Alors que tout allait bien dans leur vie, des Gazelles ont été confrontées au mauvais œil. Pour elles, tout a basculé et leur quotidien est devenu un enfer. elles nous racontent cette épreuve à laquelle elles ont dû faire face.
Lire aussi : 10 versets du Coran à méditer
Tout le monde connaît ce regard appuyé et rarement bienveillant lancé par une personne jalouse ou envieuse. Parfois même, il vient d’un proche en qui on a toute confiance. Un regard qui est suivi d’une maladresse, d’un verre qui se casse ou d’un accident plus important. Là où cela peut paraître anodin, le mauvais œil touche régulièrement une même personne, au point de gâcher toute une vie. Une accumulation de problèmes « Je me suis fiancée quatre fois et, chaque fois, on finissait par annuler quelque temps avant le mariage. » À 36 ans, Sarah a l’impression d’être passée à côté de sa vie. Elle qui rêve de fonder une famille n’en peut plus de vivre désillusion sur désillusion. « Quand je réfléchis, il n’y a jamais de vraies bonnes raisons qui font que ça se termine. Ce sont des futilités que l’on n’arrive pas à résoudre et c’est tout. Depuis cette histoire, je crois beaucoup au mauvais œil et à la sorcellerie. Dans ma famille, on est un peu maudits et on galère pas mal. Ma mère a eu des problèmes avec la famille de mon père, ils nous en veulent et ils sont capables de tout. J’ai l’impression qu’ils sont jaloux de nous. » Pendant des années, la jeune femme a eu beau se démener, il y avait toujours comme une force invisible qui pesait sur ses relations amoureuses, lui faisant accumuler les échecs.
Comme Sarah, Maroua en est persuadée, c’est la jalousie de son entourage qui a fait basculer sa vie. Alors que la jeune femme menait la vie parfaite, tout s’est effondré autour d’elle. « J’avais 22 ans et, franchement, j’avais une vie de rêve sans aucune ombre au tableau. J’avais un travail que j’aimais et je préparais mon mariage avec l’amour de ma vie. Du jour au lendemain, j’ai tout perdu. D’abord mon travail, alors que j’étais en pleins préparatifs de mariage. Ç’a été une catastrophe mais je me suis dit que j’allais bien finir par trouver autre chose et qu’il y avait plus grave dans la vie. Et j’avais bien raison ! Quelques semaines avant mon mariage, on m’appelle pour m’annoncer que mon fiancé a été tué dans un règlement de compte. Mon monde s’est effondré. » Pour elle, cet évènement a marqué le début d’une longue et douloureuse descente aux enfers. Comme une malédiction, elle a enchaîné les épreuves et a tenté d’y faire face tant bien que mal. « C’était horrible, j’ai fait une dépression, j’ai arrêté de sortir, de voir des gens, j’ai arrêté de chercher du travail, je ne faisais plus de sport, même la nourriture avait du mal à passer. Il m’a fallu des mois et des mois pour relever doucement la tête mais ce n’était que le début des catastrophes. J’ai trouvé un petit boulot, que j’ai gardé à peine quelques semaines à cause d’un accident du travail. J’ai eu plusieurs accidents de voiture, je me disputais tout le temps avec ma mère alors qu’on était très fusionnelles à la base. En fait, chaque fois que je tentais de m’en sortir, je prenais un coup encore plus fort. Et ça a duré des années ! »
Lire aussi : La rokya : 3 témoignages choc
Un mal Silencieux
Des années pendant lesquelles Maroua a encaissé les coups sans s’interroger vraiment sur l’origine de ses problèmes. Trop occupée à les gérer, elle n’a jamais pensé à se débarrasser du mauvais œil qui les causait. Jamais, elle n’a posé de véritable diagnostic dessus. « Je disais tout le temps que j’avais l’œil et que ce n’était pas possible d’avoir autant de galères, mais je le disais comme une façon de parler. Ça paraît prétentieux de dire que c’est à cause des jaloux que l’on n’arrive pas à avancer. Et c’est bizarre parce que, en vrai, on ne pense jamais que ses proches peuvent nous souhaiter à ce point du mal ou que des regards envieux peuvent avoir un tel impact. » Difficile de suspecter sa famille et pourtant, quand on parle de mauvais œil, ce sont souvent les personnes les plus proches qui en sont responsables, parfois sans même le vouloir. « J’ai vécu échec sur échec et, chaque fois, je me remettais en question. J’ai perdu ma confiance en moi et celle que j’avais envers les hommes. Au bout d’un moment, je me suis dit que j’allais passer ma vie toute seule. J’étais effondrée mais je n’avais pas le choix », raconte Sarah.
Une issue possible
Même si l’épreuve est de taille, cette situation n’est pas une fatalité. Avec beaucoup de bonne volonté, Sarah a réussi à s’en sortir. « J’ai fait le tri autour de moi, j’ai pris mes distances avec les gens qui ne me voulaient pas du bien. Je suis devenue plus discrète sur ma vie. J’étais à fond sur Facebook et sur Snapchat ; je partageais tout, mes voyages, mes sorties, mes achats… Comme tout le monde, en fait ! J’ai tout arrêté et ça a marché. Je me suis fiancée une nouvelle fois et, cette fois, je ne l’ai dit à personne, à part aux très proches. Ça s’est très bien passé entre nous et, quelques mois après, on s’est mariés ! J’ai annoncé mon mariage le plus tard possible. Ça n’a pas plu à tout le monde mais je m’en fous, j’avais besoin de me protéger. Je ne regrette pas du tout et je ne referai plus jamais l’erreur de montrer ce qui peut rendre jaloux. »
Maroua aussi a fini par s’éloigner de certaines personnes. À force de coups durs, la jeune femme a eu un déclic et elle a décidé de se reprendre en main. Le mauvais œil n’est pas qu’une légende et elle en a désormais bien conscience. « C’est mon cousin et sa femme qui m’ont dit d’aller voir un imam et de faire une roqya. Je me suis dit pourquoi ne pas tenter, je n’ai rien à perdre. L’imam m’a parlé de lui-même de mauvais œil ; j’avais tous les symptômes. Il m’a expliqué comment mettre les chances de mon côté pour m’en protéger. Je lis les sourates protectrices avant de sortir de chez moi, j’invoque souvent Allah en disant des choses comme : “Macha Allah, Soubhana Allah”… Finalement, cette épreuve a été bénéfique pour moi puisqu’elle m’a permis de me retourner vers l’islam. J’ai commencé la prière et je me suis éloignée du hram. Petit à petit, je me relève et j’avance dans ma vie. J’ai retrouvé un travail, acheté une petite voiture, je me réconcilie doucement avec ma maman. Je me reconstruis. »
Une reconstruction lente mais positive même si, six ans après la mort de son fiancé, la jeune femme n’est toujours pas prête à envisager une nouvelle relation. Le chemin est encore long.
Lire aussi : Ramadan, les habitudes à garder !