« CE QUE LA PALESTINE APPORTE AU MONDE » Expositions, concerts, films, rencontres et débats du 31 mai au 19 novembre 2023, à l’Institut du monde arabe.
LES PALESTINIENS ET LES PALESTINIENNES EN LEURS MUSÉES
Niveaux -1 et -2 de l’Institut
Commissariat : Elias Sanbar, Marion Slitine, Eric Delpont
Depuis 2016, l’IMA abrite en ses murs la collection du futur Musée national d’art moderne et contemporain de la Palestine qui devrait voir le jour à Jérusalem Est. Elias Sanbar, écrivain et ancien ambassadeur de la Palestine auprès de l’UNESCO, est à l’origine de ce projet de musée coordonné par l’artiste Ernest Pignon Ernest.
De l’art informel à l’hyperréalisme, l’ensemble est composé de 400 œuvres issues de dons d’artistes des cinq continents à qui il a été demandé de choisir ce qu’ils souhaitent donner à voir aux Palestiniens. Cette « collection solidaire » réunit des questionnements communs aux artistes et à leur futur public : que veut dire être humain, dans son corps et son identité, et que signifie vivre, pour soi et avec ou parmi les autres ?
L’exposition « Les Palestiniens et les Palestiniennes en leurs musées » mettra en lumière les correspondances entre une sélection d’œuvres issues des collections du futur Musée d’art moderne et contemporain de la Palestine et des collections du Musée de l’IMA. Les rencontres, les échos et les parallèles parfois inattendus qui en émanent invitent par le regard à imaginer la Palestine de demain.
Au sein de cet accrochage, le projet Sahab (« nuage » en arabe) interroge quant à lui la façon de traiter le passé, d’agir dans le présent et d’imaginer un futur en Palestine. Ce projet est porté par le collectif Hawaf (« marges » en arabe), initié par les trois artistes visuels Mohamed Abusal à Gaza, Mohamed Bourouissa à Paris et Salman Nawati en Suède, ainsi que l’architecte Sondos EL-Nakhala à Gaza.
Un espace sera dédié à Mahmoud Darwich, figure majeure de la poésie palestinienne dont l’œuvre a influencé de nombreux créateurs du monde arabe. Ces textes seront mis en regard avec les œuvres de l’artiste algérien Rachid Koraïchi.
IMAGES DE PALESTINE : UNE TERRE SAINTE ? UNE TERRE HABITÉE !
Espace des Donateurs
Commissariat : Elias Sanbar, Marion Slitine
L’espace des Donateurs accueillera un fonds inédit de photographies colorisées du XIXe siècle provenant d’une collection privée. Les images seront exposées face aux œuvres de photographes palestiniens contemporaines, opposant deux regards, deux approches et conceptions de La Palestine.
Le premier ensemble réunit une trentaine de photographies – paysages, scènes de genre et portraits – tirées selon le procédé Photochrom, breveté en 1889 par le Suisse Orelle Füssli. Le regard orientaliste qu’il illustre aura de lourdes conséquences, des décennies durant, faisant de la Palestine une Terre sainte, figée dans le temps, prisonnière d’un passé jamais révolu, promise à une quête infinie d’une gloire ancienne, en attente de ses sauveteurs « légitimes », missionnaires et colons, pour revenir à la vie.
Le second ensemble, actuel, manifeste l’énergie tout simplement vitale d’artistes palestiniens, hommes et femmes. À Gaza, en Cisjordanie, à Jérusalem ou sur les territoires occupés, ils et elles se réapproprient l’espace public par le corps qui l’habite tout autant qu’il le performe, faisant acte de résistance à la colonisation. En contrepoint des images idéalisées du XIXe siècle, la sélection rassemble des photographes nés entre les années 1960 et 1990 qui vivent et travaillent sur place ou dans la diaspora : Shady Al Assar, Mohamed Abusal, Taysir Batniji, Rehaf Al Batniji, Raed Bawayeh, Tanya Habjouqa, Rula Halawani, Maen Hammad, Safaa Khatib, Eman Mohamed, Amer Nasser, Steve Sabella, Raeda Saadeh, dont les œuvres ont toutes été exécutées dans les années 2000.
LES VALISES DE JEAN GENET
Réalisée en partenariat avec l’IMEC (Institut des mémoires de l’édition contemporaine) de Caen, cette exposition dévoile le contenu des deux « valises » précieusement conservées par Jean Genet tout au long de sa vie et remises, quinze jours avant sa mort, à son avocat Roland Dumas.
Elles renferment de multiples lettres, factures d’hôtel, notes diverses, sur la prison, l’écriture, l’homosexualité ou le cinéma, et surtout les traces vives d’un compagnonnage de seize années avec les Black Panthers et les Palestiniens. Un mois après la disparition de Jean Genet parait Un captif amoureux, le plus grand livre écrit par un auteur occidental sur les Palestiniens en lutte. C’est ce cheminement secret qu’éclaire cette exposition à travers des manuscrits jusqu’alors inconnus.
Outre les valises, sont également présentés le manuscrit et le tapuscrit des textes de Jean Genet qui commentent en toute liberté les photographies que Bruno Barbey (agence Magnum) a prises, « avec l’œil d’un témoin objectif », en Palestine entre 1969 et février 1971. Ils ont été publiés dans le magazine de l’image Zoom, en août 1971. Ces textes annoncent certains passages d’Un captif amoureux.
Une partie de ces documents a fait l’objet d’une exposition à l’IMEC de Caen interrompue dans le cadre de la crise sanitaire après quelques jours d’ouverture. Le public découvrira donc en quasi-exclusivité le contenu historique de ces valises.
***
UN ARABORAMA DÉDIÉ À LA PALESTINE
Nulle part ailleurs se mêlent à ce point l’histoire, les religions, l’imaginaire et la politique. Chaque pierre recèle son secret.
Christophe Ayad, Introduction
Un regard complet sur la Palestine, qui sans occulter les tragédies dans son histoire, met en valeur sa vitalité et sa source d’inspiration pour le monde. Ce que la Palestine apporte au monde n’est pas une monographie de la Palestine. C’est une étude et un hommage à ce qu’elle représente, au-delà de ses frontières. La Palestine a un statut à part, car elle rayonne sur le monde : elle est symbole de résistance pour les peuples opprimés, elle est source d’inspiration pour les artistes de toutes disciplines. Elle est désormais un horizon politique et culturel.
Si la Palestine embrase les territoires, les médias et les réseaux sociaux – et tout dernièrement en mai 2021 –, il nous a paru d’autant plus nécessaire de donner à voir, et à comprendre les réalités de ce pays, de ce peuple : son histoire, sa géographie et sa diaspora, les forces politiques en présence, les figures palestiniennes éminentes, pour dissiper les zones d’ombres et mieux appréhender une situation complexe. En somme, sortir la Palestine du prisme du conflit et la décortiquer telle qu’elle est, et telle qu’elle inspire le monde arabe.
Articles, témoignage, entretiens, bandes dessinées et illustrations ; au féminin comme au masculin, historiens et historiennes, philosophes, écrivain(e)s, journalistes, militant(e)s, artistes et créatrices et créateurs, bâtisseurs et bâtisseuses du monde arabe livrent leurs analyses et lectures de la Palestine.
Avec les contributions de Christophe Ayad, Bertrand Badie, Farah Burqawi, Jean-Paul Chagnollaud, Leyla Dakhli, Jean[1]Pierre Filiu, Sabyl Ghoussoub, Jadd Hilal, Bernard Hourcade, Karim Kattan, Abdellatif Laâbi, Henry Laurens, Elias Sanbar, Shlomo Sand, Larissa Sansour, Leïla Shahid, Dominique Vidal…
L’Institut du monde arabe et le Seuil ont lancé en 2020 la collection ARABORAMA pour décrypter les mondes arabes et mieux les saisir dans leur complexité, leur inventivité et leur pluralité.
Disponible en librairie – 330 pages – 25 €