Pendant des décennies la blousa de Tlemcen a fait les beaux jours des mariages. Boudées un temps à cause d’une image un peu vieillotte, elle signe, depuis quelques années un retour en force dans les cérémonies. Même revisitée à travers les matières, les tissus et les détails, elle garde toute son authenticité.
La blousa trouve son origine dans l’ouest algérien. Il s’agit d’une tenue innovante apparue au début du XXe siècle. Séduites par son aspect confortable et esthétique à la fois, les femmes de Tlemcen l’ont très vite adoptée à la place de la fameuse abaya, une autre tenue traditionnelle de l’Oranie laissant apparaître le kholkhal, un anneau de cheville. Selon le site : terroirdalgerie.wordpress.com, « la naissance de la blousa se voit être une hybridation culturelle entre la tenue vestimentaire algérienne et française de l’époque… En outre, la blousa apparaîtra en tant que signe de changement et comme un conservateur de la tradition, conçue par les femmes de la ville qui ne voulaient pas être exclues de la modernité, mais qui, néanmoins, ont voulu imposer une démonstration d’authenticité culturelle au colonialisme ». « Ma mère est d’origine Nedromienne, Nedroma est une vielle située près de Tlemcen. Elle m’a toujours parlé de la blousa et en a porté lors des mariages et cérémonies officielles. C’est une institution ! En tant que fondatrice d’Alger Fashion Week, je me devais donc de la faire défiler sur nos mannequins, non seulement pour ravir ma mère, mais aussi pour la relancer. En effet, elle avait perdu de sa splendeur au fil des années. A Oran, par exemple on la retrouve, mais elle est trop chargée et souvent cousue de manière industrielle. Elle est nommée la « blousa wahrania » (oranaise) mais ses racines sont de Tlemcen. D’ailleurs, jusqu’à présent, les grands couturiers de blousas sont à Tlemcen. Ils restent discrets et préfèrent travailler pour de riches clientes », ajoute Nawel Nedjari, fondatrice d’Alger Fashion Week ».
Une robe qui convient à toutes les morphologies
La blousa de Tlemcen est reconnaissable grâce à son décolleté, ses broderies, ses perles qui mettent en valeur la poitrine. Elle se porte souvent avec un « hzem », une ceinture afin de marquer un peu plus la taille. Sa forme assez ample vers le bas fait d’elle une tenue qui s’adaptera à toutes les morphologies. « Cette robe est incontestablement inspirée de la robe empire du 19ème siècle à en voir ses manches ballons et sa forme droite vers le bas », précise Nawel Nedjari. Délaissée quelque temps, certains créateurs comme Sihem Benamer, Nina El Batoule ou encore Samir Kerzabi ont su lui redonner de l’impulsion et la moderniser. Ils proposent des blousas haute couture avec des perlages, des sequins, mais aussi des strass, des broderies très raffinées et utilisent des tissus nobles tels que la mousseline de soie, la dentelle de Calais… « En 2016, après un de mes défilés, des clientes m’ont révélé qu’elles redécouvraient ce trésor de couture ! L’année d’après des stylistes qui ne faisaient pas de blousas en ont fait », confie l’instigatrice d’Alger Fashion Week !
Cette robe connait une grande notoriété dans l’ouest algérien et même au Maroc, à tel point que la ville de Oujda, à la frontière marocaine a organisé le festival de la blousa. Une robe qui offre l’allure d’une princesse, facile à porter aussi bien lors des mariages que pour les autres occasions.