De nos jours, les différences culturelles, religieuses des couples mixtes ne sont plus un frein à leur épanouissement. Pour le Ramadan, par exemple, certains le font par conviction, d’autres pour accompagner ou ne jeûnent pas du tout avec leur bien aimé (e). Au sein de ses unions, chacun se sent libre de pratiquer les rites et coutumes de l’un et de l’autre.
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De nombreux couples mixtes font le Ramadan ensemble par solidarité ou parce que eu l’un des deux partenaires et converti. Certains ne le pratiquent pas du tout et cela ne pose aucun problème au sein même du foyer. Bien que la question du Ramadan ne semble pas poser de problème pour ces unions, en revanche, l’entourage, peut parfois s’interroger et juger ce couple qui essaye de vivre sereinement ses différences et ses croyances.
Anne : « J’ai commencé à jeûner sans conviction avant de pratiquer par amour pour la religion »
« Je suis issue d’une famille athée qui n’a jamais cru en Dieu. Je ne connaissais pas la religion musulmane avant de rencontrer mon mari. Les premières années, j’ai passé le Ramadan à ses côtés et il m’expliquait pourquoi jeûner était important, le contexte, l’origine, l’histoire… Comme quand on est enfant, je n’ai pas commencé à jeûner d’un seul coup. Après notre mariage, c’était d’abord un accompagnement. Je mangeais avec lui. Notre couple est mixte et notre religion fait partie intégrante de notre famille maintenant. Mohamed est quelqu’un de très pieux, très impliqué dans la religion son mode de vie et ses valeurs sont d’ailleurs toutes liées à la religion. C’est un homme bon avec des principes et c’est pour cela que je l’ai épousé. Je me suis intéressé à l’Islam grâce à tous ces éléments. Il m’a fait découvrir et aimer sa religion parce que je n’ai trouvé que des points positifs. Il m’a semblé que cela faisait de lui une meilleure personne. Il a été vraiment pédagogue aussi sans m’imposer ses convictions. J’ai posé des questions et il a su y répondre. J’ai commencé à jeûner avec des convictions au décès de mon papa, il y a quatre ans. Un moment révélateur pour moi, car très difficile à gérer, j’étais triste, je ne m’en remettais pas. Mohamed m’a beaucoup aidé en me disait que Dieu était avec nous. De manière spirituelle, j’avais l’impression de me rapprocher de mon papa en étant au plus proche de Dieu et de la religion. Ma relation au Divin est d’ailleurs très intime. Personne dans ma belle famille, y compris mon mari, ne me demande si je jeûne, ou si je suis musulmane. Même ma maman ne me pose pas la question. Le problème du couple mixte est que les gens ne peuvent pas comprendre ce que nous faisons. Une partie va dire, c’est bien et c’est normal, car son mari est musulman et l’autre va se demander pourquoi je fais le Ramadan en tant qu’européenne ».
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Aïcha, 27 ans : « J’ai commencé à jeûner à la suite de ma conversion et avant de me marier ».
« J’ai épousé un Marocain et c’est le second Ramadan que nous faisons ensemble. Convertie depuis trois ans, j’apprends, petit à petit, à la fois ce qui relève des pratiques de la sunna, mais également du registre des traditions marocaines. Par exemple, les difficultés liés à la cuisine du f’tour et s’hour ou encore le fait de devoir toujours aller chez la belle famille même quand on aurait besoin d’une rupture du jeûne calme. Nous vivons au Maroc et cette année, pour la première fois depuis le covid, les prières de Tarawih sont autorisées dans les mosquées. Cela est une vraie bénédiction. Spirituellement, c’est un mois que je vis comme une recharge de batterie, comme un moment propice à une »remise sur les rails » pour la lecture du Coran, notamment. Ce qui a été difficile au début était vraiment de tenir tout ce mois avec un rythme différent, surtout physiquement, car il faut jongler entre le travail et les prières. Un autre point pour lequel il faut faire attention, c’est : l’alimentation. Il faut d’abord préparer et savoir quoi manger afin d’éviter les maux de ventre à cause d’abus de nourriture, ensuite. Faire le Ramadan dans un pays musulman dans lequel la majorité des personnes pratiquent le jeûne m’a beaucoup aidé. Je pense que si j’avais été en France j’aurais eu plus de mal à tenir, car la solidarité est réellement un vecteur qui aide à »se mettre dans le mood ». On entend plus le Qur’an, les mosquées sont là et nombreuses pour Tarawih. Je fais mes autres prières à la maison avec mon mari sauf iicha, à la mosquée. Je suis enseignante et les emplois du temps au travail sont adaptés, ce qui facilite aussi le côté organisationnel.
Pour conclure, je ne peux pas dire que les choses aient été faciles dès le début, mais que par Grâce je peux vivre le Ramadan dans un pays qui encourage à vivre pleinement ce mois ».
Inès, 31 ans : « mon mari jeûne avec moi depuis le début de notre relation »
« Je suis mariée à un homme d’origine malgache. Ces parents sont d’obédience protestante et nous sommes ensemble depuis 10 ans. Je suis d’origine algérienne et de confession musulmane. Nous sommes mariés depuis environ deux ans. Mon époux n’est pas converti et je ne lui ai jamais demandé de le faire, car on se convertit par conviction et non pour quelqu’un. Pourtant, c’est lui qui m’a poussé à reprendre de manière sérieuse le jeûne, la prière, quand je les avais un peu délaissés. Lorsque nous avons commencé à nous fréquenter, je n’étais pas pratiquante. Ensuite, quand notre relation est devenue sérieuse, il m’a encouragé à renouer avec la religion. Lui n’est pas pratiquant. Il a juste constaté que me plonger dans le dine me fait du bien, m’apaise. Il a alors décidé de jeûner avec moi pour m’accompagner de façon psychologique même quand nous n’étions pas encore mariés. Lors du premier confinement, pendant le Ramadan, nous prenions notre pause déjeuner au parc. Cette période nous a fait beaucoup de bien à tous les deux. Cette démarche nous a permis de nous retrouver autrement qu’autour d’un repas. Nous avons davantage partagé nos idées, discuté plus longuement, nous étions plus reconnectés l’un à l’autre. Nous nous sommes rapprochés différemment, même si nous étions toujours ensemble pendant le premier confinement ».
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