Devenir maman n’est pas si inné et encore moins aisé que ce qu’il n’y paraît. Confrontées aux difficultés quotidiennes et souvent livrées à elles-mêmes, certaines femmes déchantent. Elles ne perçoivent plus leur rôle de maman comme elles l’envisageaient avant. Au fond, elles regrettent leur maternité, bien qu’elles aiment profondément leurs enfants.
Difficile pour une femme d’admettre tout haut regretter sa maternité. Elle serait vite traitée de mauvaise mère, d’égoïstes… Confronter l’amour et le regret est un pur paradoxe, mais pourtant bien une réalité, par moments. Cependant, beaucoup de mamans dans cette situation assurent quand même leur rôle correctement. Cela ne les empêche pas de bien traiter leurs chers bambins, de leur vouloir du bien, de leur souhaiter pleins de réussites… Alors, comment expliquer que certaines femmes ne perçoivent plus la maternité du même œil, qu’elles éprouvent des remords ? Dès l’enfance la femme est conditionnée à devenir maman. En grandissant la société, la famille lui fait croire que si elle n’enfantait pas un jour, elle ne serait pas normale. Comme si devenir maman était l’accomplissement d’une femme, son aboutissement. Selon les spécialistes, ce regret ne serait pas lié aux enfants, mais à la maternité en elle-même. Malgré l’amour porté à leurs chers bambins, certaines femmes ne lui ont pas caché qu’elles n’étaient pas épanouies ainsi tant la charge mentale est omniprésente. Si certaines ont éprouvé des regrets durant leurs grossesses d’autres ont compris qu’elles n’étaient pas faites pour l’être bien plus tard. Pour mener son enquête, elle s’est appuyée sur 23 témoignages de mamans de différents âges qui font tout pour être des mères suffisamment bonnes.
Sacrifier sa jeunesse pour s’occuper de ses petits
Alissia 29 ans est maman de deux garçons. Elle affirme les aimer et ne leur vouloir que du bien, mais avoue quand même regretter sa « vie d’avant ». « Je me suis mariée il y’a trois ans. Je voulais toit de suite devenir maman sans jamais penser que je regretterai un jour. Avant de
me ranger, j’aimais les sorties avec les amis, partir en voyage, flâner, faire du shopping… Je pensais que je pourrais vivre les mêmes aventures tout en ayant des enfants, mais ce n’est pas possible. Les petits ont besoin de beaucoup d’attention, sortir au restaurant avec eux, par exemple est presque impossible. Il faut s’organiser pour tout et bien en amont. C’est terminé les départs en weekends sur un coup de tête. Parfois, je ressens aussi des remords quant à ma
vie de couple de jeune mariée. J’ai l’impression de ne pas avoir assez profité de ma jeunesse. Les enfants ont pris toute la place dans nos vies. Lorsque je retrouve mes amies qui ont des enfants, nous ne pouvons même pas discuter tranquillement ou aller prendre un café. Nous sommes sans cesse entrain de sermonner ou de calmer nos loulous. C’est un peu le centre de nos mondes et c’est parfois difficile à accepter. Je suis partagée entre le bonheur de les avoir
car je me dis que sans eux, je serai sûrement triste et celui où j’aimerai retrouver
l’insouciance d’antan. Ces années où je ne portais pas autant de responsabilité sur les
épaules», confie la jeune femme.
Faire face à des bambins « difficiles »
Safiya, 42 ans est maman d’un garçon de 8 ans. Elle aime son fils bien qu’elle reconnaisse qu’il la pousse souvent à bout. Elle s’énerve hurle et en arrive même à lui dire tout fort, qu’elle aurait préféré ne pas l’avoir. « J’ai un seul enfant et à vrai dire, je n’en souhaite pas d’autres. Déjà celui-là m’en fait voir des vertes et des pas mures. Je ne pensais pas que la maternité était si difficile surtout quand on est confronté à des enfants qui n’écoutent pas. C’est le cas de mon fils. Il s’oppose à tout depuis tout petit. Au début, je me disais que cela lui passerait mais avec le temps je commence à désespérer. Il est de pire en pire, il est exigeant, demande des jouets en permanence, fait des crises. Il joue aux durs avec moi, ne me laisse pas une minute de répit. Il m’interrompt sans arrêt lorsque je parle au téléphone ou encore quand je travaille à la maison. Il m’épuise. Avec son père c’est différent, il respecte plus les règles parce qu’il le craint. En revanche, de mon côté les punitions ne portent pas leurs fruits. J’ai beau le menacer de le priver de dessins animés, de le priver de sortie, rien n’y fait. Je suis toujours entrain de me battre avec lui pour me faire respecter. Il m’arrive de pleurer et de regretter de l’avoir dans ma vie. Je me dis que je serais sans doute plus tranquille. Je m’en veux même d’avoir voulu faire comme les autres. J’aurai dû m’écouter. J’éprouve pleins de remords quant à cette situation. Son père me reproche de ne pas vouloir d’autres enfants, mais cette expérience m’en a dégoutée. Encore une fois, je ne souhaite aucun mal à mon fils, je l’aime, je ne pourrai pas l’abandonner. Cela peut paraître bizarre, mais je ne souhaite pas le rendre malheureux. Je prie pour voir mon état d’esprit changer afin qu’il ne souffre pas de mon ressenti, ce ne serait pas juste de ma part. Il n’a pas demandé à venir au monde », livre la jeune femme.
Elever seule ses enfants
De nos jours, bon nombre de femmes s’occupent seules de leurs enfants et cela, même si le papa vit sous le même toit. Djamila a 37 ans. Elle a trois enfants qu’elle chérit beaucoup. Cependant, elle regrette sa maternité car, elle souffre du manque d’implication de son époux dans leur vie de famille. « Mon homme ne m’aide pas, il se repose entièrement sur moi, surtout lorsque je suis à la maison. Quand je sors, il ne prend pas de grandes initiatives. Si je ne lui donne pas les vêtements qu’ils vont mettre, il n’ira pas les chercher dans leur armoire. De même pour la nourriture, il faut que je la prépare à l’avance, sinon, j’ai le droit à denombreuses remarques désagréables… Lorsque les petits sont malades c’est moi qui me lève, qui m’en occupe. Je suis fatiguée, je n’en peux plus de cette vie ou je me sens uniquement au service des autres. Personnes n’est au petit soin pour moi. Si je me plains personnes ne seralà pour m’entendre pleurer. Tout le monde ira se cacher dans sa chambre. J’ai l’impression d’être une « bonne à tout faire » qui n’a ni le droit au repos, ni au répit. Tout ça m’amène à me demander pourquoi, je suis devenue maman, pourquoi avoir des enfants si c’est au final se sentir bafouée », explique la jeune femme. Vivre sa maternité de façon harmonieuse relève souvent de la gestion de la famille par les deux parents. Ainsi, moins éprouvées physiquement et mentalement, la maman serait peut- être moins amenée à regretter. Cependant, les regrets ne trouvent pas tous leur cause dans la charge mentale, mais peuvent provenir d’autres raisons propres à l’existence de chaque femme.