Il y a quelques années encore, la couture était encore perçue comme étant un loisir réservé à nos grand-mères, même chez les femmes maghrébines. Les hommes et femmes de jeunes générations qui n’aspiraient pas à faire carrière dans le domaine, ne s’y intéressaient pas spécialement. Depuis le développement du DIY et les confinements, un engouement semble s’être emparé de nombreuses personnes. Aujourd’hui, la couture a le vent en poupe et nous vous disons pourquoi !
Autrefois, les jeunes filles se voyaient contraintes d’apprendre une activité artisanale, car un jour, elle se marierait. En future épouse et cheffe de famille, elles se devaient de savoir coudre presque au même titre que de connaitre tous les rudiments de la cuisine. « Longtemps délaissée, cette activité a repris vie, notamment pendant le confinement. Beaucoup de monde s’est mis à confectionner ses propres masques, ses foulards. Ils avaient du temps pour les loisirs créatifs et Internet regorge de sites où il est facile de trouver des patrons et tutos pour réaliser des tenues. A la fin du, j’ai remarqué que les demandes de cours au sein de mon atelier avaient augmenté », précise Elsa qui possède un atelier de couture dans le quartier de la Roquette à Paris dans lequel elle propose de créer des jupes, tops, karakos, robes… Ses cours sont disponibles à travers la plateforme wecandoo, sur laquelle 1700 artisans proposent plus de 3800 ateliers de création et de découverte aux 4 coins de la France.
Un moment de détente et de convivialité
Outre le fait d’apprendre les bases et les rudiments d’une activité manuelle, la couture procure une profonde sensation de bien-être. Par ailleurs, pour peu qu’elle soit réalisée en groupe, cette activité permet d’échanger, de mieux connaître et de mettre en pratique les apprentissages dans une atmosphère détendue. Cet art captive l’esprit et les sens. « Lors de mes ateliers, de nombreuses personnes qui pensaient ne pas avoir la fibre couturière se sont aperçues qu’elles se débrouillaient parfaitement bien », rajoute Elsa. Participer à un atelier de couture est encourageant. Chacun peut laisser libre cours à son imagination et développer sa créativité. Cette activité manuelle permet une immersion totale et d’oublier ses petits tracas du quotidien.
Interview Marie Mouly (co-fondatrice de Joli Lab)
Comment est né votre concept ?
Étant deux amies passionnées de couture, nous avons fait le constat début 2018 que l’offre pour les débutantes n’était pas assez développée et qu’il était surtout difficile de trouver la bonne association patron/tissu. L’idée de créer des kits couture est née ainsi progressivement, les rôles de chacune étant bien définis dès le début de l’aventure (Margot Tiret est styliste/modéliste, j’ai une formation en Marketing stratégique).
Vous proposez des box permettant de réaliser pas à pas des modèles de vêtements. Est-ce que malgré toutes les instructions on peut rater le modèle de vêtement proposé ?
En suivant nos instructions à la lettre, nos clientes ne rencontrent généralement aucun problème lors de la réalisation de nos patrons. Cela dit nous recommandons à celles qui hésitent sur leur taille de coudre « une toile » (=première version du vêtement sans finitions, dans un tissu premier prix, servant à valider les proportions) avant de coudre le vêtement dans le tissu final.
Comment déterminez-vous les modèles ?
En tenant compte des tendances mode de saison, nous créons des modèles à la fois faciles à coudre et à porter, qui puissent s’adapter à un maximum de morphologies (nos patrons sont proposés de la taille 34 à la taille 48).
Comment expliquez-vous le retour à la couture depuis quelques années ?
Plusieurs phénomènes se conjuguent pour expliquer l’engouement autour de la couture. Il y a une envie généralisée de mieux consommer et de trouver une alternative à la fast fashion, il y a aussi le plaisir de faire soi-même qui redevient tendance. Il y a enfin eu l’impulsion de la nouvelle génération de marques de patrons, il y a une dizaine d’années, qui ont complètement dépoussiéré le concept. Quels sont les avantages de créer soi-même ses vêtements ? C’est une façon de se constituer une garde-robe sur-mesure, parfaitement adaptée à ses goûts et à sa morphologie. Ça peut être aussi plus économique, surtout quand on réutilise plusieurs fois le même patron. Enfin coudre ses vêtements c’est bien souvent réduire son empreinte écologique, puisqu’ils ne seront pas fabriqués à la chaîne à l’autre bout du monde.
Est-ce que la couture procure du bien-être, permet de se détendre ?
Oui à coup sûr, à condition de faire preuve d’un peu de patience au début. Dès qu’on commence à maîtriser les techniques, la couture apporte beaucoup de sérénité et de confiance en soi.
Quels conseils pourriez-vous donner aux personnes novices mais surtout qui ne sont pas très douées manuellement afin de les aider à s’améliorer ?
Je leur conseillerai de bien s’équiper au départ. Nous avons écrit un article sur le sujet sur notre blog pour aider les couturières débutantes (intitulé « Nos conseils pour se lancer en couture »). Et de ne surtout pas se décourager. Au début c’est normal d’hésiter, de rater, de découdre… mais rapidement on passe un cap et tout devient plus simple et tellement gratifiant. Au départ perçu comme une corvée, une contrainte et aujourd’hui elle permet à chacun d’exprimer sa créativité.
Comment la perception de la couture a-t-elle évolué ?
C’est vrai qu’il y a eu un virage à 180°. Ma maman qui a grandi dans les années 60-70 a fait partie de la dernière génération de filles à apprendre à coudre à l’école et elle en garde un très mauvais souvenir. Sûrement à cause du côté forcé et utilitaire. Depuis le début des années 2000, parce que le mythe de la ménagère qui coud ses rideaux et fait les ourlets pour toute la famille n’est heureusement plus d’actualité, beaucoup de femmes et de plus en plus d’hommes ont pu se réapproprier la couture pour en faire un moyen d’expression génial.