Chaque année, bien des femmes doivent compenser quelques jours de jeûne du ramadan – le quatrième pilier de l’islam – en raison de leur cycle menstruel ou pour des raisons médicales. Comment s’y prendre ?
À la dernière minute
« Je me dis chaque année que je vais jeûner pour rattraper mes jours dès la fin du ramadan, mais je finis toujours par attendre la dernière minute. En général, quelques jours avant le début du ramadan, je jeûne une semaine, souvent pendant le mois de Cha’bane. Du coup, cela fait aussi office, pour moi, de préparation pour le mois sacré. » (Sheïma, 26 ans)
En hiver, les jours sont plus courts
« Je rattrape mes jours en hiver, lorsque le soleil se couche plus tôt. Certes, c’est plus facile, mais c’est une bonne raison pour réussir à se motiver en dehors de la ferveur du mois de ramadan. » (Johara, 31 ans)
Juste après l’Aïd
« Juste après l’Aïd, quand le ramadan vient de s’achever, je suis encore dans l’ambiance, et mon corps est habitué. C’est là que je récupère mes jours. J’ai toujours vu ma mère faire ainsi ; je suis son modèle, et cela me réussit. » (Latifa, 28 ans)
300 jours à rendre !
« Pour être honnête, je n’ai jamais rattrapé mes jours. J’ai honte, je dois en avoir au moins 300 à rendre. Un jour, je m’y mettrai sérieusement, mais en attendant, je donne de l’argent aux pauvres et je compense comme je peux. » (Batoul, 36 ans)
Le f’tour entre copines
« J’ai lancé un programme que j’ai appelé « l’after ramadan ». On le fait avec mes sœurs et des amies, et on organise un f’tour commun pour rompre le jeûne. C’est à la fois convivial et super pour notre compteur de jours manquants ! On cuisine, on se recharge spirituellement et on se sent solidaires pendant ce « ramadan bis » ! » (Fadwa, 27 ans)
Enceinte, j’ai tout rattrapé
« J’étais enceinte pendant la période du ramadan. J’ai consulté mon médecin, et, sur ses conseils, j’ai choisi de ne pas jeûner. Je ne voulais faire prendre aucun risque à mon enfant. Je me suis fiée à l’islam, qui offre le choix de le faire ou pas. Ensuite, j’ai rattrapé mes trente jours en jeûnant deux fois par semaine, le week-end. J’aurais pu nourrir des pauvres en compensation (fidya), mais j’ai choisi le jeûne, parce que je suis en bonne santé. » (Najate, 28 ans)
Que dit l’Islam ?
La femme qui a ses menstruations ne doit pas jeûner. Elle rattrapera ses jours après le ramadan, comme le rappelle le hadith d’Aïcha, l’épouse du Prophète : « Ceci nous arrivait […], et nous étions ordonnées de récupérer le jeûne, et non la prière. » (Al Tirmidhi) Même traitement pour la femme enceinte, ainsi que pour celle qui allaite. Elles peuvent aussi nourrir chaque jour un pauvre : « Allah a certes acquitté le voyageur du jeûne et d’une partie de la prière, et la femme enceinte et celle qui allaite du jeûne. » (Al Tirmidhi) La rupture du jeûne est également autorisée pour les malades, les personnes faibles ou âgées et les voyageurs : « Quiconque d’entre vous est présent en ce mois, qu’il jeûne ! Et quiconque est malade ou en voyage, alors qu’il jeûne un nombre égal d’autres jours […]. » (Sourate II, Baqara, verset 185) « Pour ceux qui ne pourraient le supporter [qu’avec grande difficulté], il y a une compensation : nourrir un pauvre. » (Sourate II, Baqara, verset 184)