Appel au boycott, manifestations, tweets intempestifs … La montée en puissance des tensions entre le monde musulman et Macron ces dernières semaines expliquée en 4 actes !
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Depuis les différents propos tenus par Emmanuel Macron, le monde arabe y voyant des attaques ciblées contre les musulmans, les appels au boycott des produits français se multiplient. Comment en est-on arrivé là ? Décryptage en 4 actes.
Acte I/
Le 2 octobre, Macron présente le projet de loi de son gouvernement contre le « séparatisme ». Un projet de loi qui vise ce que Macron appelle le « séparatisme islamiste » qui, selon lui, a créé une culture parallèle en France, qui rejette les lois et les normes françaises. Il déclare également que l’Islam est «une religion en crise dans le monde entier».
Suite à ce discours les français musulmans se sentent encore une fois pointés du doigt. A travers le monde musulman les propos du président ne sont pas mieux vécus et suscitent l’indignation tant sur les réseaux sociaux qu’au sein des institutions religieuses.
Acte II/
C’est dans un contexte déjà sous tension et de stigmatisation ambiante qu’a lieu l’effroyable assassinat du professeur Samuel Paty par un jeune homme de 18 ans. Le 16 octobre, le professeur d’histoire à Conflans-Sainte-Honorine a été retrouvé décapité devant le collège parce qu’il avait montré des caricatures du prophète à ses élèves. Un acte ignoble commis par le jeune terroriste après avoir vu une vidéo sur les réseaux sociaux d’un père d’élève indigné par le fait que le professeur montre la caricature en classe. L’horreur de l’acte place le pays en état de sidération, l’occasion cynique d’une récupération politique pour détourner l’attention.
Acte III/
S’ensuit une accélération des actions du gouvernement à l’encontre d’associations musulmanes et d’associations qui agissent contre l’islamophobie. A grand renfort de tapage médiatique, l’exécutif déclare la dissolution de certaines de ces structures en les accusant d’extrémisme religieux, provoquant l’incompréhension des français musulmans.
Des effets d’annonces dont la stratégie politique évidente est de détourner la colère de la population et de contrer toute accusation de manque d’action contre le terrorisme par des dérives autoritaires. Une « chasse aux sorcières » aux airs de punition collective à l’encontre des musulmans et non des terroristes.
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Acte IV/
Le monde musulman s’indigne de ces dérives et des propos jugés outrageant vis à vis de l’Islam et des musulmans. Rapidement, on assiste à une montée en puissance des tensions.
Lundi, Erdogan a appelé à un boycott des produits français en Turquie. Il a également comparé le traitement des musulmans en Europe à celui des juifs avant la Seconde Guerre mondiale, affirmant qu’ils faisaient l’objet d’une «campagne de lynchage».
En Israël, environ 200 personnes se sont rassemblées devant l’ambassade de France pour condamner Macron.
La Jordanie et le Pakistan ont tous deux convoqué l’ambassadeur de France dans leur pays pour exprimer leur mécontentement. Le Premier ministre pakistanais Imran Khan a accusé le dirigeant français d’avoir choisi d’encourager le sentiment anti-musulman.
L’Université du Qatar a reporté un événement culturel français, affirmant que son administration considérait les insultes à l’Islam et à ses symboles comme inacceptables.
Au Koweït, un certain nombre de magasins ont retiré de leurs rayons des produits français comme le fromage Kiri, l’eau pétillante Perrier et le yaourt Activia.
De son côté, Macron reçoit le soutien des dirigeants européens. « Ce sont des propos diffamatoires qui sont totalement inacceptables, en particulier dans le contexte du meurtre horrible du professeur Samuel Paty par un fanatique islamiste », a déclaré le porte-parole de la chancelière allemande Angela Merkel, Steffen Seibert.
Les Premiers ministres de l’Italie, des Pays-Bas et de la Grèce ont également exprimé leur soutien à la France, tout comme la présidente de la Commission Européenne, Ursula von der Leyen.
Bien que les savants musulmans aient condamné les caricatures, ils ont également cherché à freiner la montée de la colère.
Le conseil supérieur des religieux d’Arabie Saoudite a publié une déclaration disant que la diffamation du prophète Mohammed ne sert que les extrémistes qui veulent répandre la haine. Tout en dénonçant les insultes contre l’islam, les religieux ont également cité dans leur déclaration «la miséricorde, la justice, la tolérance» du prophète.
Le chef de la Ligue mondiale musulmane, basée en Arabie Saoudite, Cheikh Mohammed al-Issa a appelé au calme en déclarant sur une chaîne d’information saoudienne que les musulmans ne devraient pas réagir de manière excessive.
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