QUAND ELLES DISENT OUI POUR LA VIE, C’EST UNE SEULE FOIS, POUR LE MEILLEUR ET POUR LE PIRE DIRONT LES PLUS ROMANTIQUES D’ENTRE ELLES ! MAIS QUELLE DÉCEPTION LORSQU’ELLES APPRENNENT QUE LEUR CHER ET TENDRE NE PARTAGE PLUS LA MÊME CONCEPTION DU MARIAGE À DEUX MAIS PLUTÔT À TROIS SINON PLUS… DÉSEMPARÉES ET TRAHIES, ELLES NOUS DÉVOILENT LE JOUR OÙ TOUT A BOUSCULÉ.
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UN VRAI CHOC POUR MOI !
« Lorsqu’il l’a annoncé devant sa famille, je l’ai vécu comme une épreuve terrible ! raconte Najoua. Après quatre ans de mariage, son projet de vie à trois m’a profondément choquée, surtout parce que nous sommes très complices… Je suis quand même la première concernée. » Rapidement, son homme tente d’offrir des réponses aux milliards de questions qui se bousculent dans sa tête. « Il m’a rassurée pendant de longues heures et m’a confortée dans l’idée que je ne perdrais jamais ma place… Cette co-épouse cohabiterait avec nous dans l’entente, l’entraide et le partage… Un soutien de taille pour moi qui travaille, une aide dans ma pratique religieuse, les tâches ménagères et les futurs enfants… Son souhait est de nous protéger mais vivre sous le même toit, cela sous-entend qu’il devra lui offrir une qualité de vie équitable et l’aimer autant que moi, même s’il affirme qu’il m’aimera davantage au vu du sacrifice que je ferai our Allah. Cela n’a pas suffi à calmer mes angoisses dues à l’annonce de son prochain mariage… Suis-je vraiment prête à l’accepter ? »
UNE EXCEPTION POUR DES SITUATIONS EXCEPTIONNELLES !
Pour le mari de Zina, c’était tout réfléchi sauf qu’il ne lui a pas demandé son consentement. « Dans ces conditions, comment voulez-vous l’accepter !, lance-t-elle. Ce n’est qu’après sept ans de vie commune et trois enfants qu’il m’annonce avoir épousé une seconde puis une troisième femme au bled qu’il compte accueillir ici… J’avais beau le ramener à la raison, il se défilait sans cesse. » Ne cautionnant absolument pas ce que son mari lui impose, Zina comprend encore moins la raison pour laquelle il est allé jusqu’à épouser trois femmes. « L’épouse et les maîtresses… Quand l’une est absente, les autres sont forcément là pour alimenter continuellement l’amitié et le désir. D’autant plus que nous gérer, c’est tripler charges et responsabilités dans une espèce de harem familial… soit encore, beaucoup plus de compte à rendre au Tout Puissant. Et comme la polygamie est dans l’Islam régie par des obligations, elle doit rester une exception pour des situations exceptionnelles… J’en souffre, j’aimerais tant qu’il revienne à l’essentiel, nous sa famille ! » Convertie et mariée depuis peu, Chanez, 22 ans, a découvert que son mari avait profité de leurs vacances au Maroc pour se remarier. « Ce fut comme un cataclysme même s’il m’a toujours dit qu’il en voulait une seconde. Je ne pensais pas que ça arriverait réellement… D’après lui, le rêve de tout homme, c’est d’avoir plusieurs femmes. Et dire que je ne rêvais que d’une vie simple avec mon mari… Mais là, c’est plus fort que lui, il ne renoncera jamais à ce droit et moi, je ne peux les lui revendiquer. » Coup de théâtre : la seconde épouse ignorait l’existence de Chanez. Sous le choc, elle a mis fin à l’union le lendemain des noces. « Tout est bien qui finit bien me diriez-vous mais moi, j’étais dévastée… On se remet difficilement de ces choses-là ! Je vis toujours dans la crainte qu’il recommence ses bêtises… J’espère qu’Allah me donnera la force de surmonter les épreuves. »
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Y A DE L’AMOUR MAIS PLUS DE DÉSIR !
Tout comme Chanez, Kayla, mère de deux enfants, déprime. « Ma foi en Dieu me maintient encore aujourd’hui. Nous en parlions souvent mais j’ai toujours refusé… Cette année, Karim, revenu de vacances, m’annonce qu’on lui a présenté une femme dans le but de la prendre en seconde épouse par charité ! Il l’a fait non seulement par altruisme mais aussi pour son équilibre m’a-t-il avoué. Or pour moi, c’est comme devenir la meilleure amie de mon mari : il y a de l’amour mais plus de désir ! » A ce prix-là, Kayla aurait préféré le divorce, mais elle s’en empêche pour le bien de ses enfants. Pourtant, sa famille refuse tout contact avec elle tant qu’elle ne sera pas séparée de Karim. « Les raisons pour lesquelles il a pris une seconde épouse, je les comprends. C’est la façon dont il a fait les choses qui me rend dingue. J’ai presque perdu la tête… Grâce à Allah je reviens à moi, avec la salat, la roqya et l’écoute du Coran au quotidien. Mais pour combien de temps encore ? », se demande la jeune maman. •
L’ÉCLAIRAGE DE LILA LEVY, PSYCHANALYSTE.
Alors qu’en France, le mariage polygame ne peut, selon le code civil, être contracté, pourquoi l’homme, toutes confessions confondues, pourrait volontiers s’unir avec une tierce épouse ? ►Ne pas confondre le mariage comme institution, ce qu’autorise ou non la société à un lieu et moment donné, et notre conception personnelle, ce que moi en tant qu’individu je décide ou souhaite faire. De là, on peut admettre qu’un homme décide de se marier à plusieurs femmes parce que la société l’y pousse plus ou moins implicitement, sans que pour autant cela corresponde à une aspiration profonde. A l’inverse, un homme ou une femme vivant dans une société interdisant ou condamnant moralement des situations de polygamie comme d’infidélité conjugale, pourront aspirer à opter pour ce mode de vie…Les critiques qui sont faites à la polygamie tiennent surtout à l’inégalité entre l’homme et la femme qu’elle induit dans les sociétés qui l’autorisent. C’est à l’homme qu’on attribue l’envie de vouloir vivre avec plusieurs femmes tel un droit réservé à l’homme et imposé à la femme. La polygamie serait perçue différemment s’il s’agissait d’un droit ouvert à l’homme comme à la femme requérant ainsi le consentement de chacun.
Est-ce que l’homme est profondément bigame voire polygame ? A moins qu’il existe d’autres raisons intrinsèques qui le poussent à l’être ?
’L’idée que l’homme voudrait nécessairement avoir plusieurs femmes est profondément intégrée. C’est le fantasme du harem attribué à l’homme.
L’être humain est ce qu’on appelle un animal social. Il est doté de pulsions qu’il est conduit à réprimer, sublimer, dépasser pour vivre en société. Il est tout à fait possible que l’être humain soit profondément habité par des pulsions animales et des désirs notamment sexuels qui peuvent le guider à vouloir être avec plusieurs partenaires… En revanche, présupposer ou imposer que tout homme est profondément ou intrinsèquement polygame est d’un autre ordre. Parce qu’il ne s’agit plus là de s’interroger sur l’être humain mais de s’imposer une vision schématique de la façon dont l’être humain pourrait gérer ses pulsions…C’est aussi une manière d’enfermer la femme comme l’homme dans des carcans.
Si telle est la volonté du mari, comment aider la première épouse à surmonter sinon à accepter (ou pas) la cohabitation ?
Il ne peut y avoir une réponse unique car chaque situation est différente… Ce second mariage a-t-il été contracté dans un pays qui l’autorisait ? La première épouse a-t-elle été avisée de la décision de son mari ? Vit-elle cette nouvelle comme une remise en cause de ses propres croyances, envies ou conceptions ? Il est essentiel d’y voir clair sur ce qui s’est passé, ce qui se passe… La décision, qu’elle soit d’accepter ou non ce que vivre cette situation signifie avant tout pour soi, ne peut être prise qu’après s’être confronté à soi-même. Il arrive que des personnes qui découvrent l’infidélité conjugale de leur époux au bout de plusieurs années et se sentent profondément blessées et trahies s’aperçoivent, après un travail sur elles-mêmes, qu’elles connaissaient cette situation sans pouvoir se l’avouer.
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