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Nadia Tbahriti, exposition 3ème œil, le regard de l’intuition

Nadia Tbahriti est juriste et artiste-peintre malvoyante. Elle organise sa première exposition « 3ème Œil » qui aura lieu jusqu’au 6 mars prochain dans la ville de Chelles. A travers ses œuvres, l’artiste propose un regard sur soi autour d’un voyage à travers des œuvres sélectionnées parmi ses trois collections.

En septembre dernier, Nadia Tbahriti a été sélectionnée par la municipalité de Chelles, dont elle est originaire, pour exposer ses œuvres pendant une dizaine de jours, dans une galerie éphémère. Le vernissage qui a eu lieu le 24 février dernier a réuni près de 80 personnes (élus de la Ville de Chelles, représentants de l’Association Voir Ensemble, amis, collègues de la Société du Grand Paris, anciens élèves de l’Essec, amis…)Nadia a éprouvé une irrépressible envie de peindre durant le confinement en novembre 2020. « J’ai ressenti un besoin de changement. J’ai alors décidé de faire de l’art. Je ne pensais pas du tout avoir une fibre créative et pourtant, je me suis laissé surprendre », précise la jeune femme. Elle a commencé sans même délaisser son emploi de juriste d’entreprise en télétravail. Rapidement elle a publié ses œuvres sur WhatsApp et Instagram et ses peintures ont très vite connu un grand engouement. Elle peint de manière régulière et s’épanouie dans cette nouvelle activité artistique. « Malvoyante je ne me pensais pas légitime dans ce domaine et pour cause, j’ai une maladie génétique qui touche la rétine avec un champ de vision rétréci et une vue tubulaire. Je vois l’équivalent d’un rouleau de sopalin », précise Nadia.

Des œuvres qui captivent l’œil et le cœur

Nadia propose des peintures avec des yeux ouverts, qui ne demandent qu’à voir la beauté de ce monde qui nous entoure. Elle propose environ 130 toiles issues de trois collections : La découverte, Orientale woman et Sakura), toutes sont aussi captivantes les unes que les autres. « Mes premières peintures m’ont permis de structurer les visages, j’ai ensuite dessiné des femmes à la mode très européenne avec des chapeaux et mon travail a continué d’évoluer. Inconsciemment je suis retournée à mes origines avec les tatouages sur les visages de femmes algériennes, les bijoux, le désert… Avec la sélection Sakura, les cerisiers japonais traduisent la contemplation, l’apaisement, le renouveau. Je sais qui je suis à présent, je l’accepte et j’avance », explique la jeune femme.

Une exposition immersive, sensorielle et solidaire

Porteuse d’un handicap invisible, Nadia propose de voir comme elle voit à travers des tubes de papiers essuie-mains. Elle a souhaité rendre accessible et inclusive son exposition. Certaines toiles sont en audio description afin de permettre au plus grand nombre d’y accéder. Sensibiliser les gens au handicap visuel est une des grandes aspirations de Nadia. 10 % des bénéfices de la vente des toiles exposées, sera reversée à une association qui agit en faveur des personnes malvoyantes. « L’idée était pour moi de lier l’art et le handicap. J’ai toujours eu à cœur de me dépasser malgré les contraintes de ma maladie. Et si ma vision centrale me permettait de voir l’essentiel ! ». A travers ses toiles, Nadia tente de transmettre son courage, mais aussi un message d’espoir. « Avec mon histoire je souhaite créer un pont entre l’art et le handicap, et montrer que si l’art est accessible aux personnes porteuses de handicap et bien il peut être accessible à tous ! Pour moi l’art est l’expression de soi, de notre humanité, osons être soi afin de trouver la paix intérieure », ajoute-t-elle. Elle prévoit de donner des cours de peinture à des personnes déficientes visuelles au sien d’une association.