Pendant le Ramadan l’appétit vient en jeûnant. La faim, la sensation perpétuelle de manque, le sentiment de devoir avoir une table très bien garnie pour faire comme tout le monde… Beaucoup de personnes se laissent gagner par la fièvre acheteuse. Ainsi, ce mois béni ou la restriction est de mise, devient un peu celui de quelques excès.
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Le Ramadan est le mois de la tempérance, de la parcimonie. La satisfaction de ce que nous possédons est vivement recommandée. On dit d’ailleurs, que la « Baraka » se trouve toujours dans les petites quantités. Cependant, comment résister à tous ces produits qui nous font de l’œil au supermarché ? Comment ne pas être tenté dans une atmosphère où le consumérisme est roi ? Souvent, au lieu de retourner à la maison avec l’essentiel, nous rentrons avec des produits dont nous ne savons pas toujours que faire, une fois le jeûne rompu. En réalité, bien souvent le soir venue, nous nous contentons de ne manger que le strict minimum, tant nous sommes vite rassasiés. Certains produits et denrées finissent parfois à la poubelle et engendrent de ce fait du gâchis. Une chose prohibée par l’Islam. Malgré leurs efforts, il est alors difficile pour certains de retenir leur « nafs », (âme) et de résister à la tentation des achats compulsifs.
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Se rassurer de ne manquer de rien
Le sentiment d’avoir constamment besoin d’acheter est très fort chez certains durant le Ramadan. Nessrine, 33 ans est une jeune femme qui aime se préparer à l’avance pour accueillir le mois sacré. « Je prépare l’arrivée du Ramadan longtemps à l’avance. Une habitude que j’ai gardée de l’époque où je vivais en Algérie. Là-bas, tout le monde fait ses courses en avance, même si les prix flambent à ce moment-là. J’ai aussi pour coutume d’acheter de nouvelles assiettes chaque année et parfois, même du matériel électroménager. Chez nous, le fait d’équiper sa maison de nouveaux produits avant la venue du Ramadan est aussi de bon augure. L’an dernier, j’ai voulu mêler l’utile à l’agréable, j’ai alors décidé d’acquérir une balance alimentaire connectée qui m’indique le nombre de calories, et tous les bienfaits que chaque aliment m’apporte. Elle m’a beaucoup servi pour manger sainement avec le bon dosage. J’entasse les ustensiles dans les placards et j’ai toujours des restes dans le frigo. Un gâchis que ne tolère pas mon mari. J’ai besoin de me rassurer de ne manquer de rien et cela dès le premier jour. Le problème et que j’achète trop et nous consommons peu. Pourtant, je ne parviens pas à me limiter», confie la jeune femme.
Profiter pleinement des produits destinés au Ramadan
Nous nous privons de tout durant le Ramadan. Cependant, il existe des produits dont on ne peut pas se passer et réaliser exclusivement pour l’occasion. Finalement, nous succombons à la gourmandise comme Aziz, 37 ans. « En temps normal, j‘ai pour habitude d’acheter des petites choses à grignoter, mais ces rituels s’amplifient pendant le mois sacré. Je vais à Barbès, comme le faisait mon père, tous les deux jours acheter du pain traditionnel, de la zelabia, des kalb elouz, des m’hadjeb… Sans ces produits j’ai l’impression que cette période perd de sa saveur, de son charme. Je dépense beaucoup, mais je dois dire que j’invite ma famille et mes proches. Ainsi, je fais de bonnes actions et je ne jette rien, car cela n’aurait aucun sens ni économiquement et encore moins spirituellement. Ma femme aussi de son côté, contribue aux dépenses. Elle écume les marchés pour trouver les meilleurs épices, et herbes pour parfumer les bons plats qu’elle prépare. Elle déborde d’imagination et nous concocte de bons petits plats, qui nécessitent de renouveler en permanence les stocks de viande, de légumes… Le seul problème c’est que nous ne parvenons jamais à terminer ce qu’elle fait même si c’est délicieux. C’est difficile pour nous de nous contenir de nous satisfaire que de choses essentielles. Chaque année nous nous promettons d’acheter que le strict nécessaire, mais il n’est pas évident de résister à la tentation d’avoir une table bien remplie », explique Aziz 37 ans.
Se faire du bien au moral
Parfois, succomber à la frustration devient, alors plus simple que suivre les préceptes de retenue prescrits par l’Islam. Narimane, 23 ans a besoin d’acheter en permanence. Elle trouve du réconfort dans cette manière d’agir. « Pendant le Ramadan, nous réduisons nos repas de la journée pour les concentrer sur une partie de la nuit. Aussi, pour moi il est nécessaire de se faire plaisir. Je ne peux pas concevoir manger un plat banal. Il faudrait presque que chaque soir nous puissions déguster des mets différents. Alors, je n’hésite pas à aider ma mère à élaborer et expérimenter de nouvelles recettes. Il y’a toujours un moment de la journée où la faim se fait fortement ressentir. Pour ma part, elle est très présente aux alentours de 17h30, l’heure à laquelle je finis le travail. Je passe directement au magasin. C’est une sorte d’occupation, pour combler un vide. Au départ, je m’y rends pour acheter du pain, de l’huile ou encore des feuilles de briques et finalement, je repars avec des pâtisseries, des glaces, des boissons et même des bonbons. A la rupture du jeûne, je finis par manger une chorba, deux ou trois briques, accompagnés parfois d’une salade. Ce que j’ai acheté s’entasse dans les placards ou le frigo. Je suis vite écœuré par la nourriture. Bien que je tente de partager avec mes frères et sœurs, tout le monde est vite rassasié. Ces achats me réconfortent moralement, plus qu’ils ne me satisfont réellement physiquement », confie la jeune femme.
Le Ramadan est censé être un mois de privation. Chacun doit se contenter de peu et pourtant, c’est souvent pendant cette période que certaines personnes achètent et consomment à outrance.
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