Avec « La Camel », « Win rak tergoud », « Nouar », « C’est fini, j’en ai marre »… Des titres « phare » de Cheikha Remitti, elles enflamment les salles de concert.
Copyright photo : Victor Delfim
Tahya Cheikha Remitti
Comme à l’Institut du Monde arabe, à Paris, dans le cadre des Arabofolies, le 8 mars. Date symbolique. Souad Asla, Samira Brahmia, Cheikha Hadjla, Nawel Ben Kraïem se veulent les dignes héritières de Cheikha Remitti, la papesse du raï traditionnel, celui des origines rurales. Leur projet « Les héritières, hommage à Cheikha Remitti » est initié par Mouss, du groupe Zebda.
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Auteure copiée, parfois volée par de nombreux chebs, Cheikha Remitti était une femme libre, véritable monument de la culture algérienne. Une des premières femmes à chanter, comme les hommes, sur fond de gasba et de galal. Disparue en 2006, elle est une source d’inspiration pour de nombreuses chanteuses. A l’image de Cheikha Hadjla. Comme Remitti, elle est née dans la région de Sidi Bel-Abès. La boule d’énergie, à la voix puissante, appartient à une famille où le chant se transmet de mère en fille. « Je chante depuis toujours Remitti. Dès 19 ans, j’animais des mariages à Sidi Bel-Abès. Je suis fière de participer à ce projet. C’était une grande dame, paix à son âme. Elle a défendu la liberté des femmes. Elle chantait l’amour et la tristesse, comme personne. Ses paroles parlent à tout le monde, à toutes les générations. Elles font vibrer et danser même quand on ne comprend pas l’arabe. Sur scène, on les explique au public », souligne celle qui a enregistré par ailleurs le morceau Malek ya Zahri avec le groupe électronique Acid Arab.
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A ses côtés, sur scène, Souad Asla. Originaire du Sud algérien, elle s’est installée à Paris en 1992 pour y développer et pratiquer ses talents de comédienne, danseuse et chanteuse. En 1999, elle se rapproche de la légendaire Hasna El Becharia, maîtresse de cérémonie de transes gnawi, chanteuse et joueuse de guembri et de guitare électrique originaire de Béchar venue se réfugier en France. Autre héritière, Samira Brahmia est née en France sans jamais perdre le contact avec la terre algérienne de ses ancêtres. Musicienne précoce, elle chante tant le chaabi ou le raï, le jazz que la soul. Elle s’est distinguée dans de nombreux projets personnels ou collectifs comme Barbès Café ou Samira Brahmia & Friends, et s’est fait remarquée en participant à la saison 4 du programme télévisé « The Voice ».
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Sur scène, ces artistes interprètent des chansons de l’icône du raï ainsi que des titres de leur répertoire respectif. Dans une ambiance chaleureuse, ponctuée de you-you et d’épaules qui remuent, les quatre chanteuses servent leur musique de trans, qui permet d’« enlever le zhef », précise Cheikha Hajla et de revendiquer « la liberté d’être soi-même », scande Nawel Ben Kraïem, la benjamine du quartet. Née en Tunisie, cette dernière a rejoint la France à 16 ans. Auteure de ses propres textes, son expression conjugue le chant arabe, la chanson française, le folk, le hip-hop comme la comédie.
Le projet « Les héritières, hommage à CheikhaRemitti » part en tournée en France. Prochaines dates : le 25 mars à Gennevilliers (92) ; le 21 mai au Festival Musaïka à Mulhouse.