La relation maman-enfant et le cadre éducatif s’exposent à tous dans les parcs, les transports en commun, les écoles, mais aussi sur les réseaux sociaux. Autant de situations favorables au mom-shaming : chacun se sent légitime pour juger et commenter les agissements des parents avec leurs enfants. Des remarques qui tendent à culpabiliser et à stigmatiser les mamans.
De nombreuses idées circulent sur la manière d’éduquer les enfants, sur ce qu’est un bon parent. Ainsi, la famille, les amis et les mêmes inconnus s’octroient le droit de dicter le comportement à avoir avec les enfants… sans y être invités. Ce phénomène s’appelle mom-shaming (honte signifiant « honte » en anglais). « Le mom-shaming ne se traduit pas uniquement dans les paroles. Il peut également être exprimé à travers une attitude ou un regard insistant ou peu bienveillant, pour ne pas dire mauvais. La plupart des mamans font du mieux qu’elles peuvent et certaines traînent de lourds bagages derrière elles. Nous ne connaissons pas tous les facteurs qui expliquent quint les choix, les actes ou les réactions de chacun face aux situations de la vie quotidienne. On peut dire que tel acte ou tel comportement peut avoir des conséquences plus ou moins néfastes, mais en aucun cas nous ne pouvons qualifier ou définir quelqu’un en fonction de ceux-ci. Nous préférons les personnes tentées de critiquer à ne pas prodiguer de conseils s’ils ne sont pas demandés. Puis nous préférons les réfléchir à leurs intentions avant de parler. Ce que vous allez dire at-il vraiment pour intention d’aider ? Par empathie avec la personne concernée ? Ou simplement pour assumer quelque chose en vous ? », expliquent Mika et Mina, fondateurs de Muslim Parents Academy. Ce que vous allez dire at-il vraiment pour intention d’aider ? Par empathie avec la personne concernée ? Ou simplement pour assumer quelque chose en vous ? », expliquent Mika et Mina, fondateurs de Muslim Parents Academy. Ce que vous allez dire at-il vraiment pour intention d’aider ? Par empathie avec la personne concernée ? Ou simplement pour assumer quelque chose en vous ? », expliquent Mika et Mina, fondateurs de Muslim Parents Academy.
« Les gens me reprochent d’avoir donné une éducation stricte »
Sana, 38 ans, deux enfants de 21 et 20 ans. « J’ai longtemps été critiquée pour avoir donné une éducation très stricte à mes enfants. Certaines personnes n’ont jamais compris pourquoi je ne les laissais sortir jamais seuls avant qu’ils atteignent l’âge de 16 ans. J’ai commencé à surprotéger mes enfants à cause d’un événement tragique survenu dans ma vie, en 2008 : j’ai perdu une cousine dans des circonstances dramatiques. Elle a été assassinée. Jeune maman à l’époque, j’ai voulu éloigner mes enfants des dangers de la vie et les empêcher de faire de mauvaises rencontres, d’avoir de mauvaises influences… Aujourd’hui, même si parfois je me dis que je les ai peut-être trop empêchés d’avoir une existence de jeunes de leur âge, je suis fière de ce qu’ils sont devenus. Ils ont réussi, suivi de hautes études.
« Je suis critiquée parce que mes enfants n’ont pas le même père »
Hassiba, 40 ans est maman de deux enfants de 9 et 6 ans. Elle a eu ses enfants de deux unions différentes. « Les gens me reprochent d’avoir été mariée deux fois et surtout d’avoir choisi d’avoir un autre enfant. Pour eux, ce n’est pas bien d’avoir des enfants de pères différents, car ils vont sûrement être perturbés et me le reprocher un jour. Pourtant mes enfants le vivent très bien, ils sont soudés et solidaires. Ils s’entendent très bien et ne m’ont jamais fait de remarque à ce sujet. Beaucoup me disent que c’est parce qu’ils sont encore petits, que ce n’est pas sain pour eux… J’ai un peu une image de femme instable qui collectionne les hommes. Parfois, j’en suis triste, j’ai honte, mais je me ressaisis vite en me disant que le plus important est qu’ils se sentent aimés et non abandonnés. »
« Je subis constamment des remarques »
Mariam, 27 ans, entend comme beaucoup de mamans différents types de critiques directes et indirectes. « Un jour, une femme a entendu mon bébé pleurer dans sa poussette. Elle s’est approchée et m’a dit « il ne faut pas faire ça » en enlevant le cache de la poussette ! Il y a ensuite les remarques ponctuelles de la famille. Ma mère m’a dit que je suis trop démonstrative d’amour pour mon deuxième bébé, que je devrais faire ça en privé. Certains proches ne disent pas directement les choses, mais ils nous jugent parce qu’on ne fait pas comme eux. Ils se proposent de le faire à notre place, par exemple : « Tu veux que ton père rase la tête de ton fils ? » « En fait, nous sommes des esclaves pour eux » et « ils font de la comédie », des propositions présentées par ma cousine parce que je consolais mon fils qui venait de tomber alors que j’étais au téléphone avec elle. »
Derière leur écran les gens peuevnt dire des méchancetés
Anne est maman de deux enfants de 3 et 6 ans avec qui elle propose des programmes sur Instagram. « Je reçois souvent des messages de personnes que je ne connais pas qui me disent : « ta fille ne fera pas d’études vu qu’elle est sur les réseaux sociaux », « elle sera sûrement enceinte à 16 ans »… Je pense qu’elles disent tous ces mots pour vexer, blesser. Ce qui est surprenant, c’est qu’en face, je n’ai jamais de critique. Parfois, j’ai envie d’arrêter mais lorsque je vois que cela n’affecte pas la vie de mes filles, je continue. La plus grande apprécie les réseaux sociaux, mais la plus jeune moins. Je respecte leur choix à toutes les deux et surtout je ne les force pas à faire ce dont elles n’auraient pas envie. Malgré tout, je continue d’être critiquée. »
S’armer pour faire face au jugement des autres
Halima Ouasti, éducatrice de jeunes enfants, soutien à la parentalité, autrice de plusieurs e-books au sujet de l’éducation
Pour s’épanouir dans son rôle de maman et répondre aux besoins de son enfant, il faut en premier lieu prendre soin de soi, travailler son amour propre, s’autoriser à ne pas être parfait, se donner du temps, demander parfois à être s’étendant auprès de son enfant. Il est important d’aller chercher les informations auprès des professionnels diplômés, formés et expérimentés. Disposer de « bonnes » connaissances concernant l’éducation des enfants est nécessaire afin de pouvoir élever les sens de manière cohérente. Il ne faut jamais se dénigrer, avoir honte ni être gênée de ne pas tout savoir. Il faut se détacher du regard des autres en se protégeant, en préservant ce qui se joue dans sa famille. Communiquer de manière non violente, créer sa propre formule, donner du sens à ce que l’on fait avec son enfant sont essentiels. La cohérence dans vos agissements au quotidien avec votre enfant éloignera les jugements et les critiques. Penser l’éducation de votre enfant et le considérer en tant que tel vous permettra d’être en adéquation avec ce que vous souhaitez. Il faut enfin se questionner sur ce que l’on souhaite transmettre de notre héritage éducatif, afin de ne pas commettre les mêmes erreurs que nos parents. Et puis, il faut libérer la parole, soutenir la parentalité.