Beau linge, savon de qualité, parfum enivrant, gommage… le rituel du bain au hammam, en Algérie, prépare la mariée pour être la plus belle avant de célébrer son mariage.
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Le bain de la mariée ou hammam laaroussa est une coutume parfaitement ancrée dans les mœurs en Algérie. Ce rituel a généralement lieu la veille du mariage. La maman de la future mariée, ou une femme proche de la famille, prend rendezvous au hammam pour réserver une place de choix à la jeune femme. Celleci se plie alors aux règles et se laisse aller aux plaisirs du bain purificateur.
LE TROUSSEAU POUR LE HAMMAM
Autrefois, les femmes consacraient beaucoup de temps à l’organisation de ce jour si particulier. Aïcha, 63 ans, originaire d’Alger, se souvient des préparatifs : « À l’époque, ma mère m’avait confectionné des draps de bain, une fouta, robe en soie rose pâle qui permet de préserver son intimité en entrant dans la salle chaude du hammam, et une bnika, sorte de voile blanc en coton brodé pour couvrir la tête… Pour couronner le tout, j’avais même un mahbess, grand pot en cuivre où étaient rangés tous mes accessoires pour le bain : savon, gants, etc. »
LA TAYABA EL HAMMAM
Le jour J, le cérémonial du bain se déroule avec les proches ou, lorsque la mariée en a les moyens, avec une femme appelée tayaba el hammam. C’est elle qui gère la danse : elle récupère le trousseau contenant les effets personnels de la mariée, puis va au-devant des invitées. « À l’époque, nous allions au hammam à pied. Tout le monde voyait qui allait bientôt se marier. La mariée était vêtue d’un hayek et les personnes qui l’accompagnaient chantaient, lançaient des invocations destinées à protéger la jeune femme et faisaient des “youyous” à en perdre haleine ! » raconte Fatiha, 52 ans.
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LE BAIN DE LA MARIÉE
Dans une ambiance chaleureuse, le cercle intime de la future mariée continue de faire des louanges à Dieu afin d’obtenir sa bénédiction et sa protection. Ensuite, la jeune femme entre dans la salle chaude, précédée des deux plus jeunes participantes, chacune tenant une bougie à la main. Djamila, 33 ans : « Je me suis mariée il y a trois ans, à Oran. C’était vraiment grandiose. Nous étions une dizaine de jeunes femmes et avons passé un superbe moment. Mon mari m’avait offert une splendide tenue pour le bain, des accessoires, du savon et du parfum. Durant quatre heures, j’ai été chouchoutée et nous nous sommes toutes bien amusées. Le lendemain, j’étais complètement détendue », confie la jeune femme.
DES RITES ALLÉGÉS
Bien que certaines femmes tentent d’entretenir la coutume, les rites sont parfois allégés, voire supprimés. Nabila, 30 ans, s’est mariée l’été dernier. Même si elle n’a pas porté de hayek, de fouta ou de bnika, elle a tout de même insisté pour bénéficier de son petit moment de bien-être. « Lorsque j’étais plus jeune, j’ai assisté à de nombreuses séances de hammam avec des futures mariées. J’avais l’impression qu’elles étaient des princesses. J’ai gardé mes rêves d’enfant et lorsque je me suis mariée, j’ai voulu à mon tour, perpétuer cette tradition. Je n’avais pas prévu de faire de grandes festivités pour le hammam. À vrai dire, je n’aime pas trop le caractère ostentatoire que peut avoir ce type de coutume. J’ai décidé d’y aller en petit comité, sans bruit, avec des cousines, ma sœur et une amie venue de France pour l’occasion. Nous avons passé un agréable moment dans la vapeur des eaux chaudes, à nous poser des masques… Nous étions vêtues de maillot de bain et tout ceci s’est déroulé dans la plus grande intimité et dans l’anonymat. » Préserver l’aspect convivial de ce moment unique de détente entre filles, voilà ce qui semble le plus important pour bon nombre de jeunes femmes. •
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