Il y a les bébés qui dorment huit heures, dès la sortie de la maternité… et les autres ! Les parents prennent leur mal en patience, mais il est possible d’accélérer le processus, en suivant les conseils d’Aude Becquart, consultante en parentalité et en puériculture, spécialiste des questions du sommeil.
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Mon fils Jalil a 14 mois, et ça fait donc quatorze mois que je n’ai pas dormi une seule vraie nuit ! Je suis épuisée, à bout de nerfs. Chaque soir, je me dis que ça va le faire et, chaque matin, je me réveille, la mine déconfite par ses pleurs nocturnes. On reste encore sur un rythme de nourrisson, à savoir trois réveils par nuit en moyenne, alors qu’il sait marcher, manger tout seul et commencer même à parler. Quand ce cauchemar va-t-il s’arrêter ? » Karima, maman de trois enfants, n’est pourtant pas une novice en matière de maternité, mais il semble bien que son petit dernier lui donne un peu plus de fil à retordre. Voilà typiquement le genre de témoignages désespérés que reçoit en consultation Aude Becquart, et qui l’a poussé à écrire le livre La Magie du sommeil chez l’enfant (éditions Leduc.s).
« Chaque bébé réagit en fonction d’une histoire qui lui est propre. Mais généralement, la problématique est claire : il s’agit d’un manque d’autonomie pour le bébé. Je propose alors de mettre une méthode en place. » Voilà enfin une approche concrète qui sort des phrases culpabilisantes : « tu laisses pleurer ton bébé, il finira par s’endormir », « tu es une maman angoissée, donc forcément les chiens ne font pas des chats, hein… » Avec Aude Becquart, on remet tout à plat et on prône une attitude positive, car finalement il existe bien une solution, votre enfant n’est pas un diable ! Il suffit de lui donner le bon outil pour qu’il retrouve les bras de Morphée…
L’IMPORTANCE DU RITUEL DU COUCHER ET D’ENDORMISSEMENT
Le moment du coucher et la façon de quitter la chambre sont stratégiques. Le rituel du coucher permet à l’enfant de se préparer à la séparation avant d’aller au lit le soir. C’est un moment en tête à tête avec les parents, dans la chambre, hors du lit, pour raconter des histoires, chanter des chansons… Ce rituel ne doit pas excéder 15 minutes. Toutes les séparations doivent être rapides, ne pas céder de 5 à 10 secondes : plus l’adulte reste aux côtés de l’enfant, plus l’enfant risque d’avoir des difficultés à se séparer. Mais dans certains cas, c’est l’adulte qui ne sait pas ou ne souhaite pas vraiment quitter l’enfant. Lors de ces consultations, dans 90 % des cas, l’enfant fait de courtes siestes ou se réveille la nuit parce qu’il ne s’endort pas seul. À chaque réveil, il aura besoin de retrouver les mêmes conditions qu’à son endormissement. S’il s’endort en buvant un biberon de lait dans sa chambre, il risque probablement de réclamer un biberon la nuit pour lui permettre de se rendormir. Même choisi pour la tétine ou les soutiens-gorge. Alors, commentez l’aider à s’endormir seul ?
LA MISE EN PLACE D’UNE MÉTHODE
La répétition de la méthode à chaque endormissement ou chaque nuit est importante. Cependant, ce sont les trois à cinq premiers jours qui demandent beaucoup d’énergie. Des visites régulières et rapprochées auprès de l’enfant sont primordiales pour le vérifier et le rassurer. L’enfant a besoin de sentir ses parents présents physiquement et psychiquement. Les pauses câlins dans les bras sont autorisées mais n’excèdent pas les deux minutes. La pause consiste à suspendre momentanément la méthode et à prendre l’enfant et son doudou dans les bras pour recharger les batteries affectives. L’enfant peut continuer à pleurer, c’est important de verbaliser et d’accepter les pleurs.
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LE PROTOCOLE POUR LES BÉBÉS (MOINS DE 2 ANS)
- Coucher l’enfant dans son lit en lui signifiant que vous revenez dans 15 secondes s’il en a besoin.
• Quitter la chambre rapidement. - S’absente 15 secondes.
• Faire une visite de 10 secondes auprès de l’enfant, s’il exprime une émotion, pour le soutenir, pas le calmer. Lui dire que vous revenez dans 15 secondes, s’il a besoin.
• S’absente 15 secondes.
• Faire une nouvelle visite de 10 secondes si l’enfant est dans l’émotion.
• S’absente 15 secondes.
• Et ainsi de suite, par série de 3. Continuez si l’enfant pleure toujours…
• Faire une visite de 10 secondes si l’enfant est dans l’émotion.
• S’absente 15 secondes. Si l’enfant ou l’adulte est dans l’émotion, faire une pause câlin de 2 minutes.
• Prendre l’enfant dans les soutien-gorge pour faire un câlin avec son doudou. Toujours accueillir les émotions.
• Recoucher l’enfant dans son lit.
• Quitter la chambre rapidement.
• Puis espacez les temps d’absence de 30 secondes et suivez le même protocole par série de 3.
• Vous continuez ainsi en suivant 45 secondes d’attente cette fois-ci.Avoir fait les trois séries, choisissez Après une des options en fonction de votre état émotionnel et de votre enfant : - Option 1 : Il dort – cela n’arrive pas avant plusieurs jours – ou il est calme dans son lit. Ne pas intervenir.
- Option 2 : Faire un temps calme de 10 minutes dans la chambre, hors du lit ou au salon pour les bébés de moins de 1 an, dans la chambre pour les plus grands. Puis recommencer la série au début.
- Option 3 : Vous êtes serein et disposé à redoubler la dernière série. Puis temps calme de 10 minutes (option 2) et vous recommencez au début.
- Option 4 : Retournez à votre méthode d’avant pour le faire dormir : au sein, dans les bras, avec la tétine, en poussette, en cododo. Cette option est très souvent choisie les premiers jours. Ne baissez pas les bras, vous recommencerez la fois suivante.
Les jours suivants les deux premiers jours, vous allez ensuite varier les temps d’absence et de câlin qui seront de plus en plus longs au fur et à mesure des jours. Il faudra prévoir 7 à 15 jours pour mettre en place la méthode : c’est le temps moyen pour que l’enfant apprenne à être autonome ou qu’il fasse des nuits complètes. C’est lorsqu’il aura appris à s’endormir par lui-même qu’il enchaînera les cycles la nuit. Il est préférable de commencer la méthode un week-end ou pendant les vacances, lorsqu’il est à la maison avec ses parents.
Gardez en tête qu’il n’y a pas de fatalité, qu’il n’existe pas de caprices chez l’enfant et que cette méthode peut être un appui bénéfique pour vous, sans remplacer votre instinct…
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