Elles ont choisi, du jour au lendemain, de tout quitter pour aller vivre dans un pays musulman. Pour Gazelle, elles ont décidé de raconter ce grand saut qui a changé toute leur vie et qu’elles assument pleinement.
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Chaque année, de nombreux musulmans décident de quitter l’Hexagone pour se rendre en « terre d’Islam » en espérant y trouver une sérénité qu’ils ont perdue en France. Qu’ils désirent pouvoir pratiquer au mieux leur islam ou qu’ils soient lassés par les actes islamophobes, ils choisissent de renoncer à leur vie ici pour partir s’installer dans un pays musulman.
« On n’est pas désiré ici »
Depuis les récents attentats qui ont eu lieu en France, certains musulmans ne se sentent plus en sécurité. Entre la peur d’être victime d’une attaque terroriste et la montée de l’islamophobie, beaucoup ne supportent plus cette double peine qui leur est imposée. « En juin 2016, je suis allée en vacances à Marrakech dans l’optique de quitter la France. J’avais besoin de changement et d’une meilleure qualité de vie pour ma fille et moi-même. Je n’en pouvais plus du climat d’insécurité qui régnait là-bas et surtout, je me sentais oppressée, j’avais l’impression de toujours devoir me justifier sur tout. Pourtant, je suis française. D’origine marocaine, je suis née et j’ai grandi en France. On nous démontre bien, chaque jour, qu’on n’est pas désiré. » À 37 ans, Hanane a donc décidé de signer un bail locatif et d’inscrire sa fille de 7 ans dans une école française au Maroc. « De retour en France, j’ai libéré mon appartement, j’ai contacté un service de déménagement pour l’étranger et j’ai pris un container. Le 1er août 2016, on était définitivement installées au Maroc. À peine un mois plus tard, en septembre, j’ai pris un bail commercial et j’ai créé et ouvert ma boutique à Marrakech. » Comme Hanane, Sabrina en avait marre du climat qui régnait en France et rêvait de meilleurs horizons.
« J’ai quitté la France en 2009 et je suis allée m’installer en Angleterre. J’ai tout de suite été surprise par l’ouverture d’esprit des gens et leur respect envers toutes les cultures. Bien sûr, il y a des imbéciles partout mais pour la grande majorité, l’expérience a été fantastique. J’y ai passé cinq ans puis je suis allée m’installer en Égypte pour le travail. J’ai choisi un pays arabe parce que j’avais envie d’apprendre la langue. Finalement, je me suis mariée et j’ai eu un enfant. »
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Vers une terre d’Islam
« Un jour, mon fils a prononcé bismillah avant de manger à la cantine. Quand je suis allée le récupérer, on m’a fait une leçon de morale en m’expliquant que l’école est laïque et que nous n’avons pas à dire de telles choses. Donc je dois dire à mon fils qu’il ne doit pas être musulman à l’école ? » Un peu comme un élément déclencheur, cette anecdote, parmi tant d’autres, a poussé Mylène et son mari à quitter la France pour une destination où ils pourraient vivre leur islam en toute sérénité et inculquer à leurs enfants les valeurs qui leur sont chères. « Notre choix de faire la hijra a été motivé par notre envie d’éduquer nos enfants en terre d’Islam et de pouvoir leur offrir une meilleure qualité de vie. Il faut se rendre à l’évidence, en France, ils veulent éduquer nos enfants comme ils le veulent et non pas comme nous le voulons, nous. Nos droits en tant que musulman sont bafoués. J’ai la chance d’être mariée avec un Tunisien, donc le choix du pays s’est imposé à nous. L’installation s’est faite très rapidement ; entre la décision et le déménagement, il s’est passé à peine deux mois. Aujourd’hui, nous en sommes très fiers. C’est un plaisir au quotidien d’entendre le adhan, de pratiquer sa religion sans regard malsain. Ici, nous sommes comme tout le monde. » Comme Mylène et son mari, de plus en plus de musulmans choisissent d’aller vivre dans un pays musulman pour pouvoir y vivre leur foi. Khadija n’a pas encore sauté le pas mais elle y songe sérieusement. « Je suis voilée et ici tout est plus compliqué pour moi, aller à la piscine ou même trouver du travail est un parcours du combattant. Je suis constamment jugée pour ma tenue et non pas pour mes compétences ou pour ce que je suis. Et c’est de pire en pire au fil du temps. J’envisage de partir en Angleterre ou à Dubaï. Je sais que, là-bas, je serai acceptée comme je suis. » Et, même si tout n’est pas tout rose après le départ, rares sont ceux qui souhaitent revenir.
Un départ sans regret
Si elle avoue volontiers être reconnaissante d’avoir la possibilité de revenir en France, notamment pour les soins médicaux, Sabrina tient tout de même à mettre les choses au clair concernant la prise en charge. « Contrairement à ce que pensent certaines personnes, je paie tout moi-même. Je peux me le permettre et ça ne m’intéresse pas de profiter du système. » Mais, malgré ces allers-retours, elle ne regrette pas du tout sa décision d’être partie vivre à l’étranger. « Je reviens en France deux fois par an, j’ai même accouché de ma fille ici, avec une super équipe dans une super maternité. Je sais que je n’aurais pas eu ce traitement en Égypte, mais je ne reviendrai jamais m’installer ici, j’ai beaucoup trop de rancœur ! » Comme elle, Mylène ne regrette absolument pas son départ et elle est bien décidée à rester en Tunisie. « Au quotidien, c’est parfois pesant car j’ai tout laissé en France, ma famille, mes amies mais aussi le confort, il faut l’avouer. Mais, finalement, le plaisir de voir mes enfants grandir heureux me fait tout oublier. Ici, ils sont épanouis. Et puis, il y a le téléphone, les conversations vidéo et les visites, donc avec le temps, on s’y fait. En Tunisie, et spécialement à Djerba, je ne me suis jamais sentie étrangère contrairement à la France, où on m’a déjà dit à plusieurs reprises de retourner dans mon pays alors que mon pays, c’est la France et ça restera toujours
la France. »
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