Se relever d’une rupture amoureuse n’est jamais simple. Cela implique de passer par différentes étapes comme pour un deuil. Comment retrouver confiance en soi et en l’amour après une déception sentimentale ? Témoignages.
Sarra : « Il faut croire en soi, c’est important »
« Quand il a décidé de tout arrêter, ça a été un coup de tonnerre dans ma vie ! Mais on pourrait dire que c’était bien fait pour moi car cette relation amoureuse était adultérine. J’avais 38 ans, j’étais mariée avec 3 enfants de 12, 13 et 18 ans. On a vécu notre passion pendant 2 ans. Je l’ai connu lors d’un vol en direction de l’Algérie. Depuis lors, c’était comme si nous avions 16 ans. Certains diront que c’était la crise de la quarantaine. Mais non, j’en suis convaincue, nous étions vraiment amoureux. Au bout de 2 ans, il a eu des problèmes avec la justice. Pour lui, c’était un signe que notre relation était un péché et que Dieu le punissait pour cela. Pendant cette période, je l’ai soutenu. Une fois qu’il s’en est sorti, il m’a dit : « écoute, c’est fini entre nous, descends de la voiture. Tchao ! » J’étais déboussolée. Ensuite, on m’a expulsée de chez moi. Le loyer n’avait pas été payé pendant 2 ans, la période pendant laquelle j’étais avec lui. J’ai aussi perdu mon travail. Et j’ai divorcé. Grâce au soutien d’associations et à de petits contrats de travail, j’ai pu redevenir une citoyenne normale. Ça a été difficile, mais quand on veut, on peut. Avec le recul, je ne regrette pas cette relation. Même si elle m’a mise plus bas que terre, elle m’a rapprochée de mes enfants. J’ai développé des capacités incroyables pour me relever. Il faut croire en soi, c’est important ! »
Aurore, « je n’avais pas à vivre ce qu’on me faisait subir »
« Il y a 9 ans, j’ai vécu une rupture difficile. Battue, violée et humiliée pendant environ 2 ans, je n’arrivais pas à me défaire de cette personne que j’ai connue adolescente. Je n’avais plus aucune personnalité. J’ai perdu tous mes amis, j’ai pris 30 kg. Puis, j’ai trouvé du travail. Je me suis rapprochée d’une personne qui m’a prise sous son aile et m’a rappelé que je n’avais pas à vivre ce qu’on me faisait subir. Cela a fonctionné comme un électrochoc. Alors, je me suis séparée de la personne qui m’a persécutée encore pendant des mois : elle me suivait, postait ses amis devant mon appartement, hurlait des menaces dans ma rue. J’ai eu plusieurs fois envie de me suicider pour échapper à cet enfer, mais au fond de moi, j’avais toujours une voix qui me disait «non tu es forte, tu n’as pas le droit de faire ça». J’ai dû changer de voiture, déménager, changer mes habitudes et mes horaires de travail. J’ai aussi repris le sport, renoué avec mes amis, et gardé près de moi cette personne clé qui m’a aidée dans ma vie. Elle a été un pilier de ma métamorphose. Depuis, j’ai perdu 25 kg, j’ai refait ma vie avec une personne affectueuse et suis devenue maman d’une petite fille. »
Najat : « J’étais déterminée à partir et à laisser tout ce passé derrière moi »
« Pendant 10 ans, j’ai été une femme battue. J’ai vécu la misère, la seule issue pour moi était la mort. Avant d’avoir ma deuxième fille, née en 2014, nous avions décidé de nous séparer. Je l’avais pris en flagrant délit d’adultère. Puis monsieur a changé d’avis, il ne voulait plus divorcer. Pour lui, il m’aurait trompée parce qu’il n’était pas satisfait sexuellement. On s’est revus et je suis tombée enceinte de ma deuxième fille. Je ne voulais pas la garder, car c’était clair, je voulais divorcer. Il a réussi à me faire changer d’avis. On s’est remis ensemble mais il n’y a pas eu de changement. Pire, je me suis retrouvée plusieurs fois à l’hôpital à cause de sa violence extrême. En août 2017, de retour d’une semaine de vacances à Marrakech, il m’a annoncé qu’il était d’accord pour divorcer et me laisser les filles. Il avait rencontré une nouvelle femme deux semaines plus tôt. J’étais soulagée qu’il se trouve une autre proie. Mais, à partir de ce moment, j’ai vécu une descente aux enfers. J’ai perdu 10 kg, je me suis retrouvée sans travail, avec plus de 130 000 euros de dettes de crédits que monsieur avait contractés en mon nom et de loyers impayés. J’étais sous le coup d’une procédure d’expulsion. En 2018, j’ai commencé à travailler en intérim et, parallèlement, j’ai passé deux concours administratifs que j’ai réussis ! Je voyais enfin de la lumière apparaître au bout du tunnel. J’ai choisi de m’installer à Toulon. J’ai réglé mes dettes, déménagé avec mes deux filles, âgées de 8 et 4 ans. Depuis 3 ans, je suis heureuse et libre. Je n’ai plus de compte à rendre à cet homme et je n’ai plus peur de lui. Aujourd’hui, il est de nouveau divorcé et il est retourné vivre chez ses parents à 38 ans.
L’avis de Myriam Ezzahi, praticienne en psychothérapie, à Floirac
Que faire pour se remettre d’une rupture amoureuse ?
Tout dépend de chaque personne, de son investissement dans la relation et de la façon dont la rupture s’est produite. Il est important de comprendre ce qui nous a conduit à aimer l’autre et surtout savoir ce que représentait pour soi cette relation. Une rupture peut renvoyer à des émotions antérieures (rejet, abandon…) qui ouvrent des blessures. Elle peut être destructrice car elle ravive des ressentiments. Elle peut aussi être constructrice, car certaines personnes vont apprendre sur elles-mêmes malgré la douleur, voire opérer une véritable remise en question. Certaines personnes ne voudront pas renoncer à l’amour soi. Lors d’une rupture, certaines personnes sont malmenées par l’ancien partenaire : reproches, insultes, humiliations… S’estimer soi-même, c’est primordial. On peut y arriver seul, grâce à un entourage bienveillant, grâce au travail ou tout autre chose encore. Et il ne faut pas à tout prix rechercher l’amour, mais d’abord se reconstruire. Il n’y a pas de délai ni de solution miracle pour oublier une relation terminée. Il faut juste comprendre ce que l’on a espéré, ce que l’on a perdu dans cette relation et pourquoi elle s’est rompue. Il faut laisser le temps au temps tout en continuant à vivre. Et un beau jour, sans l’avoir forcément cherché, l’amour frappera une nouvelle fois à votre porte.