D’après Abû Hurayrah, le Prophète a dit : « (…) Veille à ce qui t’est profitable, demande l’aide d’Allah et ne faiblis pas. Et si un malheur quelconque te touche, ne dis pas : “Si j’avais fait telle chose, cela se serait passé de telle ou telle façon…”, mais dis plutôt : “telle est la prédestination d’Allah ; et ce qu’Il a voulu, Il l’a accompli”, car “si” ouvre la voie aux suggestions du Diable. » Le sixième et dernier article de la foi islamique est la croyance au destin… Mais doit-on le subir comme une fatalité ? Peut-on le provoquer ? Le déjouer ? Des Gazelles nous livrent leur point de vue.
Lire aussi : Ce ramadan qui a tout CHANGÉ
« Tout est écrit, on n’a pas à se prendre la tête »
« Pour moi, le destin, c’est tout ce qu’Allah a écrit, du fœtus jusqu’à la mort. Je crois au destin, cela fait partie des six piliers de la foi. J’y ai toujours cru, et plus encore avec le temps, car ma foi augmente. On peut le provoquer : par exemple, le travail ne viendra pas à nous tout seul. Il faut faire des sabab (causes) avant : préparer les lettres de motivation, le CV, aller postuler. C’est ce qui engendrera une réponse. Avec le recul, les expériences de vie, on se rend compte que tout est écrit, on n’a pas à se prendre la tête. Bien des fois j’ai désiré des choses que je n’ai pas obtenues. Finalement, je me dis qu’Allah m’en a préservée, et il m’a, avec le temps, accordé beaucoup mieux. J’ai de nombreux exemples autour de moi qui font que je n’ai pas de doute sur le destin. Notamment celui d’une amie marocaine qui enseignait l’arabe en France sous contrat. Après plusieurs tentatives de rencontres amoureuses, toutes infructueuses, ses papiers ont expiré. Elle a été obligée de rentrer au Maroc, au bout de sept ans. Elle était déçue, mais Allah lui destinait un homme qui l’attendait là-bas. Elle est heureuse et vient de mettre au monde son premier enfant, à plus de 40 ans. Ces expériences de vie augmentent ma croyance dans le destin. C’est une question de foi. C’est un escalier à prendre. Je ne crois pas que quelqu’un qui n’a pas la foi puisse croire profondément au destin. »Assya, 29 ans, Laval
« Ne pas attendre sans faire aucun effort »
« Je crois que l’on peut choisir de subir ou de provoquer son destin. Les évènements qui peuvent nous arriver ne sont pas toujours sous notre contrôle, mais c’est notre façon d’agir face à eux qui fera la différence. Le destin, ce sont toutes les épreuves, les rencontres et les joies qui font notre propre histoire. Nous pouvons créer ces évènements avec les choix que nous faisons au cours de notre vie, mais des éléments extérieurs peuvent aussi les orienter. J’ai toujours cru au destin mais, avec mes expériences, j’ai appris que je pouvais le provoquer et ne pas être dans l’attente que les choses arrivent à moi sans faire aucun effort. À une période de ma vie, j’étais entrée dans une routine. J’ai alors choisi de prendre des risques en changeant de métier et en m’installant seule dans une autre ville. Si j’avais attendu mon destin, je n’aurais pas pris cette décision et j’aurais continué à m’apitoyer sur mon sort. » Najat, 35 ans, Alençon
Lire aussi : “Mon homme et moi n’avons pas le même degré de foi”
« Le destin, c’est une fatalité, bonne ou mauvaise »
« Pour moi, le destin, c’est une fatalité, qu’elle soit bonne ou mauvaise, l’impossibilité d’user de son libre arbitre pour influer sur sa propre vie. Je ne pense pas que l’on puisse le provoquer, puisqu’il n’y a pas de place pour la décision personnelle. Ce qui devait arriver doit arriver. Toute décision prise est déjà prévue, on ne peut pas déjouer son destin. Le jour de la mort de ma grand-mère, je rentrais de voyage en avion avec un cadeau pour elle. La pensée de sa mort m’est venue à l’esprit d’une façon bien particulière, alors même qu’elle n’allait pas spécialement mal. J’ai appris son décès en posant les valises chez moi. J’y ai vu un signe du destin qui m’a fait prendre conscience de son existence. » Kahina, 31 ans, Villejuif
« Le destin se comprend avec le recul sur la vie »
« Nous sommes nés avec notre destin. Tout est écrit : “les plumes ont été levées, l’encre a séché”, dit un hadith. Ce que Dieu t’a destiné, tu l’atteindras. Il y a plusieurs chemins possibles : certains sont longs, d’autres chaotiques ou facilités. Dès mon jeune âge, je me faisais de l’argent en coupant les cheveux à mes proches et à mes voisins. Puis, j’ai quitté ma ville de province pour Paris. De là, je n’ai pas retouché à une paire de ciseaux pendant vingt ans. Je ne sais pas pourquoi. Ouvrir un salon à Paris aurait été difficile et j’étais préoccupée par autre chose. J’ai laissé ça dans un coin de ma tête. J’ai emprunté un autre chemin. Les années ont passé ; j’ai travaillé auprès de personnes âgées. Mais j’ai l’impression qu’Allah m’a destinée à la coiffure. J’ai récemment suivi une formation spécialisée dans le lissage et le soin du cheveu avec une grande marque. Tout est allé très vite, Dieu m’a facilité ce parcours. Moi qui ai toujours voulu être à mon compte, je propose aujourd’hui mes propres services de coiffure. Je dois maintenant développer mon affaire, et Inchallah Dieu me guidera. Le chemin a été plus long, mais avec le recul, je me dis que je devais passer par certaines étapes, que si j’étais restée dans ma petite ville de province, je n’en serais peut-être pas là. Aller à Paris m’a permis de gagner en maturité, de rencontrer mon mari et d’avoir deux beaux garçons. J’ai vécu des épreuves qui m’ont renforcée dans ma foi. Pour moi, le destin, ça ne s’explique pas, il se ressent. Et se comprend avec le recul sur la vie et en écoutant les témoignages des autres sur leur destinée. Ils donnent à réfléchir. » Fatma, 44 ans, Le Blanc-Mesnil
La Sounnah et le destin
D’après Ibn Mas’oud, le Prophète a dit : « Certes, chacun de vous, lorsqu’il est créé dans le sein de sa mère, est d’abord pendant quarante jours, une goutte de sperme (Noutfa), puis devient une adhérence (‘Alaqa) pendant une semblable durée de temps, puis enfin durant un même laps de temps, devient un embryon (Moudgha). Là-dessus, l’ange lui est envoyé, qui insuffle l’âme, et il est ordonné à celui-ci d’accomplir quatre commandements, à savoir d’inscrire les moyens de vivre (du nouvel être), le terme de son existence, ses actions, enfin son malheur ou son bonheur futur. »
Lire aussi : LE MAUVAIS OEIL EST-IL LE BON ? 2