Savant mélange de matières et de parfums de fleurs, d’eau de rose, de musc, d’ambre… le « skhab » est une pâte qui compose le collier, du même nom. Un bijou très prisé des femmes !
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Célébré par les poètes maghrébins et orientaux d’antan, le collier en skhab a de tout temps été porté par les femmes vivant dans les petits villages berbères, à travers le Maghreb. Ces colliers sont pour la plupart réalisés à partir de pâtes parfumées, issues d’ingrédients naturels. Si le skhab est commun à de nombreuses régions, en revanche, les senteurs peuvent être différentes selon les endroits. « Le skhab est une pâte faite à partir d’ambre. Elle existe en rouge, jaune, vert, obtenue après divers mélanges entre de l’eau de rose et le safran, par exemple. Pour obtenir ce parfum si délicat qui en émane, les femmes réalisent des amalgames faits de divers ingrédients, tels que les clous de girofle, le musc, le benjoin, le patchouli et d’autres huiles essentielles. Les recettes utilisées sont pour la plupart jalousement conservées et ne se transmettent que de mères en filles », indique la designer et chercheur en bijouterie artisanale tunisienne, Houda Jenni.
Une fabrication très méthodologique
Lorsqu’elle est à moitié séchée, la pâte du « skhab » est découpée, puis façonnée de manière à obtenir une queue de poisson. Les femmes berbères attribuent à cette forme des effets protecteurs, repoussant le mauvais œil. Certaines personnes lui attribuent aussi des qualités aphrodisiaques, liées notamment, aux senteurs qui s’en dégagent. Ce n’est qu’une fois sèche que les perles de « skhab » sont savamment trouées et prêtes à orner les 3 ou 4 rangées de fils qui composeront le collier. Ce dernier peut mesurer entre 50 et 100 cm, et dépasse parfois même le mètre ! Ils peuvent aussi être agrémentés de perles de culture, de corail, de tubes en or ou en argent. A la fin, les femmes s’appliquent à ajouter une pièce centrale, en ambre, en « skhab » ou en or.
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Au-delà du bijou, des rites
La tradition veut que le « skhab » ne soit porté que par les femmes mariées. Ce collier est généralement offert aux jeunes fiancées, la veille de leurs noces. Il peut s’agir d’un objet familial prêté par la maman ou encore d’un tout nouveau modèle fabriqué ou acquis pour l’occasion. « Pour ma part, je suis chaouia et ma mère m’en a préparé un, juste avant mon mariage. Je l’ai porté le jour J et aujourd’hui, je continue de le mettre lors de grandes occasions », déclare Hanna, 27 ans. Conservatrices et soucieuses de préserver leurs traditions, les femmes berbères font aussi porter les colliers à leur petit garçon lors de sa circoncision. Ainsi, selon elles, il sera à son tour protégé du mauvais œil.
Un parfum qui dure de très longue années
µAutrefois, les bijoux en « skhab » permettaient aux femmes d’êtres parfumées. S’ils sont bien conservés, lces colliers peuvent traverser le temps.
« Ma grand-mère m’a légué son » skhab « . Elle n’est plus de ce monde, mais lui, est resté intacte. Pour le conserver, elle m’a toujours conseillé de l’enfermer dans une boîte », confie Jihan, 33 ans. Bien qu’il soit assez résistant, le « skhab » doit être manipulé avec beaucoup de délicatesse et ne surtout pas être au contact de l’eau. Autrement, la pâte risquerait de se diluer. UN COLLIER À PERSONNALISER AU GRÉ DE SES ENVIES Dans les grandes villes, beaucoup pensent que les colliers en « skhab » sont réservés aux campagnardes. « A Djerba, les femmes portent » l’ambria « . Au fil du temps, le skhab qui agrémentait ce collier a disparu, pour être remplacé par des perles de culture » précise Houda Jenni. Celles-ci sont plus chics aux yeux de certaines, et n’ont pas d’effluves pouvant gâcher leur parfum. Bien que ce bijou tende à se perdre, il existe des femmes qui tentent de le faire perdurer. « Même en vivant en ville, quand j’ai envie d’embellir une tenue, je porte un collier en » skhab « », indique fièrement, Djamila, 35 ans. Une manière de revaloriser leur patrimoine culturel, tout en apportant une pointe d’originalité à leur allure.
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