Chaque vendredi du mois de Ramadan, Gazelle met à l’honneur une femme musulmane qui a marqué l’histoire. L’Islam au féminin, un rendez-vous qu’on a été ravies d’honorer durant ce mois sacré pour nous souvenir que l’Histoire a aussi été écrite par des femmes exceptionnelles et inspirantes ! Pour ce dernier rendez-vous de la série nous allons découvrir la femme à l’origine de la première université du monde, Fatima al-Fehri.
Issue du clan des Banu Fihr, membre de la tribu des Quraych, Fatima est née en 800 à Kairouan, en Tunisie dans une riche famille de marchands. Elle et sa soeur Myriam reçurent une bonne éducation et une instruction religieuse.
En 825 suite aux émeutes qui éclatèrent à Kairouan, toute la famille fuya au Maroc dans la ville de Fes, connue alors pour être une grande ville dynamique qui avait déjà accueilli beaucoup de réfugiés durant cette période de troubles.
Fatima était mariée et avait déjà deux fils à ce moment-là, ce qui lui valut le surnom d’Oumm al Banine, mère des deux fils. Son père, Mohamed al-Fihri réussit à faire prospérer ses affaires dans leur ville d’adoption.
Mais les épreuves ne s’arrêtèrent pas là pour Fatima, après avoir tout quitté en Tunisie, elle dût également faire face à la mort de son père et de son époux. C’est ainsi qu’elle et sa soeur Myriam héritèrent d’une fortune conséquente. Toutes deux décidèrent de dépenser cet argent au profit de la communauté. Ainsi, le premier jour du mois de Ramadan de l’année 859 Fatima lança la construction de la mosquée et de l’université accolée dans le quartier d’Al-Quaraouiyine. Myriam quant à elle dirigea la construction d’une mosquée dans le quartier al-Andalous. Fatima jeûna durant toute la durée des travaux, trois années. Sa dévotion et son implication à son projet furent totales, bien qu’elle n’ait eu aucune notion d’architecture elle participa activement aux choix des bâtisseurs et suivit de près l’évolution des travaux. Fatima nomma la mosquée-université en souvenir de sa ville natale, Quaraouiyine, les Kairouanais, la première université du monde tel que nous l’entendons de nos jours, une université encore active aujourd’hui.
La ville de Fes dont le rayonnement était déjà important s’en trouva encore élargie, l’université devint un lieu majeur de savoirs et de connaissances de cette époque attirant des érudits de toutes origines et religions. D’illustres figures de savants et de penseurs y ont fait leurs études comme Abul-Abbas, le juriste Muhammad al-Fasi, et Hassan al-Wazzan connu sous le nom de Leon l’Africain, le célèbre auteur et explorateur. Parmi les étudiants non-musulmans on peut citer Gerbert d’Aurillac qui devint le pape Sylvestre II, c’est lui qui a introduit le concept du chiffre zéro et la numérotation arabe en Europe !
Fatima mourut en 880, à l’âge très avancé pour l’époque de 80 ans. Son lègue est encore présent aujourd’hui dans les mémoires, il existe un prix Fatima Al-Fihiriya depuis 2017 à Kairouan qui récompense les femmes qui se distinguent à travers des réalisations scientifiques ou en occupant des postes de responsabilité au sein de la société. Il existe aussi un programme universitaire et une bourse en l’honneur de Fatima : « Erasmus Mundus Fatima al-Fihri », destinée aux étudiants universitaires d’Europe et d’Afrique du Nord.
Fatima al_Fehri, une femme exceptionnelle qui nous a laissé un héritage remarquable, son dévouement et son implication à son projet continuent de porter leurs fruits encore aujourd’hui, des siècles plus tard !