Ne pas manger et ne pas boire du lever au coucher du soleil. Si, pour beaucoup, le jeûne du ramadan se résume à ces consignes, il est en réalité plus complexe. D’autres facteurs sont à prendre en compte pour qu’il soit valide et pour maximiser ses récompenses.
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L’INTENTION : CELLE SANS QUI RIEN N’EST POSSIBLE
On effectue l’intention de jeûner, en son for intérieur, au début du mois de ramadan, ou tous les soirs pour le lendemain. Sans cette intention de départ, le jeûne est invalide, comme on peut le voir dans le hadith rapporté par Ibn `Omar d’après Hafsa, où le Prophète a dit : « Celui qui n’a pas noué l’intention de jeûner avant le fajr (l’aube) n’a pas jeûné. » Il est important aussi de purifier son intention. Quand on jeûne en famille, on peut vite oublier si l’on jeûne avec foi et conviction ou si l’on suit juste le mouvement. Jeûner est une bonne action qui peut se voir, puisque l’on change radicalement notre mode de vie. Et lorsque les autres remarquent notre bonne action, quelle qu’elle soit, on peut tomber dans de l’ostentation. Est-ce que l’on réalise vraiment cette œuvre pour Allah ou est-ce que l’on fait un peu comme les autres, sans en avoir vraiment conscience ? Est-ce que l’on jeûne par crainte du Tout-Puissant et avec espoir qu’Il nous rétribuera ou est-ce que l’on ne ressent que la faim et la soif, sans but ? L’intention se travaille en tout temps, d’autant plus dans le mois du ramadan puisqu’elle fait partie des conditions d’acceptation du jeûne.
MAÎTRISER SA LANGUE
Les péchés commis par le langage sont très dangereux. Ils sont de plusieurs ordres : il y a le mensonge, la médisance ou encore la calomnie et la violence verbale. S’ils n’invalident pas le jeûne, ils sont responsables d’une énorme perte de récompenses. Quand on sait qu’une bonne action réalisée pendant le mois de ramadan peut obtenir jusqu’à 700 fois sa récompense, mieux vaut multiplier les bonnes œuvres et délaisser au maximum ce qui les annule ! Quant à la médisance et la calomnie, le Prophète a dit : « Le calomniateur n’entrera pas au Paradis. » Avant de parler de quelqu’un, demandez-vous si la personne aimerait entendre ce que vous dites ou si ça lui ferait de la peine ou la mettrait en colère. Et si quelqu’un commet ce péché devant vous, sachez qu’écouter des paroles médisantes est aussi un péché. Évitez autant que faire se peut d’avoir ce type de conversations, qui n’entraîneront que la moquerie ou la haine. Au contraire, utilisez votre langue à bon escient. Profitez des moments où vous patientez, dans votre voiture, dans les transports ou ailleurs, pour prononcer le nom d’Allah. La pratique du dhikr – l’évocation du nom de Dieu – est cruciale pour se rappeler la présence du Créateur, qui nous voit même si nous ne Le voyons pas ! La langue est alors en train de nous rapporter de bonnes actions et de nous rapprocher de Dieu. Pour ce faire, vous pouvez, par exemple, répéter très souvent « Soubhanallah wa bihamdihi wa soubhanallah al 3adhim », qui signifie « Gloire à Dieu et toute louange soit à Lui et Gloire à Dieu l’Immense. » Dans un hadith rapporté par Boukhari, le Prophète a dit que ces deux phrases sont « légères sur la langue, mais lourdes sur l’échelle des récompenses et chères à Celui qui dispense la Grâce ». Vous pouvez aussi dire « la ilaha ila Allah » : « Il n’y a point de divinité digne d’adoration en dehors de Dieu. » Faisant partie de l’attestation de foi, c’est une des paroles les plus méritoires, quand elle est dite avec le cœur.
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DES YEUX SOUS CONTRÔLE
Le jeûne du ramadan ne s’effectue pas uniquement avec son ventre, mais aussi avec certaines parties du corps. Ce n’est pas seulement notre estomac que nous privons ! Tout comme pour la langue, la vue devra aussi jeûner. On évite, par exemple, de regarder avec insistance des hommes que l’on trouve séduisants, ou des scènes sexuelles à la télévision. L’excitation peut vite monter, et l’on peut risquer, dans le pire des cas, d’annuler notre jeûne. On peut utiliser sa vue comme moyen d’augmenter ses bonnes œuvres, en lisant le Coran ou d’autres livres religieux et en mémorisant certaines sourates.
SOYEZ INDULGENT AVEC VOUS-MÊME
Réaliser un programme avec des objectifs peut être productif, afin d’avancer et de faire évoluer sa foi durant ce mois béni. Mais veillez à ne pas trop en faire et à ne pas trop en attendre de vous-même. Si, au début du mois, vous visez des objectifs nobles mais très difficiles à atteindre, revoyez-les légèrement à la baisse. Certes, le mois de ramadan est un moment propice pour multiplier les bonnes œuvres et pour gagner un maximum de hassanates mais la constance est importante. Si vous transformez complètement votre pratique religieuse habituelle en ajoutant énormément de choses à faire, vous risquez de vous essouffler rapidement. Le ramadan est comme un marathon. Il faut tenir tout un mois. Même si à l’échelle d’une année cela semble peu, avec la fatigue du jeûne et les journées longues, un mois peut être long. Mieux vaut œuvrer moins que vous ne le souhaitiez mais avec tout votre cœur et votre sincérité, que de réaliser des prières mécaniques sans concentration, tellement la fatigue se fait sentir.
ÉVITER DE COMMETTRE UN PÉCHÉ PEUT RAPPORTER GROS
Si vous n’êtes pas toujours très productive, sachez que vous empêcher de pécher vous apporte aussi de bonnes actions. Plusieurs facteurs entrent en compte. Selon l’importance du péché et surtout, selon le degré de résistance et les efforts pour ne pas céder, vous pouvez gagner énormément de bonnes œuvres. En gros, plus vous êtes tentée et parvenez à résister, plus vous serez récompensée ! Le jeûne du ramadan engage tout notre corps et notre esprit. L’un ne va pas sans l’autre. Il s’agit d’un mois particulier, où tout doit être mis en œuvre pour maximiser les chances de réussite ! Ne vous surchargez pas trop mais misez sur l’essentiel : une intention renouvelée et saine, et un bon comportement, pleinement au service de Dieu.
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