Influencés par la publicité et les célébrités, 33 % des adolescents voudraient maigrir. Comment les parents doivent-ils réagir ? Faut-il les laisser faire un régime ? Comment les aider à accepter leur corps ? La psychologue diététicienne Anne-Sophie Boulas répond à toutes nos questions.
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Pourquoi les ados sont-ils si nombreux à vouloir maigrir ?
ANNE-SOPHIE BOULAS C’est une problématique qui concerne surtout les jeunes !lles : une étude1 a montré qu’une adolescente sur trois se trouvait trop grosse, quand les garçons ne sont « que » un sur sept à souhaiter faire un régime. Ceci est le résultat de plusieurs facteurs : d’abord, à force de voir des stars dotées de silhouettes parfaites, les adolescentes associent la notion de minceur à celles de célébrité et de richesse. Ensuite, à l’âge de la puberté – entre 11 et 17 ans en moyenne –, le regard des autres est primordial : la personnalité n’est pas encore totalement construite et les jeunes !lles misent tout sur le « paraître » pour plaire et séduire. Sans oublier que, pendant cette période, le corps des !lles se développe sous l’influence des bouleversements hormonaux : le bassin s’élargit, les hanches et les cuisses prennent un peu de volume… Cela peut être perturbant.
Comment les parents doivent-ils réagir face à cette préoccupation ?
A.-S. B. Il est très important de prendre cette demande au sérieux. Chez l’adolescente, l’envie de perdre du poids re,ète un véritable mal-être : ce n’est pas qu’un simple caprice ! Si on ignore le problème – ou pire, si on se moque –, la jeune !lle se sentira incomprise et cherchera à maigrir par ses propres moyens. Or, il faut savoir que sur Internet, les sites « pro-ana » – en faveur de l’anorexie – sont légion : ils dispensent des conseils dangereux – manger du coton, vomir après chaque repas, se frapper le ventre pour ne pas avoir faim… – qui peuvent provoquer de graves problèmes de santé. Les parents doivent surtout prendre le temps de la discussion. Sans juger, il s’agit de remonter à la racine du problème : le plus souvent, c’est un manque d’estime de soi. Et si la communication est vraiment impossible, il peut être intéressant de prendre rendez-vous avec un psychologue.
Faut-il autoriser son ado à faire un régime ?
A.-S. B. Sûrement pas. Pour bien grandir, les adolescents – dont la croissance peut se poursuivre jusqu’à l’âge de 18 ans – ont besoin d’une alimentation équilibrée : ils doivent consommer suffisamment de glucides, lipides et protéines – sans oublier les vitamines et les minéraux ! – pour consolider leurs muscles et leurs os. Or, la plupart des régimes sont déséquilibrés : ils favorisent les protéines, excluent les matières grasses, voire interdisent certains aliments… En perturbant le métabolisme des ados, ils peuvent causer des problèmes de santé… parmi lesquels le surpoids ou l’obésité ! En revanche, si l’adolescent présente un réel surpoids – c’est-à-dire qu’il est en dehors des normes !xées par sa courbe de croissance, que l’on peut trouver sur son carnet de santé –, il est impératif de consulter un diététicien nutritionniste.
1Health Behaviour in School-aged Children, coordonnée par l’Organisation mondiale de la santé et publiée en septembre 2012.
PETITES PHRASES QU’IL FAUT ÉVITER
Même s’ils ne le montrent pas toujours, les adolescents absorbent tout ce que disent leurs aînés. Et certaines petites phrases peuvent aggraver leurs complexes, notamment vis-à-vis du poids…
« C’est horrible : j’ai grossi ! » C’est une angoisse contagieuse : en constatant que sa mère – ou sa tante, sa cousine… – déplore quelques kilos en trop, la jeune fille intègre inconsciemment la nécessité de rester mince, point de départ d’une obsession.
« Tu n’as pas besoin de maigrir : tu es très bien comme ça. » Ça part d’une bonne intention mais en minimisant le mal-être de l’ado, le parent se détourne du problème. Et c’est la porte ouverte à toutes les dérives alimentaires.
« Tu as bien maigri, tu es jolie. » Ce petit compliment – piégé – associe l’idée de beauté à celle de minceur : pour continuer à susciter l’admiration, l’adolescent va donc chercher à maigrir davantage.
« Finis ton assiette ! » Si l’adolescent n’a plus faim, pourquoi le forcer à manger ? Cette attitude peut engendrer une perturbation du signal de satiété… et provoquer, à terme, une prise de poids. Sans oublier que le repas ne doit pas être un moment conflictuel.
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Comment les aider à accepter leur corps ?
A.-S. B. D’abord, il est urgent de déconstruire certains
mythes : les parents doivent expliquer que, sur les publicités, les mannequins sont retouchés pour paraître plus beaux et plus minces. Sur Youtube, on trouve de nombreuses vidéos « avant/après » très révélatrices ! Même chose du côté des célébrités : leur corps parfait est souvent obtenu au prix d’opérations de chirurgie esthétique. La fameuse morphologie « en X » qui fait rêver les jeunes filles – une taille marquée et des épaules de la même largeur que les hanches – dépend malheureusement de l’ossature : très peu de femmes peuvent l’obtenir. Ensuite, on peut leur apprendre certains réflexes alimentaires qui sont à la fois bons pour la ligne et pour la santé : prendre le temps de manger – vingt minutes par repas, c’est le minimum, et pas debout, s’il vous plaît ! –, ne pas grignoter dans la journée – ou alors de manière exceptionnelle –, ne manger que lorsqu’on ressent de la faim – pas à cause de l’ennui ou du stress. Pourquoi ne pas proposer à votre ado de se mettre à la cuisine, afin de lui faire découvrir certains aliments sains et savoureux ? C’est aussi une bonne façon de le détourner des plats industriels, trop salés et trop gras. Enfin, il faut les inciter à développer leur confiance en eux, en les invitant par exemple à pratiquer une activité valorisante : sport, musique, discipline artistique… Petit à petit, ils comprendront que leur personnalité ne se limite pas à leur apparence.
Quels sont les signes d’alerte qui doivent inquiéter les parents ?
A.-S. B. Aujourd’hui, en France, 70 000 jeunes de moins de 25 ans sou’rent d’anorexie mentale et 150 000 de boulimie. Ces troubles du comportement alimentaire – ou TCA – surviennent généralement suite à des « expériences » menées au cours de l’adolescence – régimes draconiens, « astuces minceur » dangereuses… Ainsi, il est très important que les parents restent attentifs aux signes d’alerte suivants : perte de poids spectaculaire, irritabilité au moment des repas, diminution progressive de la vie sociale, baisse des résultats scolaires… En cas de doute, encore une fois, l’aide d’un psychologue peut se révéler précieuse.
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Retrouvez Anne-Sophie Boulas sur son site : www.lafeediet.fr
QUEL SPORT LUI CONSEILLER ?
Si elle complexe sur ses cuisses : le running
Une paire de baskets et une tenue confortable suffisent : on court à un rythme constant, sans chercher à sprinter. Variantes : la marche rapide, la corde à sauter, le VTT.
Si elle complexe sur son ventre : le yoga
Ne vous fiez pas à son apparente douceur : le yoga fait travailler les abdos en profondeur et on y gagne un joli ventre plat. Variantes : la boxe, la danse orientale, la gymnastique au sol.
Si elle complexe sur ses fesses : le roller
C’est « le » sport parfait pour se sculpter un joli fessier… et c’est aussi l’occasion de sortir entre copines avec l’arrivée des beaux jours ! Variantes : la danse africaine, le badminton, l’équitation.
Si elle se trouve ronde de partout : la natation
Quand on nage, tous les groupes musculaires sont sollicités et on s’affine naturellement. Variantes : la danse classique, la zumba.
Attention : avant de commencer un sport, l’avis du médecin est indispensable ! •