Douleurs physiques, inconfort psychologique, difficultés pour s’habiller… Avoir une forte poitrine peut causer bien des soucis. Une opération chirurgicale permet de diminuer le volume des seins. Et si la réduction mammaire nécessite de retirer plus de 300 grammes par sein, la Sécurité sociale prend en charge l’intervention. Témoignages.
Fatiha, 31 ans : « Après l’opération, j’ai eu l’impression de redécouvrir mon corps »
« Cela faisait au moins 10 ans que j’y pensais, que je consultais des avis sur Internet, que je me renseignais sur le déroulement de l’opération par curiosité. J’ai toujours eu une grosse poitrine, depuis que je suis très jeune. En prenant de l’âge, elle devenait de plus en plus lourde. Quand j’ai eu mon enfant, c’est devenu pire encore. Et l’allaitement, une horreur ! Je n’ai pas pu profiter pleinement de donner le sein à mon bébé. J’avais trop mal. On dit qu’après l’allaitement, on perd de la poitrine. Ça n’a pas été le cas pour moi. Au contraire, mes seins étaient encore plus gros qu’avant. Ça me complexait énormément. On ne voyait qu’eux ! Que tu portes une robe, un t-shirt, une abaya… quand tu as une forte poitrine, on ne voit que ça. C’est une partie du corps difficile à camoufler. Même si tu portes un soutien-gorge gainant. En plus, elle me donnait des douleurs dans le dos, me gênait pour faire du sport. Même en me baissant quand je faisais la prière, elle me faisait mal. Mon dos en a pris un coup ! Je suis voûtée, car pratiquement toute ma vie j’ai eu de gros seins. Ma poitrine m’handicapait de plus en plus, surtout en été. C’était désagréable. J’ai fait un régime, j’ai perdu près de 15 kilos, mais ma poitrine n’a pas changé. Au contraire, elle devenait de plus en plus lourde. Mon corps n’était pas harmonieux. Je me suis dit que j’allais prendre un rendez-vous avec un chirurgien, juste par curiosité. Je voulais parler de ma poitrine avec un professionnel. Lors de la première consultation, la chirurgienne me parlait comme si j’étais décidée à faire l’opération. En fait, elle m’a, inconsciemment, mise en condition en me parlant du protocole opératoire, du post-opératoire. C’était du concret. En sortant du rendez-vous, je me suis dit : «C’est bon, je me fais opérer.» J’ai eu la chance d’être suivie dans une clinique privée. J’ai obtenu des rendez-vous rapidement. La première consultation a eu lieu en août et je me suis fait opérer le 29 septembre 2020. Pas le temps de trop réfléchir. Et tant mieux ! Je redoutais en passant par l’hôpital public d’avoir des rendez-vous trop éloignés, d’être sur liste d’attente… et au final, de me rétracter ! Ce que j’appréhendais le plus, c’était l’anesthésie. Cela m’angoissait parce que j’ai été opérée, il y a trois ans, et j’avais mal vécu le post-opératoire. Finalement, je n’ai pas eu mal après ma réduction mammaire, mais je ne pouvais pas faire trop de mouvements, porter de charge lourde, faire du ménage ou préparer à manger. J’ai été arrêtée 15 jours. Au total, on m’a retiré 1,5 kg. Je suis passée d’un bonnet G à un bonnet D. J’ai quand même gardé un bon bonnet car je n’avais pas non plus envie d’avoir de petits seins. Et il fallait que ma nouvelle poitrine soit en adéquation avec ma morphologie naturelle. Je ne suis pas non plus toute fine. À ma première douche, j’ai pleuré. Cela m’a fait bizarre de voir ma poitrine avec les fils de suture autour du téton et sous les seins. La vision n’était pas belle. J’étais angoissée. Mais il fallait que je sois patiente. Deux semaines après l’opération, j’ai revu la chirurgienne qui a retiré les fils. À ce moment, j’ai commencé à mieux percevoir ma poitrine. Et j’ai trop kiffé ! J’avais enfin une poitrine adaptée à ma taille, elle était plus proportionnée, plus harmonieuse. J’ai eu l’impression de redécouvrir mon corps, mes bras, mon ventre, mon cou. »
Khadija, 33 ans : « Cette opération, c’est une vraie renaissance »
« J’étais complexée par ma poitrine depuis le lycée. Je marchais le dos courbé et je croisais toujours les bras pour la dissimuler. Je devais porter un soutien-gorge, une brassière et un débardeur pour essayer de l’aplatir. J’avais l’impression qu’on ne voyait de moi que ma poitrine. Quand je maigrissais, c’était horrible : je perdais de partout, sauf des seins. Je ne savais pas que l’opération de réduction mammaire existait. Quand je me suis installée à Paris, vers 22 ans, j’ai commencé à en entendre parler. J’ai longtemps pensé à me faire opérer. Mais je ne me voyais pas le faire sans le consentement de ma mère. Je lui en parlais depuis longtemps, mais elle imaginait que c’était une opération lourde. Elle y était opposée. À un moment, elle a compris que j’en souffrais, que ma poitrine était pesante pour moi, que j’avais toujours mal au dos. Même pour conduire, elle me gênait. Dès que j’ai eu son approbation, j’ai sauté le pas. L’opération ne me stressait pas plus que ça. J’avais vu des personnes autour de moi la faire, et puis je suis tombée sur un super chirurgien qui m’a rassurée. Il m’a dit que c’était une opération très courante, indolore. Il m’a aussi assurée que les nouvelles techniques d’opération permettaient ensuite d’allaiter, mais qu’il fallait attendre un an. J’ai eu mon premier rendez-vous de consultation le 23 octobre 2020 à l’hôpital Georges-Pompidou, à Paris. J’ai été opérée le 17 mars 2021. J’aurais pu être opérée plus tôt s’il n’y avait pas eu le deuxième confinement. Tout s’est bien passé. J’avais un sein un peu plus gros que l’autre. Pour l’un, 590 g ont été retirés, pour l’autre 540 g. Je suis passée d’un 95 E à un 95 C. Les douleurs étaient supportables. Pendant 15 jours, une infirmière est venue chez moi changer les pansements. J’ai revu le chirurgien deux fois après l’opération pour vérifier que la cicatrisation se faisait bien. Au bout de 15 jours, j’étais prête à reprendre le travail. Je referai le point avec lui en septembre. J’ai eu beau me préparer psychologiquement, regarder des photos d’avant/après sur Internet, j’ai quand même été très surprise du résultat. J’avais tellement été habituée à avoir quelque chose de très volumineux devant moi. Ça m’a fait bizarre de prendre ma première douche. Finalement, je me suis vite habituée. Je suis très contente. Cette opération, c’est une vraie renaissance. Je dois encore corriger ma posture pour me tenir droite. Mais aujourd’hui, mes vêtements me vont beaucoup mieux. Mes chemises ne bâillent plus. C’est un vrai plaisir. »