Au Maghreb, masser son nourrisson avec de l’huile d’olive tiède est une pratique ancestrale. Quels sont les bienfaits ? Comment adopter les bons gestes ? Éclairage de Christel Boudignon, formatrice internationale en massage pour bébés. Elle s’appuie sur une pédagogie multiculturelle où le massage est réalisé avec bébé et non au bébé.
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Le toucher, c’est vital pour l’enfant », insiste Christel Boudignon, scientifique de formation et formatrice depuis vingt-trois ans au sein de l’Association internationale de massage pour bébé. Les bienfaits du massage sont multiples pour le nourrisson, mais aussi pour ses parents et la société. « C’est une activité de communication parent-enfant, qui permet de soutenir le lien d’attachement sur lequel le bébé se fonde psychiquement. C’est un face-à-face qui va durer dix minutes, une demi-heure, une heure… C’est le bébé qui décide. Dans un massage, ce qui va surtout intéresser bébé, c’est de pouvoir communiquer ses émotions à son parent. L’intérêt pour ce dernier, c’est de prendre en compte ce que lui renvoie son enfant dans l’instant. Toute la clé pour arriver à développer cette relation tactile est de s’ajuster à ce que le bébé exprime, sinon on lui impose un toucher qui ne sera pas respectueux de son état intérieur. » Quand il commence à se débattre, à chouiner, qu’on le perd du regard, c’est que le bébé n’a plus envie ou qu’il n’arrive plus à gérer les différentes stimulations. « Ces signes sont importants. Il ne faut pas attendre qu’il pleure pour arrêter le massage, explique Christel Boudignon. En formation, on accompagne les parents à mieux comprendre et lire leur bébé pour ancrer une expérience positive pour chacun. »
SOULAGER LES COLIQUES
Grâce au massage, le bébé va pouvoir aller à la découverte de son corps. Autres bienfaits ? Le massage permet de stimuler tous les grands systèmes physiologiques : la circulation, la digestion, la respiration. « Il est un bon outil pour traverser la période des coliques. Certains parents me disent que le massage améliore aussi le sommeil de leur bébé, précise la professionnelle. La répétition des massages fera que bébé apprendra à se détendre. » La technique permet aussi de réduire les pleurs de bébé, le stress et la fatigue des parents. Il joue également sur la dépression postpartum : l’interaction avec bébé réduit les symptômes dépressifs de maman. L’enjeu est aussi préventif. Quand masser bébé ?
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« Tout dépend de l’intention du parent, de sa disponibilité et de celle de leur enfant. Certains parents préfèrent faire un massage le matin pour favoriser le réveil. D’autres recherchent plutôt un endormissement, alors ils vont masser leur bébé le soir ou avant la sieste, répond Christel Boudignon. On peut masser à n’importe quel âge son bébé, mais on ne peut pas le masser n’importe comment : le massage de l’enfant de six mois n’est pas le même que celui d’un nourrisson de huit jours, poursuit-elle. Il y a des étapes très particulières qui permettent à chaque bébé de recevoir ce que nous appelons le toucher sain, nourrissant et de communication. C’est beaucoup plus global que le massage. » Certaines parties du corps sont plus réceptives, comme les extrémités. Dans ses trois premiers mois, le bébé a la colonne légèrement enroulée et des bras repliés sur la poitrine, qui est moins accessible. « C’est pour cela que l’on commence par les jambes, parce qu’elles se déploient plus facilement. Il faut y aller progressivement, pour que le bébé s’habitue petit à petit à recevoir des stimulations sur d’autres parties de son corps. »
PRATIQUE ANCESTRALE
En Afrique et au Maghreb, la tradition veut que ce soit la grand-mère qui masse le bébé pendant que la maman est en quarantaine après son accouchement. « Cette tradition qui se transmet de mère en fille est importante, il faut la préserver. Il suffit d’une génération qui ne la pratique plus et elle est perdue, souligne Christel Boudignon. Il faut valoriser les traditions et ajouter l’ingrédient communication en expliquant ce que l’on fait avec bébé et non au bébé. » Dans le temps, les grands-mères n’étaient pas toujours à l’écoute des nouveau-nés, mais il faut se remettre dans le contexte. « Aujourd’hui, on sait plus de choses sur le plan neurologique et sur le bébé. Mais, il y a encore cinquante ans, il était réduit à un système digestif. Avant les années 1980, on opérait les bébés sans anesthésie parce qu’on pensait qu’ils ne sentaient pas la douleur. Alors on ne peut pas en vouloir à nos grands-mères qui les massaient alors qu’ils pleuraient. »
PRIVILÉGIEZ UNE HUILE VÉGÉTALE
Utiliser de l’huile pour masser son bébé permet aux mains de mieux glisser. Dans les pays du bassin méditerranéen, traditionnellement, c’est l’huile d’olive qui est le plus souvent employée. « Je mettrais un bémol car elle a une propriété desquamante. C’est bien notamment pour retirer les croûtes de lait sur le cuir chevelu. Mais idéalement, il faudrait alterner avec une autre huile, indique la formatrice en massage. On recommande une huile végétale, celle que l’on consomme le plus souvent, qui sera une vraie nourriture pour l’enfant parce qu’elle pénétrera sa peau, explique-t-elle. Des tests ont montré que les acides gras essentiels contenus dans l’huile ont été retrouvés dans le sang après un massage, d’où l’intérêt d’utiliser une huile comestible. » En France, on opte davantage pour l’huile de tournesol, qui n’est pas odorante. « Les bébés sont très sensibles ; l’odeur qu’ils préfèrent, c’est celle de leurs parents, ça les rassure. » De plus, l’huile de tournesol est riche en vitamine E, un antioxydant naturel qui permet de la conserver au moins six mois sans craindre qu’elle ne rancisse. « On recommande vivement de ne pas y ajouter d’huile essentielle ou de parfum, parce que le bébé en aura sur les mains et qu’il va les mettre à la bouche. »
La professionnelle conseille aux parents d’oser se lancer dans le massage. « Si ça bloque, une formation leur permettra de comprendre ce que leur bébé exprime. »
Pour plus d’informations : www.massage-bebe.asso.fr
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