Photo Bella Hadid, lors de la remise des prix Fashion Trust Arabia Prize 2022 au Qatar.. Elle était revêtue de la robe capuche confectionnée par Azzedine Alaïa, en 1986
Rien ne vaut l’original
C’est la robe qui a rythmé les red carpet : Margot Robbie à l’avant-première de Babylon, Jenna Ortega au défilé Saint Laurent, Lara Worthington au bras de son mari pour son film Avatar 2 ou encore Malala aux Oscars 2023. Cette année la capuche était de sortie ! La plus iconique étant la robe Saint Laurent de 1991 portée par Miley Cyrus dans son clip Flowers. Durant la Fashion Week 2022 ou même ce lundi 1er mai au Met Gala, les stars ne cessent de revêtir la capuche.
Le précurseur de ce mouvement c’est le mannequin Bella Hadid qui a porté une robe noire Alaïa de 1986 lors de la remise des prix Fashion Trust Arabia Prize 2022 au Qatar. Mais d’où vient cette idée de robe à capuche ? Et bien c’est une tendance des années 1980 lancée par le styliste tunisien Azzedine Alaïa. Renommée la « hooded dress », elle rappelle la coutume du voile portée par les femmes au Moyen-Orient et au Maghreb. Loin de son stéréotype d’enfermement de la femme, le voile devient peu à peu une nouvelle façon d’assumer sa féminité.
Un styliste de génie
La robe à capuche à fait son entrée dans le monde de la mode durant les années 1980, créé par Azzedine Alaïa pour sa muse Grace Jones. Arrivé à Paris dans les années 1950 en pleine guerre d’Algérie, ses débuts ont été difficiles. Pourtant, le styliste tunisien a su attirer l’œil des célébrités comme Naomi Campbell qui le décrit comme un père. Ayant suivi des études de sculpture aux Beaux-Arts de Tunis, art qu’il pratiquait avant de manier les ciseaux, Azzedine Alaïa connaît bien les courbes du corps. Connu pour ses tenues près du corps qui épousent la silhouette, il a remporté deux Oscars de la mode. Son inspiration venait de son histoire : des drapées tout en relief incorporés à ses créations, rappelaient le monde sculptural, ou encore la robe à capuche inspirée du voile que les femmes portaient dans sa jeunesse, à Tunis. Avec ses tenues, il a su révéler le potentiel de la silhouette féminine. Tout en simplicité, ses robes deviennent une seconde peau et offrent une nouvelle forme de nudité. En outre, le couturier nous a rappelé que la tête faisait elle aussi partie du corps et qu’elle mérite d’être sublimée comme la poitrine ou la taille.
« Je continue d’être fasciné par le corps, tout le corps, et en particulier la chute des reins et le derrière, qui est souvent plus intéressant que la poitrine. » (Azzedine Alaia)
Une coutume ethnique devenue une tendance internationale
Synonyme de kaira pour les banlieusards, extrémisme religieux pour les femmes qui l’ont revêtu, le voile ou la capuche ont longtemps été bannis de la sphère publique, et cela continue encore.
Si pour certains, se couvrir la tête est un geste à éviter, la mode a su révéler la beauté de cette coutume. Quelles que soient les régions et les époques, se couvrir la tête a toujours été de rigueur, synonyme de modestie et de pudeur. Aujourd’hui, son sens est multiple : beauté mystérieuse, alliant streetwear et élégance, la capuche est un accessoire de choix ! Elle ajoute une touche de mystère tout en allongeant la silhouette pour la sublimer. Avec cette tenue on recouvre une partie du corps pour mieux révéler ce qu’on ne remarquerait pas au premier regard.
Longue, courte, dos ouvert, mousseline ou dentelle, le modèle a été revisité de toutes les façons possibles. Intégrée dans une robe fourreau comme l’original de Grace Jones, la capuche est une nouvelle forme de transparence qu’Azzedine Alaïa offrait déjà à la mode.
Au fil des années, les plus grandes maisons de coutures comme celle de Tom Ford, ont repris la tendance de la capuche pour leur collection, faisant d’elle, un pièce de mode intemporelle.
Yamina Benchikh-Lehocine