Dans les relations de couple, la religion peut très bien être source d’épanouissement lorsque les deux êtres souhaitent aller dans un sens commun. En revanche, la situation se corse quand la manière de l’aborder est différente. Des discordes et des tensions peuvent alors naître.
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Aujourd’hui, nous pouvons être musulmans sans pour autant avoir le même degré de foi. Si certains appliquent les préceptes religieux à la lettre, d’autres dérogent parfois à quelques règles. La religion est un choix personnel et, même s’ils le savent, certains couples aimeraient pourtant que leur bien-aimé(e) suive le même chemin ou ait le même degré de savoir qu’eux. Pourtant, chacun a le droit de pratiquer différemment de l’autre, soit de manière intensive, soit de façon plus soft.
IL PRATIQUE, MAIS NE FAIT PAS LA PRIÈRE
Parmi les cinq piliers de l’islam figure en premier lieu la prière. Si elle peut être une évidence pour bon nombre de musulmans, d’autres attendent le « bon moment » pour la commencer. Djamila se décrit comme pratiquante. En revanche, son mari, qui jeûne le mois de ramadan, ne parvient pas encore à s’adonner entièrement au rituel de la prière. « Il ne réussit pas à faire tous les jours ses prières à l’heure, à mon grand désarroi. Il travaille toute la journée et il n’a pas la possibilité de toutes les réaliser. Aussi, lorsqu’il rentre, le fait de devoir toutes les rattraper le décourage complètement. Pour ma part, je la pratique depuis des années, et ne l’ai pas arrêtée depuis. Je tente de le motiver et, lorsque je crois qu’il l’est assez pour ne pas l’arrêter, tout à coup, il connaît une très grande baisse de foi. Cette situation engendre des grosses crises chez nous. Je ne comprends pas pourquoi il peut être aussi faible et comment il peut céder à sheitan aussi vite. Il m’explique pourtant avoir du mal à concilier sa vie quotidienne avec ses prières. J’espère qu’Allah le guidera et qu’il lui procurera le déclic pour enfin s’intéresser pleinement au dine. Même si je l’aime de tout mon être, j’ai parfois l’impression que nous n’allons pas dans le même sens. Avant de l’épouser, je ne pensais pas que les questions de pratiques religieuses pourraient autant nous diviser. »
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J’AI TROUVÉ UN MODÈLE EN LUI
Comme dans de nombreux domaines, en matière de religion, chacun son rythme. Rania, 28 ans, est pratiquante. Elle fait la prière, s’intéresse de près à l’histoire des prophètes et aux préceptes qu’ils nous ont livrés… Elle reconnaît que son mari l’a aidée. « Mon homme est quelqu’un de très sage. Il m’a transmis l’envie de prier, de donner la zakat, d’œuvrer sur le sentier d’Allah avec ferveur… Il ne m’a jamais forcée. Au contraire, il m’a servi d’exemple dans ses bonnes œuvres et son comportement juste. Je suis fière et heureuse de l’avoir épousé, car je sais que je vais avancer dans le droit chemin, avec lui, inch Allah. J’ai trouvé un modèle en lui. Je l’envie, mais ne lui veux aucun mal, pour sa bonté naturelle et sa quête de connaissance. Malheureusement, je ne suis pas aussi assidue que lui dans chaque action que je réalise. Je n’ai pas atteint son degré de foi. Dans la difficulté, il reste patient et calme. Il sait parler aux gens, même lorsqu’ils sont agressifs. Il m’épate ! Moi, au contraire, je reste toujours sur la défensive, si quelqu’un m’attaque, par exemple. Il me dit souvent, “tu sais, nous ne sommes pas aimés, il faut essayer de montrer le meilleur de nous, même si nous n’avons rien à prouver à l’être humain, nous devons toujours avoir un bon comportement et réaliser tous nos actes pour plaire à Dieu. L’amour pour le Divin passe d’abord par sa création et l’être humain en fait partie. Pour être en harmonie religieuse, il faut absolument pouvoir se remettre en question dans ses relations humaines”. »
TROP STRICTE DANS SA PRATIQUE
Marwa, 32 ans, a épousé un homme qu’elle aime beaucoup mais qui est trop rigoureux dans sa pratique, à son goût. « Je suis musulmane, mais je ne pratique pas beaucoup. Je ne fais pas la prière, par exemple. Il m’arrive de rater des journées de jeûne parce que je n’ai pas assez de courage ou simplement de foi, selon mon époux. Parfois, j’ai honte, mais je me dis que je n’ai aucun compte à rendre à personne, si ce n’est à Allah. Mon mari ne comprend pas que je ne fasse pas la salât, par exemple. Il m’explique qu’ainsi, je me rapprocherais de Dieu, qu’il me guiderait et faciliterait ma quête de spiritualité. Je reconnais avoir un défaut, j’aime prendre mon temps pour chaque chose et même lorsque je souhaite améliorer ma pratique. Je trouve toujours plein d’excuses, comme il faut que j’arrête de fumer, il faudrait que je sorte moins avec mes amies… Je remets tout au lendemain et, même si je prends de bonnes résolutions, il y a toujours quelque chose qui m’empêche de les exécuter. Mon homme trouve que j’exagère et me dit : “au lieu de passer trois heures à te lisser les cheveux, tu pourrais au moins te renseigner sur les bienfaits de la prière”. Ses paroles me blessent, car j’ai l’impression de ne pas lui convenir. Parfois, surtout lorsque je le vois déployer tous ses efforts pour se rapprocher de Dieu, je culpabilise. Je me dis que je dois probablement le freiner dans sa quête de spiritualité. » Chacun son rythme et, en matière de religion, cela se révèle d’autant plus vrai. Bien que l’islam favorise l’esprit de communauté, appelant ainsi aux actes de générosité et de fraternité, il n’en reste pas moins que le vécu et les aspirations de chacun nous dictent nos façons de pratiquer et cela reste tout à fait personnel.
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