Rachid Guellaz s’est fait connaître du grand public grâce à des fictions diffusées sur Canal +. Il incarne d’ailleurs Yamar, un rappeur peu commode dans la sérié Validé. Dans la réalité l’acteur franco-algérien de 26 ans est un vrai timide qui n’a qu’une envie : faire du cinéma.
© ALESSANDRO CLEMENZA
Les deux saisons de la série Validé vous ont propulsé sur le devant de la scène. Quel est votre regard face à cette soudaine notoriété ?
Je signerais pour une troisième saison sans hésiter ! J’avais déjà une petite expérience dans le cinéma (NDLR : il a joué dans le film La Daronne aux côtés d’Isabelle Huppert), et j’ai appris énormément en peu de temps. Le rôle de Yamar est un rôle de composition, même si lui et moi avons quelques points communs – j’ai grandi en banlieue et j’aime le rap –, je suis calme, gentil et réservé. Lui est tout le contraire.
Aimez-vous jouer des personnages aussi éloignés de votre personnalité ?
Oui, c’est là que réside tout le challenge du métier d’acteur. Jouer une « racaille » ne me dérange pas, mais je veux pouvoir faire évoluer le personnage. J’aime sortir de ma zone de confort, et, dans ce but, je travaille avec une coach, Karine Nuris, depuis un an. Elle me conduit à développer des personnages diversifiés, me donne envie d’aller plus loin dans l’interprétation. Être acteur, c’est posséder une part d’aisance naturelle, mais cela implique d’affiner sa technique.
Vous venez de terminer un tournage. Racontez-nous.
Je joue le rôle principal, celui de Lewis, dans La Nuit des chasseurs, de Pascale Arbillot. Nous participerons, avec ce court métrage, aux Talents Adami, qui mettent en lumière des réalisateurs, et nous le présenterons au Festival de Cannes 2022. Pascale m’a offert une belle chance, avec ce rôle. Lewis est un mec solitaire, un chasseur introverti qui vit dans les bois avec son sanglier. C’est étrange de travailler avec un animal – c’est imprévisible –, et le tournage s’est révélé très physique. Mais j’ai pu expérimenter un univers singulier.
La passion du cinéma vous a gagné tardivement, non ?
Je suis un ancien judoka de haut niveau. J’ai intégré le Pôle France à Orléans, et j’ai fait partie de l’équipe nationale de jujitsu fighting. Le judo, c’est ma passion depuis l’enfance. Quand je suis arrivé à Paris, j’étais très bon à l’entraînement, mais je perdais mes moyens lors des compétitions. Je gérais très mal la pression, j’avais peur de décevoir. De plus, je ressentais un manque. Je voulais changer d’air. J’ai regardé les annonces de castings pour faire de la figuration. J’ai effectué quelques apparitions, puis j’ai intégré le casting de Validé, en 2019. Et tout s’est accéléré ! J’ai tourné dans les séries Narvalo et VTC pour Canal +. Je serai aussi à l’affiche du film Ténor, de Claude Zidi Jr, qui sort en mai.
Comment votre entourage accueille-t-il vos nouveaux projets ?
Comme tous les parents, les miens ont été inquiets lorsque j’ai arrêté le sport. Je les comprends : nous avons quitté Oran quand j’avais un an, mon père voulait que nous ayons une autre vie – il avait vécu à Marseille, et il savait que les possibilités seraient plus nombreuses ici. Je peux entendre ses craintes face à un univers aussi anxiogène que le cinéma. Mais il ressent aussi une telle fierté de me voir à l’écran… Le fait de savoir d’où je viens, de la cité des Oliviers, à Oran – l’une des plus pauvres du pays –, me motive encore davantage. Je réussis à faire quelque chose de beau, je me dis que je suis sur la bonne voie !