Découvrez le roman « Résistance » qui, sous le couvert de la dystopie, nous alerte sur la normalisation de l’islamophobie dans nos sociétés occidentales.
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Paru en France en octobre 2020 dans la collection BigBang de Bragelone, « Résistance » de Samira Ahmed est un roman dystopique qui se classe dans la catégorie jeune adulte. Il nous dépeint un monde où l’islamophobie d’état aurait franchie un pas effrayant.
On suit Layla Ami, 17 ans, déportée avec ses parents dans un camp de détention pour musulmans américains dans le désert de Californie. Avec des amis d’infortune et son petit ami, resté à l’extérieur, Layla va entamer un chemin de lutte pour la liberté.
Samira Ahmed s’inspire de faits réels et c’est, sans doute, ce qu’il y a de plus effrayant. Sous le gouvernement de Donald Trump, plus de 11 000 enfants se sont retrouvés dans des « centres d’accueil » alors que les parents sont détenus en prison pour avoir passé illégalement la frontière.
« Résistance » fait aussi tristement écho à l’actualité française et nous met face à notre propre complicité silencieuse devant le racisme ordinaire ou l’injustice de manière générale. Un roman à mettre entre toutes les mains !
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Extrait :
« Je tends l’oreille à l’affût d’un bruit de bottes sur le trottoir, d’un piétinement martial.
Rien. Seulement le chant familier des criquets, le passage de voitures lointaines, et un bruissement si ténu que je ne saurais dire si c’est le vent qui souffle ou si c’est moi – ma peur. Pourtant, partout, rien n’a changé : le gazon soigneusement tondu de Center Square, le kiosque à musique avec ses guirlandes lumineuses, le faisceau jaune des lampes sous les porches des maisons.
Au loin je distingue une colonne de fumée.
La ville entière – ou presque – s’est rendue à l’autodafé, alors je ne risque rien.
Enfin, pas grand-chose.
Je ne consulte même plus l’ancien calendrier ; je ne regarde plus les dates. Le temps s’est réduit à « avant » et à « maintenant ». Il ne reste plus que ce que nous étions et ce que nous sommes devenus.
Deux ans et demi depuis l’élection.
Deux ans depuis que les nazis ont déferlé sur Washington D.C.
Dix-huit mois depuis le décret présidentiel qui interdit aux musulmans d’entrer sur le sol américain.
Un an depuis que nos réponses sur le formulaire du recensement nous ont valu d’être indexés.
Neuf mois depuis le premier autodafé.
Six mois depuis l’entrée en vigueur de la loi d’exclusion religieuse.
Cinq mois depuis que le procureur général a décrété que l’affaire Korematsu vs. United States créait un précédent à la relocalisation des citoyens en temps de guerre. »
Trois mois depuis les premiers licenciements de fonctionnaires musulmans.
Deux mois depuis qu’un islamophobe virulent a été nommé secrétaire d’État à la guerre – un poste qui n’avait pas existé depuis la Seconde Guerre mondiale.
Un mois depuis que le Président des États-Unis a déclaré, au cours d’un discours télévisé à la Chambre des représentants, que « les musulmans constituaient une menace pour l’Amérique ».
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