paix depuis. »
Un second élan…
Dalila a rencontré son prince charmant sur son lieu de travail, quelques mois après son divorce. Cette nouvelle relation, la seconde, lui semblait pourtant être la première en tout. Dalila parle elle-même de sa « première histoire d’amour ». Or rien ne la prédestinait à cet homme, en tout point son opposé : « Nous n’avions ni les mêmes origines, ni la même religion, ni le même mode de vie, se souvient-elle. Mais il m’a regardée comme personne ne l’avait jamais fait. Je suis d’abord restée complètement fermée à ses avances. Il a pris le temps, été aux petits soins : j’ai fini par être séduite. Nos différences se sont envolées. Je ne voyais que l’amour qu’il me portait. Je suis tombée folle amoureuse, prête à tout ; quitte à me mettre mes parents à dos. Il était hors de question que quelqu’un décide à ma place de ce que serait la seconde moitié de ma vie. J’étais prête à me battre pour ce que je voulais, pour la première fois de ma vie. » Dalila a pris une revanche sur le combat qu’elle n’a pas mené, lorsque ses parents lui ont imposé son premier mari. « Une fois, mais pas deux !, affirme-t-elle. J’ai eu la force d’imposer mes choix. Je ne parle pas de victoire, car mes parents ont coupé les ponts. Mais je n’ai plus le temps, ni l’envie de vivre pour les autres. J’ai passé la moitié de ma vie à me soucier de ce que voulait mes parents, de ce qui était le mieux pour mes enfants, de ce dirait les gens… Cette époque est révolue. Et puis, je ne vis pas une amourette d’adolescente ; à mon âge, je sais ce que je fais. »
… la maturité en plus
Il est bien plus facile d’accepter l’autre comme il est lorsque l’on a 40 ans en effet. Il est surtout plus facile de s’accepter, de se connaître et de savoir ce que l’on veut. L’âge et l’expérience offrent un point de vue plus réaliste sur la vie. Ils facilitent la gestion des périodes de crises et les disputes. Bref, autant d’éléments qui contribuent à souder un couple. Le troisième mariage de Azza en témoigne, tant il ne ressemble à aucun des deux autres : « Lorsque j’avais 20 ans, je réagissais au quart de tour et mon agressivité était permanente, conclut-elle. Aujourd’hui, on discute : on se dit clairement ce qui ne va pas et on s’écoute. Ça paraît tout bête, mais ça change tout. Un autre point renforce notre couple : chacun cultive une vie en dehors de notre intimité. Je vois mes copines, lui ses collègues : on n’est pas tout le temps collé. » Même si ces femmes pensaient l’avoir trouvé, le prince charmant s’est fait attendre. Le grand amour, le vrai, a finalement surgi une fois qu’elles ont passé l’âge de 40 ans. La traversée du désert fut longue et solitaire, mais elles ont trouvé le bonheur de manière inopinée. Peut-être ont-elles appris en vieillissant qu’elles étaient seules responsables de leur bonheur, aussi que l’autre n’était que le partenaire de ce bonheur.
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