Par besoin ou souhait, par moment ou perpétuellement, certaines personnes préfèrent leur propre compagnie à celle des autres. Contrairement aux idées reçues, elles ne souffrent pas, bien au contraire, elles semblent renaître et s’épanouir dans leur solitude. Les causes de ce retrait ? Elles sont multiples, mais quand la solitude est bénéfique, elle permet souvent de réaliser une profonde introspection.
De nos jours, la solitude est encore perçue comme un phénomène « anormal ». Pour beaucoup, préféré rester seul est perçu comme négatif et est souvent synonyme de morosité, dans les esprits. Pourtant, certaines personnes ne se sentent vraiment bien qu’en s’isolant des autres. Il s’agit en réalité d’une solitude choisie et non subie, contrairement à ce que beaucoup pourraient croire. Pour tenter de comprendre le fonctionnement de ces personnes, on peut se demander pourquoi elles préfèrent rester seules. Beaucoup se sentent mieux qu’avec elles-mêmes. Rester seules leur permet de réaliser une profonde introspection, de prendre du temps pour soi et du recul. La solitude leur procure un grand bien-être, elle leur permet de puiser les ressources nécessaires pour continuer d’avancer ou traiter des difficultés dans leur vie. Contrairement aux idées reçues, les personnes qui aiment être seules savent ce qu’elles veulent et dans quelle direction elles souhaitent aller. Elles sont fortes de caractère, pensent et réfléchissent énormément. Vouloir s’éloigner des autres est souvent lié soir à la personnalité ou à des expériences sociales peu réussies.
« Blessée de nombreuses fois, je ne veux plus accepter d’amis dans ma vie »
Parfois, pour se remettre de leur blessure, certaines personnes ne trouvent la quiétude que dans la solitude. C’est le cas de Naïma, 42 ans, qui a été profondément déçue, et à plusieurs reprises, par des personnes en qui elle avait confiance. « Je reste seule par choix et pour m’éviter bien des problèmes. J’ai un grand cœur et fais confiance trop vite, alors pour me protéger, j’évite de me lier d’amitié. Cela ne m’empêche pas de rester sympathique, bien au contraire, mais je mets très vite des limites aux personnes qui souhaitent être mes amies. Je sais que cela peut sembler méchant, voire pire, égoïste, mais après avoir pensé au bien-être des autres durant plusieurs années, je me focalise sur mes propres besoins, à présent. J’ai connu des gens qui prétendaient m’apprécier, mais profitaient juste de ma générosité. Je leur accordais non seulement beaucoup de temps à les écouter, mais dès qu’ils avaient besoin d’argent, par exemple, j’accourrai aussitôt. Ils n’étaient jamais présents pour moi, ne serait-ce que pour me soutenir dans mes problèmes. Cette situation, je l’ai vécue à plusieurs reprises et avec différentes personnes. Mes déboires amicaux ont duré sur plusieurs années, jusqu’au jour où je me suis dit que cela ne pouvait plus durer. A force de me retrouver seule, j’ai commencé à apprécier ces moments passés en introspection. Ces remises en questions douloureuses devenaient nécessaires et même salvatrices. Depuis, je ne me vois pas autrement que seule. Je n’ai pas besoin de la validation de qui que ce soit pour faire mes choix, par exemple.
Sarah, 34 ans : « Je fuis les personnes toxiques »
« Je ressens le moindre changement dans le regard, l’intonation des gens. Je suis quelqu’un d’entier et je ne sais pas faire semblant. Dès qu’un comportement me déplaît, je ne m’en cache pas et je fuis les gens. Je n’ai pas vraiment d’amis et je n’en veux pas spécialement. Si une personne veut se lier d’amitié avec moi et que je la sens trop pesante, je mets immédiatement une barrière. Je prends mes distances en lui expliquant tout simplement les raisons, ou pas. Je pars du constat que certaines relations amicales sont fatigantes pour ne pas dire épuisantes et je ne supporte pas qu’une personne puisse entraver ma vie. Il est nécessaire pour moi de ne pas avoir de personnes sur mon dos. J’ai besoin d’espace, d’être seule souvent pour pouvoir me retrouver. Entourée de personnes, j’ai le sentiment de ne pas pouvoir penser par moi-même, d’être toujours influencée par elles ou leur attitude. J’aime être libre d’agir comme je l’entends sans être jugée, surtout ! J’ai toujours préféré la solitude, même pour aller voir un film ou manger un bon burger au restaurant. Tous ces dictats sociaux qui stipulent que l’on serait toujours mieux entouré pour être dans une pseudo « normalité » m’écœurent. Quelle idée de mettre tout le monde dans des cases ? »
Sherazade, 31 ans : « Quand j’en éprouve le besoin, je m’isole »
« Je ne suis pas de nature solitaire, mais j’apprécie remettre mes idées au clair de temps à autres. Je m’isole pour faire le point sur ma vie, sur mes soucis, mais aussi pour tenter de rebondir et d’aller de l’avant. Parfois, je m’absente même quelques jours pour me ressourcer. Ma famille sait que j’ai besoin de ces pauses solo pour revenir en meilleure forme. Je suis quelqu’un qui me fatigue vite émotionnellement. Je suis présente intensément pour mes proches, mais une fois épuisée, je ne peux m’empêcher de partir, souvent sans prévenir, et je me coupe réellement de tous. Au début, lorsqu’ils ne me connaissaient pas, certains de mes amis étaient assez surpris que je puisse les « ghoster » aussi facilement, sans donner signe de vie, pas même répondre au téléphone et revenir comme par enchantement. Dès que je leur ai expliqué mon fonctionnement, ils ont compris que mon attitude n’était pas une réaction due à une attitude déplaisante qu’ils auraient pu avoir à mon égard mais que j’avais besoin d’espace pour respirer un peu. Parfois, je ne peux je ressens une envie irrépressible de respirer loin de tous et même de mon mari ainsi que de mes enfants. Alors, je m’en vais, cela choquera peut-être certains mais je ne me sens mieux que de cette manière. Cependant, je tiens à rassurer mon entourage et ceux qui liront mon témoignage, j’aime de tout mon cœur ma famille et mes amis et cela ne signifie aucunement que je les délaisse. »
Cette solitude n’est pas forcée, mais choisie. Pour certaines personnes, il n’y a pas d’inconvénient à aimer s’éloigner des autres quelque temps ou pour longtemps. Loin d’être rigides, celles et ceux qui choisissent d’être seuls ne sont pas forcément introvertis. Ils peuvent tout à fait être sociables et apprécier la compagnie des autres sans rechercher leur validation, ni leur reconnaissance… D’ailleurs, quand on a un ami qui apprécie se retrouver seul, il est recommandé de respecter son besoin de s’isoler. En revanche, il est possible, de lui faire comprendre, que nous ne sommes jamais trop loin s’il a besoin de notre présence quand il en éprouvera le besoin.