Reconnue sur le plan international, Yaël Zarca, la plus célèbre danseuse orientale française remet sur le devant de la scène la question de la formation pédagogique et professionnelle de la danse orientale. Interview.
Quel a été ton parcours ?
Dès l’obtention de mon diplôme d’économie sociale et familiale, j’ai voulu devenir danseuse. J’étais complètement obnubilée par la danse orientale. Mes parents m’ont laissé l’opportunité de me consacrer pendant un an à cet art, même s’ils n’étaient pas vraiment ravis de mon choix… J’ai eu la chance de réussir et de leur prouver que ma passion pouvait devenir mon métier. Et depuis, ma mère n’a jamais cessé de me soutenir, de m’aider… Nous avons créé ensemble l’Association Sultana à Paris, pour organiser des événements de danse orientale et promouvoir cette discipline.
Qu’as-tu fait pour évoluer et te perfectionner ?
Pendant 2 ans, j’ai réinvesti l’argent gagné grâce à la danse dans une formation de danseuse et de professeur. J’ai suivi des stages avec différents professeurs de danse orientale. Puis, j’ai pris des cours particuliers pour travailler des aspects que l’on n’apprend pas ou peu en stage : la pédagogie, l’enseignement aux enfants, les rythmes de la musique orientale, mais aussi l’arabe, la mise en scène… Aujourd’hui encore, je continue à me former.
Aujourd’hui, tu mets en place une formation destinée à l’enseignement de la danse orientale. A qui s’adresse cette formation et qui peut s »y inscrire ?
Cette formation s’adresse aux danseuses orientales et aux élèves de niveau avancé désirant évoluer vers le métier de professeur de danse orientale. Elle s’adresse également aux professeurs déjà en activité souhaitant approfondir leurs connaissances et perfectionner leur enseignement. Elle est destinée à un public qui n’a pas forcément fait des études secondaires : elle s’adaptera donc pour être accessible à toute personne motivée désirant vraiment améliorer sa pédagogie et ses compétences de professeur.
Quels en sont les objectifs ?
Le but de la formation n’est pas d’apprendre à danser ni même d’améliorer sa technique, mais d’acquérir les connaissances, les méthodes et la pédagogie nécessaires pour transmettre et dispenser un enseignement de qualité. Elle ne saurait évidemment pas remplacer une formation en continu, mais elle donnera des bases solides aux stagiaires.
Comment se déroule la formation ?
La formation professionnalisante se déroulera du 8 au 14 juillet 2012 avec 6 professeurs. Elle comprendra 7 modules de 4 h 30 (35 heures de présence sur 7 jours). À la fin de la formation, un certificat de participation sera délivré.
Quelles sont les qualités que l’on est en droit d’attendre d »un bon professeur de danse orientale ?
Pour commencer, il faut être pédagogue : la meilleure danseuse peut être la pire des professeurs (inversement, une danseuse moyenne peut devenir un excellent professeur) ! Enseigner n’a rien à voir avec danser sur scène. Il faut connaître le corps, le comprendre, savoir aider les élèves à prendre conscience du leur. Il faut également connaître la culture de la danse orientale (les styles, la musique, les artistes qui l’ont marquée, etc.) et savoir la transmettre. Enfin il faut savoir être à l’écoute de ses élèves, les respecter et les encourager.
Quels conseils offrirais-tu aux personnes qui rêvent de faire ton métier ?
Ne jamais cesser de travailler et de se former, ne jamais se croire « arrivée » ! L’apprentissage, c’est toute la vie. Cette formation professionnalisante est une excellente base pour apprendre à enseigner ou perfectionner son enseignement, mais elle ne saurait tout remplacer. L’apprentissage doit se poursuivre après la formation, sans parler du travail pour améliorer et conserver son niveau technique.
Qu’aimerais-tu dire à des non-initiés pour leur donner envie de découvrir et d’apprécier la danse orientale ?
La danse orientale est une danse magnifique, d’une grande richesse et d’une grande variété, que tout le monde peut pratiquer pour son plaisir. J’ajouterais que ce n’est pas juste des pas et une technique ; c’est une histoire, une culture, une musique… Mais je leur dirais aussi que quand on veut dépasser le niveau d’un loisir pratiqué en dilettante, c’est un art exigeant qui nécessite beaucoup de travail et de rigueur !
Tu danses un peu partout dans le monde. As-tu des souvenirs qui se démarquent ?
J’en ai de nombreux, car j’ai la chance de vivre des moments uniques et inoubliables en enseignant et en dansant dans des pays aux cultures très variées. Je citerai quand même trois souvenirs marquants :
En 2010, ma première invitation en Asie, au Japon. J’étais très fière de voir toutes ces affiches publicitaires avec mon nom en japonais, et du surnom que m’ont donné les danseuses japonaises : « Yaël Himé », « Princesse Yaël ». En 2011, j’ai été choisie pour danser à la prestigieuse soirée de Closing du Festival Ahlan Wa Sahlan du Caire : un honneur habituellement réservé aux danseuses travaillant en Egypte et à quelques grandes artistes internationales. J’étais très fière de représenter la France, accompagnée d’un grand orchestre. Un honneur certes, mais aussi beaucoup d’émotion et de pression. En 2011 également, j’ai enseigné pour la première fois à Kuala Lumpur, en Malaisie. Mes stages étaient complets, et il y avait parfois plus de 100 stagiaires dans la salle. C’était la première fois que j’enseignais depuis une estrade, avec un micro sans fil à la Madonna ! Impressionnant !
As-tu des envies, des rêves, des projets artistiques en cours ? Peux-tu nous les confier ?
J’ai pleins d’envies, de rêves et j’ai la chance de les réaliser un à un ! L’année dernière, j’ai autoproduit mon premier DVD pédagogique de chorégraphie « Drum solo » et j’ai également ouvert avec ma famille une boutique en ligne de tenues pour les cours de danse orientale (www.yaelzarca-collection.com). Cet été aura donc lieu pour la première fois notre formation professionnalisante, et en décembre, je serai sur scène, à Paris, pour mon premier spectacle solo (KENOUZ MASREYA, « Trésors égyptiens »), accompagnée d’un orchestre. Ce sont deux projets très ambitieux, mais aussi très excitants, et je m’y consacre entièrement pour l’instant.
La formation « ENSEIGNER LA DANSE ORIENTALE : THÉORIE, CULTURE, MÉTHODES ET PÉDAGOGIE » aura lieu cet été à Paris. Plus d’Informations> :
www.yael-danse.com