La sieste est un sport national dans les pays chauds, notamment au Maghreb. Combien de temps doit-elle durer pour être vraiment efficace ? Que dit la religion sur cette pratique de repos ? Y a-t-il des hadiths qui interdisent de dormir après le ‘asr ou le maghreb ? Le prophète Muhammad s’adonnait-il à la sieste ? Par ici, les réponses.
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Ta reda wa ta meda, ta a3cha wa ta mecha » ; « Fais une petite sieste après ton déjeuner, une petite marche digestive après ton dîner. » Le vieil adage arabe est plein de sagesse. Et pour cause… Du latin hora sixta, qui signifie « sixième heure », la sieste désigne donc le sommeil qui est observé en milieu de journée, vers la sixième heure du jour, mais aussi, et plus généralement, toute forme de repos pris en cours de journée, par opposition au sommeil de la nuit.
Si en Occident, dans l’imaginaire collectif, la sieste reste associée à la paresse ou la perte de temps, la tradition est bien ancrée sous certaines latitudes, notamment dans les pays chauds. Comme au bled, où le rituel est bien rodé… Soleil au zénith, tous les hanouts ferment, l’activité est ralentie… Pratiquement tout le monde s’adonne au petit roupillon. Au Japon, c’est même un art de vivre ! La sieste est admise partout. Nombre d’entreprises l’ont rendue obligatoire quand certaines disposent même de leur « salon de sieste ». Les multiples bénéfices du « p’tit somme » n’ont plus à être prouvés. Dans son ouvrage Les Bienfaits de la sieste (éditions Dangles), Sébastien Marc, spécialisé dans le domaine de la santé naturelle, décomplexe cette pratique de repos, « trop souvent mise à la marge par nos sociétés éprises de vitesse et d’immédiateté, alors qu’un Français sur deux manque de sommeil ». L’auteur révèle tous les bienfaits que la sieste apporte à la fois au corps et à l’esprit. Amélioration de la concentration et de la vigilance, stimulation des fonctions cognitives et de la mémoire, elle remédie à la fatigue chronique et à certains troubles du sommeil.
Elle agit comme un antistress. En effet, la fatigue entraîne une augmentation du taux du cortisol, l’hormone du stress. Il nous arrive parfois de nous sentir stressés alors que nous sommes tout simplement fatigués. L’antidote à l’augmentation du taux de cortisol est l’hormone de croissance, dont la sécrétion est assurée grâce au sommeil. L’habitude de la sieste tient ainsi un rôle à ne pas négliger comme remède naturel antistress. Autre atout : elle facilite la visualisation créatrice et l’écoute intérieure grâce à l’isolation du monde extérieur et au ralentissement de l’activité mentale. Sans oublier son action bénéfique au niveau cardiovasculaire, musculaire… et immunitaire, car la sieste influe directement sur la quantité de cellules naturellement tueuses (cellules NK), créées par l’organisme en cas de défense contre les agressions par des corps étrangers. Mieux reposé, l’organisme est plus à même de se défendre contre les différentes infections (allergies, maladies virales…)
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UNE RECOMMANDATION PROPHÉTIQUE
De nombreux récits rapportent que le prophète Muhammad pratiquait la sieste, en arabe, al qayloula signifiant « le repos en mijournée », entre les prières de dohr et de ‘asr, qu’il soit accompagné ou non d’un sommeil. En temps d’expéditions, parfois sous un arbre et même le vendredi, le Messager d’Allah et ses compagnons pratiquaient al qayloula, considérée comme une sunna. D’après les érudits musulmans Al Boukhari et Muslim, Anas a révélé : « Nous faisions la prière de Joumou’a avec le Prophète, puis nous retournions chez nous pour faire la sieste. » Ce laps de temps de repos leur permettait notamment de mieux veiller la nuit et d’effectuer des prières surérogatoires nocturnes. C’est en ce sens que Ishaq ibn ‘Abdoullah a dit : « La sieste relève des bonnes choses. Car elle renforce le cœur et donne la force nécessaire pour bien pratiquer les prières nocturnes. » D’après Anas, le Prophète de l’Islam a dit : « Faites la sieste car certes les chayatins ne font pas la sieste. » Elle est donc conseillée pour se démarquer des diables. Certains imams expliquent que la sieste ne veut pas forcément dire dormir profondément, mais peut simplement être le fait de se reposer en s’allongeant, voire en fermant les yeux.
COMMENT RÉUSSIR SA SIESTE ?
Ainsi, il existe différents types de siestes, qui se distinguent essentiellement par leur durée. Il n’est en tout cas pas nécessaire de pratiquer une longue sieste pour qu’elle soit régénérante. Quelques minutes déjà suffisent à redonner une fraîcheur d’esprit. Allongé sur le dos, sur le ventre ou replié en chien de fusil, effondré dans la nature ou sur son bureau, le front posé sur le revers des mains, confortablement installé sur un canapé ou une chaise longue… peu importe ! La condition première se résume à créer un contexte favorisant la transition vers un état de relaxation mentale. Un environnement favorable contribuera à s’octroyer des moments de sieste réussis. Isolez-vous dans une pièce agréable et aérée. L’éclairage est important : privilégiez des ambiances de pénombre.
« Ne négligez pas l’intérêt des gestes préparatoires au sommeil, agissant comme des rites de passage de l’état de veille au sommeil : comme des étirements, une respiration volontairement ralentie et régulière, l’écoute d’une musique douce », préconise Sébastien Marc. Fermez les yeux et détendez-vous physiquement et mentalement : zappez les dossiers du boulot, vos déboires conjugaux, la liste des courses, les bobos des enfants, les notifications de votre smartphone, les sollicitations des amis… Ce moment est à vous, PRO-FI-TEZ-en ! Une séance de sieste peut commencer par un message, avec son ou sa partenaire par exemple. Seul(e), adonnez-vous à des automassages préalables, qui permettent un état de relaxation rapide.
Plus on répond à l’appel de notre organisme aux signes de fatigue, plus la sieste sera réparatrice. Il n’y a pas d’heure exacte pour la faire, simplement une écoute de soi et savoir y répondre. Mais, « plus on l’effectuera à un horaire fixe, mieux ce sera pour l’organisme, qui enregistrera alors cette donnée et réalisera par habitude un complexe travail hormono-organique à notre intention », rappelle Sébastien Marc. Au sortir de la sieste, ne brisez pas la dynamique par une agitation trop brusque. Étirez-vous tranquillement comme un petit chat pendant quelques minutes. Puis, en vous levant, faites des gestes amples d’ouverture des bras, tout en inspirant et expirant profondément. Se frictionner la peau avec les paumes des mains stimulera et réveillera votre organisme. Allez, n’ayez plus de complexes à vous faire bercer par les bras de Morphée après le déjeuner. C’est une sagesse prophétique qui n’est pas seulement réservée aux bébés et aux pépés !
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