Le mois d’avril sonne le début du Ramadan mais aussi de la « saison des régimes » : le compte à rebours est donc lancé pour retrouver son « summer body ». Une coïncidence qui a donné des idées à certaines, à en croire les commentaires sur les réseaux sociaux ou sur les groupes de personnes en surpoids.
Si chaque année apporte son lot de nouveaux régimes à la mode, suivre le jeûne du Ramadan pourrait-il devenir la tendance insolite du printemps 2022 ?
Le grand remplacement des mille et un régimes à la mode
Plus de 80%. C’est le taux d’échec des régimes avec restrictions caloriques dans les études qui mesurent leurs effets sur la perte de poids à long terme.
Un argument utilisé par les adeptes du jeûne intermittent. Le secret serait d’abandonner les régimes, de manger ce que l’on veut mais uniquement pendant une courte période de la journée, le reste du temps étant réservé à une longue période de jeûne pour l’organisme.
Alors que le jeûne du Ramadan est de plus en plus médiatisé, des non-musulmanes l’utilisent comme prétexte et le détournent en « défi 30 jours / jeûne intermittent ». Côté célébrités, Ophélie Winter l’avait même testé, affirmant avoir perdu rapidement 6 kilos. Sur les réseaux sociaux, sur les groupes de personnes en surpoids et même sur les recherches Google (cf. aperçu ci-dessous), la tendance est clairement perceptible.
Un avis médical à suivre religieusement
« J’ai entendu des femmes, non musulmanes, se poser la question d’entreprendre le jeûne du Ramadan. Les études montrent de nombreux bienfaits du jeûne intermittent pour les personnes avec une corpulence normale ou un léger surpoids. En revanche, pour les personnes obèses ou avec des troubles alimentaires, les études sont beaucoup plus mitigées. De telles restrictions peuvent même provoquer des effets inverses à long terme. Mieux vaut consulter son médecin avant de se lancer. » avertit Maïwen Janovet.
La jeune femme est en première ligne pour observer ces nouvelles tendances, des plus sérieuses aux plus farfelues. Ancienne obèse (130 kg), elle a créé l’association des Obèses Anonymes, des groupes de parole qui s’inspirent de la méthode des Alcooliques Anonymes, privilégiant le soutien et l’accompagnement psychologique. Pour développer l’approche à plus grande échelle, elle a ensuite fondé l’application Fedmind (« un esprit nourri »). Élaborée avec un conseil scientifique et en partenariat avec des centres spécialisés sur l’obésité (CSO), la méthode en ligne propose aux personnes en surpoids ou obèses un accompagnement global, psychologique et une communauté bienveillante.
Un effet de groupe qui fonctionne à plein régime
Selon la jeune femme, il existe dans cette tendance du « Régimadan » un bénéfice dont tout le monde devrait grandement s’inspirer : le soutien et l’effet de groupe.
« Si vous avez des amies qui suivent aussi le jeûne du Ramadan, on sait grâce à la psychologie sociale que l’entraide et le collectif vont grandement vous aider à tenir vos engagements. » explique Maïwen Janovet.
A noter que de nombreux groupes de parole et d’entraide pour les personnes en surpoids ou obèses existent. Que ce soit en présentiel via l’association des Obèses Anonymes, en ligne avec l’application Fedmind ou sur les réseaux sociaux. En France, le CNAO (Collectif National des Associations d’Obèses) ou encore la Ligue contre l’Obésité sont également très actifs pour orienter vers des professionnels spécialisés.
« Au-delà de l’effet de groupe qu’apporte le Ramadan pour celles ou ceux qui veulent se lancer dans du jeûne intermittent, est-ce pour autant acceptable de détourner une pratique religieuse juste dans le but de maigrir ? C’est encore un autre et vaste débat. » s’interroge Maïwen Janovet.
En résumé, les chiffres clés de l’étude :
– 2 Français sur 3 considèrent que l’obésité est avant tout un manque de volonté.
– Plus d’1 Français sur 3 estiment que donner une visibilité plus juste aux personnes en surpoids (dans les médias, la publicité, les séries, le cinéma…), c’est aggraver l’obésité en la banalisant.
– 1 Français sur 5 pense que la grossophobie peut contribuer à faire perdre du poids aux obèses (car cela les motiverait à ne plus la subir).