L’arrivée d’un nouveau-né bouleverse toujours l’existence d’un couple. Lorsque le papa décide de fuir et de ne pas reconnaître le bébé, la situation se complique. Plusieurs mamans d’enfants non-reconnus ont souhaité partager leurs expériences. Elles évoquent les difficultés rencontrées ainsi que leurs manières de les appréhender, dans un but toujours identique : celui d’apporter l’équilibre à leurs petits.
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Tenter une procédure
Certaines mamans tentent d’établir le lien entre ce papa absent et leur enfant, même lorsqu’elles entretiennent avec lui des relations conflictuelles. Lamia, 40 ans, évoque son expérience avec l’homme qui n’a pas souhaité reconnaître ses deux enfants : « Nous n’avons pas été mariés mais nous avons vécu une belle histoire d’amour. Lâche, il a souvent prétexté des soucis de famille pour ne pas reconnaître nos enfants. Il s’absente régulièrement, durant plusieurs mois, ne donne aucune nouvelle et reste injoignable. Puis il réapparaît. Un jour, il m’a accusée de l’avoir trompé et dit qu’il doutait d’être le père de mes enfants, affirmant qu’il était stérile. Mon fils, Hédi, qui a 9 ans, l’idolâtre, et comme je ne veux pas le faire souffrir, je le laisse penser ce qu’il veut de son père. Je ne le dénigre jamais devant lui. Quant à ma fille, Chérine, âgée de 18 mois, je pense qu’elle ne le connaîtra jamais. Elle est encore petite donc elle ne réclame pas sa présence. J’envisage d’entamer une procédure pour une reconnaissance de paternité, c’est pour cela que j’ai fait appel à un avocat. Même s’ils grandissent sans père, je souhaite que mes enfants puissent savoir d’où ils viennent. Mais je ne le forcerai pas à les reconnaître. Je n’ai pas besoin d’un homme comme lui dans ma vie, ni de son soutien financier. J’aimerais juste qu’il soit présent pour nos enfants, même si nous ne sommes plus ensemble. La seule relation en commun que nous ayons, c’est sa maman. J’entretiens avec elle de bons rapports. Lorsqu’ils seront plus grands, mes enfants seront en mesure de reprendre contact avec leur père et de lui demander éventuellement des explications », confie la jeune maman. Même si elles assument pleinement leur rôle de mère, la majorité des femmes aimerait pourtant que leurs enfants aient un papa et puissent grandir dans un environnement stable.
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Compenser le vide paternel
Parfois, le bonheur d’avoir un enfant se fait longuement désirer, jusqu’au jour où l’un des deux partenaires, impatient, décide de s’en aller… Imane, 38 ans, a été mariée durant huit ans. Avec son époux, ils ont essayé d’avoir un enfant, en vain. Le jour où la jeune femme a découvert sa grossesse, ils venaient de se séparer.
« Nous ne nous entendions plus. A la fin de notre relation, il avait même réussi à me convaincre que j’avais un problème, que je ne pouvais pas avoir d’enfant. Ce n’était pas le cas, puisque j’ai appris ma grossesse deux mois après notre séparation. Quand je lui ai annoncé que j’étais enceinte, il n’a rien voulu entendre. Il était persuadé que j’étais » allée voir ailleurs « . J’ai tenté d’arranger les choses, de le convaincre de tout recommencer à zéro, mais il a préféré divorcer pour ne plus avoir de contact avec moi. Il n’a jamais reconnu son fils qui a 3 ans aujourd’hui. Il rentre à la maternelle et j’appréhende les questions que lui poseront les autres enfants. Je crains qu’il se sente différent, qu’il se mette à souffrir de l’absence de son père… J’essaye de faire en sorte qu’il ne s’ennuie pas. Nous rendons souvent visite à la famille, il est très entouré, mais j’ai peur que cela ne suffise pas. Alors, j’ai pensé en parler à sa maîtresse, dès la rentrée, afin qu’elle m’informe des soucis éventuels qu’il pourrait rencontrer, dans sa situation. Par exemple, j’avais peur qu’il soit triste au moment de préparer le cadeau de la fête des pères. J’ai donc décidé d’anticiper et de demander à sa future institutrice de réaliser un cadeau pour son papy ou son tonton. En revanche, si je constate qu’il est peiné d’entendre les autres enfants parler de leur papa, je lui expliquerai qu’il a lui aussi un père, mais qu’il ne vit pas avec nous. J’espère que cela lui permettra de moins souffrir, autrement, j’irai consulter un pédopsychiatre, pour savoir comment discuter de ce sujet avec lui », indique la jeune femme. Il est en effet important d’utiliser les mots adaptés pour expliquer cette situation à son enfant. Lui expliquer qu’il est le fruit de l’amour avec ce papa qui ne l’a pas reconnu.
Déculpabiliser, une priorité
Amelle, 32 ans, est maman d’une petite fille. Au quotidien, elle veille à la protéger de la culpabilité qu’elle pourrait ressentir, parce que son papa ne l’a pas reconnue.
«J’ai connu le père de ma fille sur Internet. De là est née une belle histoire d’amour. Nous nous entendions à merveille et il voulait absolument que nous vivions ensemble. Il me disait même vouloir un enfant. Lorsqu’il a aménagé chez moi, j’ai découvert un autre homme, avec des antécédents psychiatriques. Il me l’avait caché mais à cause de son comportement, je commençais à m’en rendre compte. J’étais en contact avec son ex-femme, avec laquelle il avait une fille de 12 ans qu’il n’avait pas reconnue non plus. Pourtant, ils étaient mariés. Au bout d’un an de vie commune, et alors que les choses allaient déjà mal, je suis tombée enceinte. Lorsqu’il l’a appris, il m’a souhaité de perdre l’enfant. Quand notre fille est née, il ne voulait pas entendre parler d’elle et, de ce fait, ne l’a pas reconnue. Aujourd’hui, ma petite a 2 ans et demi. Elle m’a déjà demandé qui était son père. J’ai donc décidé de suivre une thérapie avec elle, auprès d’un psychologue. Celui-ci m’a conseillé de discuter avec elle, sans tabou. Je ne veux pas qu’elle souffre de l’absence d’une figure paternelle ou des stéréotypes qu’ont certaines personnes, des mamans qui éduquent seules leurs enfants. Même si j’ai gardé des traumatismes de ma liaison avec le papa de ma fille, je ne l’empêcherai pas de le voir, mais je veillerai à ce qu’il ne lui fasse pas de mal », conclut la jeune femme. Victimes de leur amour pour un homme qui fuit ses responsabilités de père, bien des femmes se retrouvent à élever seules leur enfant. Il faut alors réapprendre à vivre avec la culpabilité enfouie de ne pas avoir réussi à offrir l’image d’une vraie famille à leur bambin.
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