Deuil, ce mot qui ne sonne pas à l’oreille d’un sourd.
Le deuil, vivre le deuil au jour le jour, être en deuil ces termes qui veulent dire et signifier beaucoup de choses…
Être en deuil, cet horrible passage où larmes, tristesse, nostalgies, malaises, mélancolies, souffrances, rythment la vie d’une personne qui le vit.
Du haut de mes 38 ans, je n’arrive pas à me remettre du décès soudain de ma mère.
Un choc arrivé il y a quelques mois
Ma mère, ma tendre Maman qui m’a mise au monde est partie à jamais !
Elle s’est envolée tel un oiseau.
Aujourd’hui, l’inconscient travaille sans relâche dans ma tête, dans le subconscient.
Le subconscient travaille en m’offrant des maux au détriment des mots. Des mots qui ne sortent pas toujours comme on veut.
En effet, beaucoup de choses se bousculent dans ma tête : éducation inculquée, double culture, liberté de la femme, la vie de la femme en islam, vie de famille, mariage, enfants, joie, bonheur, présence, solitude… et j’en passe.
Je baigne entre la double culture et ce n’est pas toujours une partie de plaisir quand les parents ne font plus parties de ce monde.
Le pilier est partie, l’arbre de vie n’existe plus.
Ma mère m’a laissé un grand vide.
Une routine qui est partie d’un coup laissant place à une tristesse.
Une tristesse mêlant asthénie et douleurs physiques
Maman n’est plus là.
Quel chemin prendre depuis son départ ?
Telle est la question qui me hante l’esprit dès que les larmes arrivent….
Elle, qui me guidait. Elle qui voulait me faire un mariage digne des Milles et une nuit.
Une utopie aujourd’hui sans elle.
Une mère guide comme elle peut ses enfants. Chacun a sa propre relation avec sa mère.
Ma relation était unique avec elle surtout à l’âge adulte.
L’âge adulte : Le moment où le corps de la jeune femme laisse place au corps d’une femme. « Une madame » comme disait l’autre.
Ma mère était une amie et une confidente.
Elle remplaçait un mari, un petit copain… Je ne crois pas trop à l’amour et son corollaire la bienveillance donnés par un homme. Je pense qu’il faut d’abord se réaliser soi.
Un adage ou un verset coranique dit que le paradis se trouve sous les pieds de sa mère.
Je dirais la joie réside avec sa présence aussi même avec ses défauts.
Depuis sa perte, mon cœur est lourd par moment et ma tête se chauffe.
Cette perte fait que sans elle je suis comme un bateau perdu en mer sans phare à l’horizon pour réussir à retrouver une certaine joie de vivre.
Une belle relation mère fille s’était réellement tissée surtout depuis mon retour de l’étranger où j’ai pu me connaître.
Elle a apprécié me voir découvrir d’autres cultures
Elle aimait que je lui raconte mes aventures.
Elle avait cette curiosité de connaître les pays que je visitais pour du travail, pour des stages, pour des vacances…
Ces dernières années étaient de belles années en sa compagnie.
Elle me procurait une certaine force pour affronter la vie de tous les jours.
La société où règne aujourd’hui l’argent et la façade.
Maman était une personne noble, sociable, très généreuse, une » Mère Theresa à l’algérienne » !
Elle savait qu’il fallait donner, rendre service, écouter les gens même avec la barrière de la langue française (ma mère savait se faire comprendre).
Oui, toujours prête à aider son prochain.
Elle avait son caractère et son autorité comme toutes les mères.
Ma maman était très ouverte d’esprit, car on vit on France et l’intégration et la tolérance étaient les maîtres mots de la bonne attitude du quotidien.
Maman était pratiquante et tolérante avec ses enfants. Chacun était libre de pratiquer. Elle prônait un Islam modéré.
Aujourd’hui, je garde de sacrés souvenirs
Je suis nostalgique.
Tout me manque :
Les souvenirs, les bons moments passés ensemble,
Les repas partagés, les infusions bues ensemble accompagnées de délicieux gâteaux. Eh oui, maman était gourmande comme moi !
Je voulais tout lui faire goûter, elle qui ne connaissait pas tous les bons produits français et d’ailleurs.
La mesquinerie n’existait pas pour elle.
Je voulais lui faire goûter tout.
Les voyages en Algérie
Maman tu me manques !
Ton odeur me manque.
Ta voix me manque.
Tes plats me manquent.
Te visiter me manque
Je suis anéantie et envahies de pensées depuis ton départ
Tu es vite partie sans que nous ayons pu vieillir ensemble.
Le bonheur aujourd’hui qu’est-ce que c’est ?
L’essentiel… comme visiter ses parents.
La perte laisse place à une routine familiale envolée.
Maman,
Tu étais mon pilier ! Je m’en rends compte de plus en plus.
Tu étais la reine de la famille. Tu nous rassemblais surtout pendant les fêtes musulmanes.
Où vais-je trouver ça ?
Je pensais que le chagrin unissait, mais non.
La famille s’est déchirée de façon naturelle….
Je n’en veux à personne.
C est comme ça.
C’est ainsi.
Chacun a visiblement tiré sa couverture vers soi….
Chacun vit son deuil de son côté.
La communication familiale disparaît au détriment de quête de soi.
Chacun vit son deuil à sa façon.
Perdre ses parents fait tomber les masques de la fratrie.
Soi-disant être musulman, c’est aider.
Je n’y crois pas trop puisque la charge émotionnelle est dure.
L’humain n’a pas trop les forces ou l’énergie d’aider.
On est faible quand l’autre a trop de problèmes.
Juste la présence aide.
Je suis naïve, par moment en croyant qu’une personne religieuse, pratiquante puisse être bienveillante, gentille…
Des personnes héritent de biens immobiliers, d’argent moi j’ai hérité de valeurs et c’est le plus important.
Je suis adulte, mais je n’arrive pas à me remettre du décès soudain de ma mère.
Maman a dû être enterrée sans ses enfants suite à la situation sanitaire.
Nous n’avons pas pu accompagner le cercueil.
C’est un lourd fardeau qui rend encore plus difficile le deuil.
Quel chemin prendre depuis son départ ?
Ma mère me guidait. D’ailleurs, une mère guide comme elle peut ses enfants.
La mienne était une amie, une confidente.
Quand elle était encore vivante, je me rendais chez elle après le travail et nous passions du temps à discuter autour d’un verre de thé, de petits gâteaux… Elle savait si bien prendre soin de moi. Je suis la benjamine d’une fratrie de 9 enfants et j’étais encore très attachée à ma tendre maman. Elle m’écoutait, me conseillait, me soutenait dans les différentes épreuves que je traversais.
Mieux qu’une amie, je savais qu’elle au moins, ne me trahirait jamais. Ces dernières années étaient de belles années en sa compagnie. Elle me procurait une certaine force pour affronter la vie.
Vivre un deuil est lourd, le cœur est lourd.
la tête , le corps sont lourds
Les valeurs que tu as inculquées à tes enfants vont me suivre comme un interrupteur qu’on allume et qu’on éteint.
Tu as su nous transmettre le respect dans toutes les situations même les moins envisageables.
Pour toi il était important de respecter son ami, son collègue raciste et même son pire ennemi !
Maman, tu étais mon équilibre et à présent, je ne sais plus quelle direction emprunter sans toi.
SE REPETER le meilleur est à venir INCHALLAH
La patience est une vertu. Aujourd’hui, je suis en train de développer un autre rapport au monde qui m’entoure.
Je prends une autre dimension.
Je vis les émotions.
J’accepte ses émotions.
En vrai, je n’ai pas le choix.
Des émotions positives ou négatives surgissent sans rien demander.
La vie n’est malheureusement pas faite que de rires et de joies.
La mort est là. Cette dernière fait partie de la vie (qu’on le veuille ou pas !)
Même partie, je nourris dans mon esprit un lien fort avec ma mère (et même mon père parti il y a de nombreuses années). Mes parents me suivent… je le sens.
Ils sont là, dans ma tête.
Le conseil à donner : prendre du temps pour soi et s’entourer de personnes qui savent nous voir pleurer, gémir, rire.
Des gens qui ne jugent pas, mais qui sont bienveillants à leur façon.
Le reste, c’est du vent, des gens de passage !
Des personnes se sentent intouchables !
J’ai juste envie de leur siffler aux oreilles la maladie, la perte de vos parents vous attrapent comme un poisson qu’on pêche. Arrêtez de juger celui qui se plaint ou qui n’est pas bien.
PLEURER n’est pas une tare
Ne croyez pas que l’habit fait le moine.
Arrêtez de croire que l’argent fait le bonheur..
Le deuil est une sacrée lutte avec soi-même. Un sacré combat qui nous fait revenir aux choses essentielles de la vie (famille, religion, événement….)
Les épreuves font souffrir, mais mûrir et prendre la bonne direction.
Elles forgent et rendent heureux quand la pugnacité et l’endurance est là.
Le plus beau cadeau de mon éducation a été la FORCE.
Je te remercie MAMAN
Je garde une lueur d’espoir à ce que je vis ou vivrai.
Après la pluie vient le beau temps inchallah.
Le deuil n’a pas de recettes ou d’ingrédients à suivre.
Accepter ce que l’on vit !
Accepter de se faire aider par des professionnels.
Lire des ouvrages ou des témoignages (sans s’en imprégner, car chacun a son histoire et son deuil à lui).
Le deuil se vit à sa façon et on le traverse à sa façon…
Le corps vous interpelle de toute façon.
« J’écrivais des silences, des nuits, je notais l’inexprimable. Je fixais des vertiges.’ Rimbaud