Le 9ème mois du calendrier hégirien commence demain, samedi 2 avril. Impossible de ne pas se souvenir des Ramadans passés. Si beaucoup les appréhendent, d’autres sont nostalgiques des moments qui les ont marqué et espèrent retrouver chaque année la même ferveur et le même engouement pour la pratique de ce mois béni
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Le Ramadan c’est le mois pendant lequel les croyants tentent de se rapprocher spirituellement de Dieu. Chacun redouble d’efforts pour que ce moment se déroule le mieux possible, en œuvrant de manière pieuse, en agissant sur son « nafs »… Si ce mois marque les esprits de manière cultuelle, il peut aussi laisser des bons souvenirs. Malgré les privations quotidiennes le Ramadan cache aussi de belles surprises et de bons moments vécus seuls ou à plusieurs !
Fatima-Zohra, 63 ans
« J’ai appris à cuisiner »
Le Ramadan est un mois de partage et c’est parfois à ce moment-là que certains parents décident de transmettre leur savoir à leurs enfants. Pour la maman de Fatima-Zohra, il s’agissait de la cuisine. « Vers l’âge de 10 ans, j’ai commencé à faire le Ramadan entièrement. A l’époque, les journées étaient longues, mais je me plaisais à faire comme les grands. Déjà, toute petite j’appréciais de tenir compagnie à ma mère dans la cuisine. J’essayais de prendre part à la préparation des repas dès qu’elle me le permettait. Je me souviens qu’un jour en plein Ramadan elle m’a demandé de la suivre dans la cuisine pour me montrer comment faire la « chorba ». A chaque étape de la préparation, j’étais traversée par une immense joie mais aussi par un sentiment de peur. Je craignais de rater le seul et unique repas de la journée ! Finalement, tout s’est bien déroulé, ma mère m’assistait et je suivais ses indications à la lettre. J’étais fière qu’elle me fasse confiance. Quand mon papa est rentré du travail, elle s’est empressée de lui annoncer que je venais de faire à manger pour le « f’tour ». Il m’a félicité à son tour. Ce jour-là, j’étais la petite fille la plus heureuse du monde», se remémore-t-elle. Un petit rien peut parfois suffire à rendre bien des personnes heureuses. D’ailleurs, ne dit-on pas que le bonheur se trouve dans les choses simples ? D’autres en revanche souhaitent patiemment l’arrivée d’un grand événement qui viendra bouleverser le cours de leur existence et lorsque celui-ci se produit durant le Ramadan, il semble tenir du miracle.
Myriam, 41 ans
« J’étais enceinte d’une petite fille ! »
Le Ramadan est souvent perçu comme un mois où la grâce Divine peut se manifester et cela, même en dehors de la nuit du Destin. C’est le cas de Myriam qui, savourant déjà l’annonce de l’arrivée d’un bébé tant attendu, a appris que son vœux d’avoir une fille allait se concrétiser. « Mon mari et moi, essayions d’avoir notre premier enfant déjà depuis cinq ans. J’ai toujours souhaité avoir une petite fille. Même si je sais qu’on ne peut pas choisir, je demandais à Dieu d’exaucer mes vœux matin et soir. J’étais enceinte de cinq mois, lorsque j’ai fait ma seconde échographie, celle où l’on peut découvrir le sexe de l’enfant. Nous étions à la moitié du Ramadan et bien que je ne jeûnais pas, j’observais tout de même les prières quotidiennes et la lecture du Coran. J’appréhendais fortement le jour « j ». Non seulement, j’avais peur des éventuels problèmes de santé que pourrait rencontrer bébé, mais je craignais aussi d’avoir un garçon. Lorsque la spécialiste a passé l’appareil sur mon ventre je n’avais qu’une hâte, connaître le sexe de mon enfant, mais avant cela, elle vérifiait les organes vitaux, le cerveau, le cœur, le foie… Au bout de quelques minutes, la gynécologue m’annonçait : « c’est une petite fille ! » J’ai éprouvé un grand soulagement et n’ai pas pu m’empêcher de sauter à son cou, tellement ma joie était immense. J’ai remercié Dieu et je le remercie encore d’avoir eu une adorable petite fille, qui a trois ans maintenant», se souvient la jeune femme. Si certaines personnes attribuent leur bien-être au fait d’avoir obtenu ce qu’elles désiraient tant, en revanche, d’autres n’attendent pas de grandes métamorphoses dans leur vie, si ce n’est gagner en sérénité. En effet, persuadées que le Ramadan est la meilleure période pour pouvoir réfléchir, certaines ont gardé un merveilleux souvenir du Ramadan qui leur a permis de faire le vide et de se concentrer sur l’essentiel : leur foi.
Baya, 29 ans
« J’ai découvert le Ramadan dans un pays musulman »
Bien des personnes décident de changer d’environnement en se rendant dans un pays musulman pour vivre avec intensité cette période bénie. Une fois sur place, elles décrivent souvent ressentir beaucoup de fraternité entre les gens qui jeunent tous pour une seule et même cause, celle de Dieu. C’est le cas de Baya, qui relate son histoire avec beaucoup de nostalgie. « En 2004, je suis allée passer le Ramadan, chez mes grands-parents, en Algérie. Le Ramadan que j’ai vécu au bled est de loin différent, voire meilleur que celui que j’ai l’habitude de passer ici. Là-bas, le jeûne prend tout son sens, il n’est pas machinal et le fait de me dire que je n’étais pas seule à le faire emplissait mon cœur de joie. Durant tout le mois, j’étais apaisée et bien que je n’ai eu aucune activité particulière, que les rues semblaient vides et sans âmes, à aucun moment je ne me suis ennuyée. Au contraire, je trouvais enfin le temps, d’écouter des « Dourous », à la télévision ou à la radio, je lisais le Coran, je faisais des prières surérogatoires, je me cultivais… Les derniers jours avant la fin, étaient tout aussi magiques, tout le monde courait dans les magasins, même en pleine journée, pour acheter le nécessaire afin de réaliser les gâteaux de l’Aïd, mais aussi de choisir de nouvelles tenues pour les enfants. J’ai vécu un mois aussi riche spirituellement, qu’humainement et je ne l’oublierais jamais », confie la jeune femme. Certains changements temporaires peuvent modifier de manière positive la vision de l’existence, mais ils ne sont pas les seuls. En effet, des modifications définitives peuvent aussi permettre à l’être humain de donner un sens plus profond, à sa vie et de ce fait marquer son esprit.
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Leila, 31 ans
« J’ai commencé la prière »
Pendant le Ramadan, chacun tente d’assimiler les enseignements religieux à son rythme et de mettre en pratique ses connaissances. Leila a appris la « sâlat » durant ce mois saint et nous confie qu’en se levant ce jour-la, elle n’avait formulée aucune intention de la commencer dans l’immédiat. « En 2001, j’étais en terminale et il m’arrivait de discuter avec des filles de ma classe en quête de spiritualité. Cette journée de cours avait commencé comme les autres, mais en fin de matinée, une matière avait été annulée, nous nous sommes donc retrouvées une de ces filles et moi, seules en salle de permanence, les autres élèves étaient dans la cour. Nous discutions de tout et de rien, lorsque tout à coup, elle s’est écriée : « Au fait, Leila, viens je vais t’expliquer comment faire la prière ! ». Elle était si enthousiaste que je n’ai même pas eu le temps de réfléchir. Je savais que le Ramadan sans prière n’avait aucune signification, mais je n’avais pas encore eu de déclic. J’acceptais donc et reproduisais tant bien que mal les différents gestes que ma camarade me montrait. Je me suis sentie bien en posant ma tête contre le sol et j’ai su qu’à partir de ce moment, je devais remplir ce devoir chaque jour et tout au long de ma vie. J’étais heureuse d’avoir appris quelque chose de concret. Aujourd’hui, je la fait toujours avec la même ferveur et lorsque je me souviens du premier jour, un petit sourire se dessine sur mes lèvres », rapporte la jeune femme.
Lorsque quelque chose survient durant le 9ème mois du calendrier hégirien cela lui confère un caractère d’autant plus exceptionnel. Cette particularité est en partie due à l’importance qu’accordent les croyants au Ramadan. Il est alors, plus facile de se rappeler de certaines anecdotes avec plus de détails.
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