Sarah, bénévole au sein de l’ONG Secours Islamique France, nous fait partager son expérience : servir les plus démunis pendant ce mois de Ramadan. Interview.
L’action de votre association pendant ce mois de jeûne se limite-t-elle exclusivement aux Tables du Ramadan ?
Non, tous nos projets comme les maraudes, l’épicerie solidaire ou encore le centre d’accueil sont opérationnels toute l’année. Mais le Ramadan est une période qui implique des projets dits « saisonniers ». Nous en menons trois en tout : l’ouverture du restaurant solidaire « Tables du Ramadan », la distribution de colis dans les prisons de France, et sans oublier le partenariat avec d’autres associations pour des distributions de repas aux plus démunis dans plusieurs villes de France.
A quoi ressemble la journée type d’un bénévole pendant le Ramadan ?
Voici comment cela se passe du côté des Tables du Ramadan. Nous sommes entre 30 et 50 à être mobilisés chaque jour, sachant qu’on fonctionne sur un système de roulement. Dès le matin, direction la cuisine : nettoyage et préparation des repas. On épluche les légumes, on prépare un tajine, ou un couscous, des pâtes ou encore des pommes de terre avec de la viande. Tous les jours, nous réalisons un menu différent, le but étant de proposer des repas savoureux, mais surtout variés. L’après-midi, c’est le moment de dresser les 300 couverts. On met la table en plaçant des bouteilles d’eau et des boissons, sans oublier le lait et les dattes. Tayeb, l’un des responsables, supervise le tout et veille au bon déroulement des opérations. A 19h30, le premier service est lancé ! Grâce à un ticket, les personnes récupèrent un repas directement auprès de stands tenus par les bénévoles. C’est aussi un moment propice aux échanges où je peux en profiter pour discuter avec tous ceux qui se présentent.
Les bénévoles et les organisateurs mangent à la fin, quand tout le monde a été servi. Le premier service de 19h30 concerne principalement les non-jeûneurs vivant aux alentours de Saint-Denis. Le deuxième service se fait à l’heure du Ftour, rassemblant surtout des Musulmans. La réussite des projets de solidarité de l’association dépend des bénévoles, donc manger après n’est pas un problème ! La satisfaction qu’on ressent à aider les démunis est tellement plus savoureuse…
Quel est le profil des personnes que vous aidez ?
Il y a tellement de profils différents ! Sans-abris, travailleurs pauvres, mères célibataires, personnes âgées… Il s’agit de ceux qui vivent dans des conditions difficiles sur un plan matériel, alimentaire, ou social. Il y a également des gens qui souffrent de la solitude et viennent profiter d’un moment convivial pour être écoutés et échanger. C »est pour cela que pendant des services, les bénévoles se joignent à eux autour des tables pour discuter. Des familles se rassemblent aussi pour profiter de l’ambiance conviviale pendant que les enfants jouent entre eux. D »autres, viennent retrouver des amis pour partager un bon repas chaud ensemble.
En quelques chiffres, quels sont les objectifs de cette édition 2012 ?
Notre but est de dépasser les 500 repas quotidiens servis l »année dernière. Dès les premiers jours, nous étions à presque 400 ! Le bouche-à-oreille fonctionne très bien. Nous, en tant que bénévoles, remarquons l’affluence croissante cette année, surtout les week-ends.
Remarquez-vous plus de dons pendant le Ramadan ?
Le mois de Ramadan est un fort moment de dons, qu »il soit financier ou matériel (dons en nature pour le restaurant ou l’épicerie solidaire). Nous acceptons le Zakat al Fitr et le Zakat al Maal pour la réalisation de nos différents projets. Petite précision : le donateur choisi la destination de son don.
Et plus de bénévoles ?
Le Ramadan est le moment où les inscriptions augmentent ! En général, beaucoup de jeunes s’engagent. Ils viennent directement au restaurant pour aider en cuisine, dans l »organisation des repas, ou pour mettre à l’aise les personnes en discutant avec elles. Ils s’investissent à fond et sont toujours motivés et énergiques.
D’une année à l »autre, quelle est la tendance sur le nombre personnes dans le besoin ?
On constate une augmentation des demandes et des bénéficiaires, que ce soit à l »épicerie solidaire (où les personnes sont envoyées sur dossier par les services sociaux) ou au restaurant solidaire qui était plein dès le 2ème jour d »ouverture. C’est à cause de cette tendance à la hausse que nous avons ouvert en janvier dernier, un centre d’accueil de jour à Massy.